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DIP DIR

une chose qui se plie en deux. Ceci est pris de l’Etymologiste Grec. Ainsi diptyque étoit un livre plié en deux feuillets. Il y en avoit de pliés en trois, en quatre & en cinq. On leur donnoit ce nom, selon que je le conjecture, à la différence des livres qui se rouloient, & qui s’appeloient Volumina. Le faux Denis Aréopagite, les appelle ἱεραι πτυχαι ; mais les Evêques d’Egypte, dans leur lettre à Anatolius P. C. contre Timothée intrus dans la Chaire d’Alexandrie, laquelle se trouve dans la III. P. du Concile de Chalcédoine, le VIe Concile Act. XIII. Théodoret, Hist. Eccl. L. V. C. 55. La Liturgie de S. Jean Chrysostôme, & plusieurs autres Grecs & Latins cités par Rosweyd, les nomment diptyques.

DIPYRENON. s. m. C’est une sonde qui a deux boutons à son extrémité. Galien & Cœlius Aurelianus en font mention ; celui-ci Morb. acut. L. III. cap. 3. διπύρηνον, de δις, double, & de πυρὴν, proprement une baie, ou une amande, ou l’extrémité d’une sonde qui ressemble a une baie.

DIR.

DIRCÉE. s. f. Femme de Lycus, Roi de Thèbes, qui fut attachée à la queue d’un taureau indompté, & périt ainsi misérablement.

DIRCHAU. Voyez DIRSCHOW.

DIRE. v. a. Je dis, tu dis, il dit ; Nous disons, vous dites, ils disent ; Je disois, j’ai dit, je dis, je dirai. Que je dise. Je dirois. Que je disse. Dis, dites. Disant. Faire connoître, exprimer sa pensée aux autres par le moyen de la parole. Dicere, loqui. Un habile homme ne dit pas tout ce qu’il pense. On n’a plus rien à dire à une femme, dès qu’il est permis de lui dire tout. Vill. Il est bon de dire peu, & de laisser beaucoup penser. Ch. de Mer. Il y a des gens qui ne disent jamais rien, pour trop penser à ce qu’ils veulent dire. Bouh. Il a dit de vous tous les biens du monde ; il en a dit pis que pendre. Je vous le dis une fois pour toutes.

Il faut toujours écrire je dis au présent de l’Indicatif, & non pas je dy. Corn. Et à l’Impératif di, ou dis, quand il est suivi du relatif en, dis-en ce que tu voudras. Vaug. Corn.

Il m’a dit d’aller est une construction vicieuse. Il faut dire, il m’a dit que j’allasse. Je crois pourtant que, dans la conversation on peut user de ce Gasconisme. Mille gens parlent de la sorte dans le discours familier qui abrège tout. Bouh. On peut même assurer que, depuis que le P. Bouhours écrivoit ceci, ce Gasconisme s’est si fort accrédité, qu’aujourd’hui il est plus en usage que l’autre construction. Ceux qui écrivent bien, sont persuadés que, quoi qu’on die, n’est bon qu’en vers, & qu’il faut écrire en prose, quoi qu’on dise. Corn. Il faut même toujours en prose écrire & prononcer dise, & jamais die, ni avec quoique, ni dans aucune autre phrase ; quoique M. de Meziriac, qui étoit de l’Académie Françoise, ait dit dans son discours sur la traduction. Encore que le texte Grec die clairement que Numa, &c. Tout le monde parloit alors ainsi ; mais cela ne se dit où point aujourd’hui. Mais en vers, die se souffriroit encore. C’est toujours une licence qu’on ne se permet que pour la rime.

Colas est mort de maladie,
Tu veux que j’en pleure le sort.
Que Diable veux-tu que je die ?
Colas vivoit, Colas est mort. Gombaud.

Dire, signifie quelquefois réciter : dire ses prières, son chapelet, sa leçon, son bréviaire. On dit en conversation, à la fin d’un discours, j’ai dit, dixi. En poësie, à la fin du discours d’un personnage, on met, il dit, pour dire, il parle ainsi, après avoir ainsi parlé.

Dire la Messe, la célébrer.

☞ En poësie, dire est synonyme de chanter, raconter. Dicere, canere. Je dirai les exploits, &c.

☞ Dire des douceurs à une femme, lui parler d’une manière flatteuse, la louer sur son mérite, sur sa beauté, ses agiémens. Blandiri, palpari Mulieri.

On se sert absolument de cette phrase, On dit, pour expliquer l’usage ordinaire des mots de la Langue. Dicitur, usurpatur. Ainsi le Dictionnaire est tout plein de ces mots, On dit. Ce même terme sert aussi à expliquer un bruit commun & incertain. Fertur, dicitur. On dit qu’un tel a fait banqueroute. M. Vaugelas croit que ce mot est un abrégé de l’homme dit. Voyez On. Les citations se font souvent ainsi, L’Orateur Romain dit, l’Espagnol dit, &c.

Dire se dit, figurément, du geste, des regards, des actions, &c. Expliquer, faire connoître ses sentimens par ses gestes, par ses regards, &c. Mes soins & mes regards vous disent depuis long-temps que je vous aime. Voit. Sa constance, son trouble, son silence, tout dit qu’il est coupable.

Mes yeux & mes soupirs vous l’ont dit mille fois.
Et pour mieux m’expliquer j’emploie ici ma voix.

Moliere.

Tous deux brûloient sans oser se le dire.
Ou s’ils se le disoient, ce n’étoit que des yeux.

La Font.

Mes yeux & mes soupirs vous diront mieux le reste.

Corneille.

☞ On dit, figurément, qu’une chose ne dit rien, pour dire qu’elle ne signifie rien, qu’elle ne sert de rien dans la place où elle est. Ces ornemens dans ce tableau ne disent rien, sont déplacés, sont inutiles. Ses yeux sont beaux, mais ils ne disent rien, ne sont pas animés.

☞ Pour marquer qu’on avoit quelque pressentiment d’une chose, on dit, mon cœur me l’avoit dit : &, pour savoir si quelqu’un a envie de faire une chose, nous demandons, dans le style vulgaire, si le cœur lui en dit. Nous ferons un tour de promenade, si le cœur vous en dit. Il s’emploie encore, figurément, dans la signification de signifier. Vous êtes rêveur, distrait, cela veut dire que vous aimez. C’est-à-dire, qu’est-ce à dire ? C’est comme si l’on disoit, cela signifie ; qu’est-ce que cela signifie ?

Dire, signifie quelquefois, Offrir. Offerre. On vous montre de belles étoffes, vous n’en dites rien, pour dire, vous n’en offrez rien : dites-en au moins quelque chose, dites-en un mot raisonnable.

Dire, signifie quelquefois, Juger. Dicere, judicare, judicium ferre. Ces deux portraits se ressemblent tellement, qu’on ne sait qu’en dire. Les affaires sont tellement brouillées, qu’on ne sait qu’en dire, qu’en juger. En termes de Palais, on met dans tous les jugemens, Il est dit, Dit a été, Nous disons.

Dire, signifie quelquefois, Avertir. Monere, admonere. J’ai bien voulu vous dire qu’il faut prendre garde à vous. Il vaut quelquefois mieux dire aux gens ce que l’on pense d’eux, que de le dire à d’autres qui en font un mauvais usage. Nic.

Dire, se prend quelquefois pour prédire. Prædicere, vaticinari.

Dire à quelqu’un sa bonne aventure, c’est prédire à quelqu’un ce qui lui doit arriver.

☞ Trouver à dire, trouver qu’une chose manque, trouver de manque. Votre calcul n’est pas juste, j’y trouve un écu à dire. Et de même, en parlant des personnes. Il s’en trouva plus de soixante à dire. Abl. On trouve dix ou douze voix à dire. On vous a trouvé à dire dans cette compagnie. Desiderare.

☞ Est-ce parler exacrement, que de dire, avec l’Acad. trouver à dire, dans la signification de trouver à reprendre ? Doit-on dire, que trouvez-vous à dire à cette action-là, pour dire, qu’y trouvez-vous à reprendre, à blâmer ? Trouver de manque, c’est