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DIS

question est disputable, on peut soutenir le pour & le contre.

DISPUTAILLERIE. s. f. Vaine dispute. Les disputailleries ne sont nullement propres à établir ni à conserver, parmi les Fidèles, l’amitié réciproque que Jésus-Christ nous a si souvent recommandée… Journ. Hist. Juin. 1717. C’est un terme bas & inusité. Le verbe disputailler, qui est dans Cotgrave, n’est guère plus en vogue.

☞ DISPUTE. s. f. Contestation occasionnée par la contrariété des opinions. Contentio. L’entêtement, joint au défaut d’attention à la juste valeur des termes, est ce qui prolonge ordinairement les disputes.

☞ Par un uqage vicieux, ce mot est souvent employé comme synonyme à querelle. Jurgium, rixa. Le mari & la femme ne doivent jamais avoir dispute ensemble. Ils ont eu dispute au jeu.

Dispute, dans les Collèges, est une contestation qu’ont les Ecoliers pour les places, pour les prix, ou pour leurs exercices. Concertatio, contentio, disputatio. Il se dit aussi des actions publiques qui se font dans les Ecoles pour agiter des questions. Ouvrir la dispute, assister aux disputes. On fait de longues disputes dans les Ecoles de Théologie, de Médecine, &c.

Dispute, signifie un combat d’esprit en matière de science, une controverse sur les dogmes de la Religion. Controversia, contentio, disputatio. Il n’y a rien qui serve davantage à donner diverses ouvertures pour trouver la vérité, que la dispute. Le mouvement d’un esprit qui s’occupe seul à l’examen de quelque matière, est d’ordinaire trop froid & trop languissant, il a besoin d’une certaine chaleur, qui réveille ses idées ; & c’est par les oppositions de la dispute, que l’on découvre où consiste la difficulté ; ce qui donne lieu de faire effort pour la vaincre. Port R. Les disputes ont fait les schismes. Mont. Il faut courir après la raison, & chercher la vérité par les doutes & par la dispute. Balz. L’ardeur de vos disputes insensées est devenue le plus dangereux de vos maux. Flech. Les zélés ne peuvent se résoudre à attendre le succès lent & douteux des raisonnemens, des disputes. Saurin. On cherche moins la vérité dans la dispute, qu’à triompher de son adversaire. Claud.

On dit, en proverbe, qu’une dispute est fondée sur la pointe d’une éguille ; pour dire, qu’elle est faite pour une chose de rien, qui n’en vaut pas la peine.

DISPUTER. v. a. Contester, entrer en concurrence, pour gagner ou pour conserver quelque avantage. De re aliqua contendere, conceptare, decertare, disceptare. Personne ne dispute à cette femme le prix de la beauté. Vous ne prétendez pas lui disputer la couronne. Ablanc. Ces deux armées ont disputé long-temps la victoire. En ce siège on a bien disputé le terrein. On lui a disputé sa qualité, sa naissance, son état. Disputer un poste, se dit, en termes de guerre. Disputer une chaire de Droit, de Médecine, c’est faire les exercices marqués, subir les épreuves par où doivent passer ceux qui prétendent obtenir cette chaire.

Je ne veux, belle Iris, que disputer à tous
L’honneur de soupirer & de mourir pour vous.

La Suze.

Disputer son bien, sa vie, son honneur, &c. les défendre autant bien qu’il se peut. Disputer un honneur. Honorem certare. Et, figurément, disputer le terrein, se défendre de son mieux, dans quelque contestation que ce soit.

Disputer, dans le sens neutre, signifie avoir contestation avec quelqu’un. Rixari. Ils disputent perpétuellement ensemble. Le mari & la femme ne font que disputer.

Disputer. v. n. Se dit en choses spirituelles & morales, & signifie, Contester sur un point de science, ou de doctrine, défrendre une opinion. Concertare, disputare, contendere. Les Théologiens ont, de tout temps, disputé entr’eux sur les questions de la grâce. En soutenant votre opinion, que ce soit avec un certain tempérament, qui mette celui qui dispute contre vous en état de vous céder sans chagrin. La passion de disputer gâte beaucoup l’esprit. En disputant on entre en inimitié ; premièrement, contre les raisons, & puis contre les personnes : nous n’apprenons à disputer, que pour contredire, &, chacun se contredisant, & étant contredit, il arrive souvent que le fruit de la dispute est d’anéantir la vérité. Port-R. La douceur, dans la dispute, est un secret désir de vaincre ceux contre qui nous disputons. M. Esp. On dispute aujourd’hui en Sorbonne ; pour dire, on y soutient quelque Thèse.

☞ On dit que deux femmes disputent de beauté, que deux hommes disputent de mérite, de noblesse, &c. pour dire que ces choses-là paroissent tellement égales entre ces personnes, que l’on ne sait laquelle l’emporte. Disputer de beauté avec les Déesses. Certare Deabus formâ. Disputer d’honnêtetés, de civilités. Officiis certare inter se.

☞ On dit aussi, le disputer à quelqu’un en valeur, en mérite, &c. pour dire, l’égaler.

On dit, proverbialement, Disputer de la Chape à l’Evêque, pour dire, disputer pour quelque chose qui n’est, & ne peut être à aucun de ceux qui disputent. On dit, disputer sur la pointe d’une éguille ; pour dire, Disputer pour des choses de rien, disputer pour des choses légères. Acad. F.

DISPUTÉ, ée. part. Ce Bénéfice a été bien disputé, bien contesté, il a été le sujet d’un grand procès. Cette demi-lune nous a été long-temps disputée, mais enfin nous en sommes demeurés maîtres.

Disputé Triomphant. Terme de Fleuriste. Nom d’un Œillet. C’est un violet, assez fin, sur un beau blanc. Sa fleur n’est pas large. Morin.

DISPUTEUR. s. m. Qui a coutume de disputer, qui aime à disputer. Disputator, rixosus. Il ne faut pas jouer contre ces disputeurs continuels. Je ne puis souffrir ces violens disputeurs qui se jettent d’abord dans la dernière extrémité, soit du blâme, soit de la louange. Balz.

DISQUE. s. m. Terme d’Antiquaire. Espèce de palet, ou instrument de pierre, de plomb, ou d’autre métal, large d’un pied, que les Anciens jetoient pour marquer leur force ou leur adresse. Discus. Le Disque des Anciens étoit plat & rond, & de la figure que le soleil semble avoir. Le jeu du disque étoit un de ceux qui se pratiquoient chez les Grecs dans les solennités des jeux publics. Il consistoit à jeter un disque ou en haut, ou en long, &, celui qui le jetoit ou plus haut, ou plus loin, remportoit le prix. Ceux qui s’exerçoient à ce jeu, s’appeloient Discoboles. Discoboli, c’est-à-dire, jeteurs, lanceurs de disque. Hyacinthe, favori d’Apollon, jouant au disque avec ce Dieu, fut tué d’un coup du disque de ce Dieu, que Zéphire, son rival, détourna & poussa sur la tête d’Hyacinthe. On lançoit le disque par le moyen d’une corde faite de cheveux, à ce qu’il paroît par Claudien. L. II in Eutr. Carm. 20. v. 359. & suiv. Ovide décrit ce jeu. Metam. L. X. v. 175. Les Romains apprirent ce jeu des Grecs, & en usèrent aussi. Dempster, Paralip. in Joan. Rosini. Antiq. Rom. L. V. c. 2. & Pet. Faber. Agonisticon, L. II. c. 1, Traitent du jeu du disque.

☞ C’étoit aussi un bouclier rond, consacré, destiné pour représenter une action mémorable de quelque Héros de l’Antiquité, & pour en conserver la mémoire dans un Temple des Dieux, où il devoit être suspendu. Antiq. Rom.

Disque. Terme d’Astronomie. Discus. C’est le corps du soleil, ou de la lune, tel qu’il paroît à nos yeux. On a observé quelquefois Mercure dans le disque du soleil. Il n’y a eu que la moitié du disque de la lune qui soit entrée dans l’ombre de la terre en une telle éclipse. Le disque se divise en douze parties, qu’on appelle doigts ; & c’est par-là qu’on mesure la grandeur d’une éclipse, qu’on dit être de tant