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DIS

αὐτόχθονες. Quelques-uns croient que Dis étoit Samothès, quatrième fils de Japhet ; mais ils ne le disent que sur l’autorité de Bérose.

DISAIN. Voyez DIZAIN.

DISARES. Voyez DYSARES.

☞ DISART, ou DYSERT. Petite Ville d’Ecosse, dans la partie occidentale de la Province de Fise, sur l’Océan.

☞ DISCALE. s. m. Terme de Commerce. Déchet du poids d’une marchandise qui se vend au poids. Acad. Fr. Le discale d’une botte de soie, se fait par l’évaporation de l’humidité qui y est contenue.

DISCEPTATION. s. f. Terme Scholastique, qui se dit des disputes qui se font de vive voix, ou par écrit, sur une questioon qu’on entreprend de discuter, & d’examiner. Disceptatio. Il n’est pas d’usage.

☞ DISCERNEMENT. s. m. Dans le sens propre, c’est la distinction qu’on fait des choses, qui empêche de les confondre. Distinctio, discrimen. Faire le discernement des couleurs. Le discernement du boire & du manger. Judicium cibi & potionis. Au figure, c’est la faculté de les bien distinguer. Esprit de discernement. Avoir du discernement. Dijudicacio, discretio. Dieu n’a pas donné à tous les hommes un esprit de discernement. Le discernement de la vérité est souvent très-difficile. La raison toute seule, est un guide peu sûr dans le discernement des Livres sacrés. S. Evr. Un discernement juste & exquis appartient plus au bon sens qu’au bel esprit. Bouh. La prudence ne veut pas que l’on fasse un usage indiscret de son discernement, ni que l’on se précipite à porter des jugemens, qui, pour être justes, ne laissent pas de trouver des esprits mal disposés. S. Réal. Plus on a le discernement exquis, plus on se fait honneur d’être indulgent. Ch. de Mer. Le véritable bel esprit consiste dans un discernement juste & délicat. Bouh. Rien ne trouble plus le repos de la vie que les amis, si nous n’avons pas assez de discernement pour les bien choisir. S. Evr. L’amitié nous laisse assez de tranquillité pour faire un discernement juste. J’aimerois mieux des injures, que les louanges triviales que certaines gens prostituent à tous venans, sans discernement & sans choix. Bell.

☞ Le discernement, dit M. l’Abbé Girard, regarde non-seulement la chose, mais encore ses apparences, pour ne la pas confondre avec d’autres ; c’est une connoissance qui distingue. Le jugement regarde la chose considérée en elle-même, pour en pénétrer le vrai. C’est une connoissance qui prononce. Le premier n’a pour objet que ce qu’il y a à savoir, & se borne aux choses présentes ; il en démêle le vrai & le faux, les perfections & les défauts, les motifs & les prétextes. Le second s’attache encore à ce qu’il y a à faire, & pousse ses lumières jusque dans l’avenir ; il sent le rapport & la conséquence des choses, en prévoit les suites & les effets.

On peut ajouter que le discernement est éclairé, qu’il rend les idées justes, & empêche qu’on ne se trompe en donnant dans le faux ou dans le mauvais ; & que le jugement est sage, qu’il rend la conduite prudente, & empêche qu’on ne s’égare en donnant dans le travers ou dans le ridicule. Voyez Jugement.

☞ Lorsqu’il est question de choisir, ou de juger de la bonté & de la beauté des objets, il faut s’en rapporter aux gens qui ont du discernement. Les Arts & les Sciences veulent du discernement ; il est plus ou moins délicat, selon la finesse de l’esprit & l’étendue des connoissances. Qui n’a point de discernement est une bête.

Discernement, en Logique, est la vue d’une idée considérée en elle-même, ou dans ce qu’elle est par rapport à une autre idée, avec laquelle on peut la comparer. La perception d’une idée dans toute son étendue, est ce qu’on appelle discernement direct. Tous les hommes savent discerner leurs idées de ce discernement direct. Car, avoir une idée & la discerner, ou la voir dans toute son étendue, sont termes synonymes.

☞ La vue d’une idée considérée dans ce qu’elle est par rapport à une autre idée, est ce qu’on appelle discernement réfléchi, qui est souvent joint au discernement direct, & c’est une vue que nous portons en même-temps sur une autre idée qui nous fait dire que cette première idée, est ou n’est pas la même qu’une autre idée. Le discernement réfléchi, est proprement le jugement. Très peu de gens savent discerner leurs idées de ce dernier discernement.

DISCERNER, v. act. Appercevoir directement une idée, qui n’est pas une autre idée, une chose qui n’est pas une autre chose. Discernere, dignoscere, internoscere. La nuit étoit si obscure, que je ne pus discerner les objets. C’est un secours merveilleux que le microscope pour discerner les plus petites parties des objets.

Discerner, signifie aussi, distinguer, faire la différence d’une chose d’avec une autre. La faiblesse de la raison humaine empêche souvent de discerner, de séparer le vrai d’avec le faux, le bon d’avec le mauvais. Discerner le bien d’avec le mal. Ablanc. Discerner l’erreur Pasc. L’homme n’a été honoré de la faculté de juger & de discerner, que pour en faire usage dans la société. S. Evr. L’Écriture nous avertit d’éprouver toutes choses, de discerner, & de choisir ce qui est bon. Id. Peu de gens sont touchés des qualités de l’esprit, & presque tous même sont incapables de les discerner. Nic.

Discerner entre. Les Théologiens qui écrivent en François, usent souvent de cette manière de parler, ou pour mieux dire, ils en usent toujours. Ainsi, l’Abbé le Rouge, dans son Traité Dogmatique des faux Miracles, dit : Nos adversaires ne pouent donner, comme nous, de règles sûres pour discerner entre les vrais & les faux miracles… Son autorité (de l’Eglise) seroit ici d’un grand secours pour discerner entre les vrais & les faux miracles, & en cent autres endroits de même. Cette façon de parler est prise du Latin de l’Ecole, qui dit, discernere inter vera & falsa miracula. Elle n’en est pas meilleure : c’est en Latin & en François un barbarisme & une construction vicieuse. Il faut dire, en Latin, Discernere vera & falsa miracula, ou bien : Vera miracula a falsis discernere : &, en François, Discerner les vrais miracles des faux, ou d’avec les faux. Tel est l’usage, & c’est ainsi que parlent tous les gens qui parlent bien.

Discerné, ée. part.

DISCIPLE. s. m. Discipulus. Celui qui prend les leçons d’un maître en lisant ses ouvrages, ou qui s’attache à ses sentimens. D’Alembert. Il ne se dit que des sciences & des arts libéraux. A l’égard des mécaniques, on se sert du moi Apprentif. Aristote étoit un des Disciples de Platon. S. Chrysostôme fut Disciple de Libanius, qui étoit un fameux Sophiste. Maucroix.

☞ Le mot d’Ecole, dit Voltaire, est du style familier ; mais quand il s’agit du Disciple d’un grand homme (il est question d’Annibal,) ces mots Disciple, Ecole, &c. acquièrent de la grandeur. Voyez encore Écolier, Éleve.

☞ On appelle Disciples de Platon, d’Aristote, d’Epicure, les Philosophes qui suivent leur doctrine. Disciples de Saint Augustin, de Saint Thomas, les Théologiens qui suivent la doctrine de Saint Augustin, de Saint Thomas.

Disciple est aussi s. f. Et se dit des femmes. Discipula. Quelques Disciples de la B. Angeline fondèrent de nouveaux Monastères en plusieurs Provinces. P. Helyot, T. VIII, p. 298.

En termes de l’Écriture, on appelle Disciples de Jésus-Christ, les Apôtres & autres personnes qu’on met au nombre de 72, qui s’étoient attachés particulièrement à lui & à sa prédication. Discipuli. S. Jean étoit le Disciple bien-aimé de son Maître. Saint Jean-Baptiste avoit aussi ses Disciples. En parlant de ceux de Jésus-Christ, nous disons souvent, Les Disciples absolument, & sans rien ajouter. Les Dis-