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COR — COS

tendre de récompense. Operosus labor. Trouvez-vous que les femmes perdent beaucoup, à n’être point appelées à ces corvées brillantes qui rendent les hommes si célèbres ? Com. Le plaisir qui se présente dans un ordre si égal lasse aisément ; il devient comme une corvée. Le C. de M. J’ai du plaisir de la corvée qu’il vous a fait faire. Balz. Vous m’avez obligé de me relever d’une si fâcheuse corvée. Mait. Je vous donne de grandes corvées ; mais quiconque m’aime, ne le sauroit éviter. Id.

Corvée s’employe aussi en cette phrase. On diroit qu’il fait corvée ; pour dire, il fait cela avec répugnance, parce qu’il n’en tirera aucun profit.

CORVETTE, s. f. terme de marine. Bâtiment de mer. C’est une espèce de barque longue qui n’a qu’un mât & un petit trinquet ou mât d’avant. Elle va à voiles & à rames. On s’en sert dans les armées navales pour aller à la découverte, & pour porter des nouvelles & des ordres, parce qu’elle est très-vîte. La corvette publique a apporté 30 passagers. Tout ce qui est au dessous de vingt canons est corvette en France, & peut avoir 18, 16, 14, 12, 10, 8, 6, canons, & ces corvettesont au moins deux mâts, le grand & celui de misaine. La corvette est la même chose que le Sloop de guerre des Anglois. Ils s’en servent comme de frégates légères.

CORUNNA DELCONDE, village d’Espagne. Cluna, dans la Castille vieille, sur le Douro près d’Arande. C’étoit autrefois une ville considerable, & le lieu des Assemblées de la Tarragonoise.

CORUSCATION, s. f. ☞ éclat de lumière. Vieux mot, du latin coruscation, coruscare.

CORUNA ou CORUDNA. Voyez Corogne.

CORWEY. Voyez Corbie la vieille.

CORYBANTE. s. m. Corybas. Nom des Prêtres de Cybèle, qui sautoient & dansoient au son des flûtes & des tambours. Catulle dans un poème, intitulé Atys, en fait une belle description, les représentant comme des furieux. Maximus Tyrius, Oraison 22e, dit que ceux qui sont poussés de la fureur des Corybantes, aussitôt qu’ils entendent le son d’une flûte, sont saisis d’enthousiasme, & perdent l’usage de la raison. Les Grecs se servent du mot κορυβαντιᾶ corybantyser ; pour dire, être transporté, être possédé du Démon. Quelques Auteurs disent que les Corybantes étoient tous Eunuques ; & c’est pour cela que Catulle, dans son poème d’Atys, parlant d’eux, use toujours de relatifs & d’épithetes féminines : Corybante est la même chose que Curète. Voyez Curète.

Diodore de Sicile, L. V, dit que Corybas, fils de Jasion & de Cybèle, passant en Phrygie avec son oncle Dardanus, y institua le culte de la mere des Dieux, & donna son nom aux Corybantes, qui sont les Prêtres de la même Déesse. Strabon rapporte, L. X, que quelques-uns disent que les Corybantes sont enfans de Jupiter & de Calliope, & les mêmes que les Cabires. Le mot Corybantes vient, disent d’autres, de ce que ces Prêtres marchoient en dansant, quod κορύπτυντες βαινοιειν Voss. De Idolol. L. II, C. 53.

CORYBANTIASME. s. m. nom que les anciens donnoient à une maladie. Coribantiasmus. C’étoit une espèce de phrénésie. Ceux qui en étoient attaqués, s’imaginoient avoir toujours des phantômes devant les yeux. Ils avoient des tintemens & des siflemens continuels dans les oreilles. Ils ne dormoient point, ou si quelquefois ils dormoient, c’étoit toujours les yeux ouverts. On les nommoit du nom des Corybantes, qui passoient pour ne point dormir. On prétendoit aussi que ces Frénétiques avoient été frappés de terreur par ces Prêtres de Cybèle. Voyez Saumaise sur Solin.

CORYBANTIER, v. n. mot dont Rabelais s’est servi pour dire, dormir les yeux ouverts.

CORYBANTIQUES. adj. pl. m. On appeloit ainsi quelquefois les mystères de Cybèle célébrés par les Corybantes.

CORYCIDES ou CORYCIES. s. f. p,. Nymphes qui habitoient près du Mont Parnasse. Leur nom est pris d’une caverne de cette montagne appelée Coryce.

CORYDALIS, s. m. plante qui est une espèce de fumeterre, & qu’on appelle en Esclavonie split. En latin corydalis, ou fumaria lutea. Voyez Fumeterre.

CORYMBES. f. pl. têtes ou sommités en forme de petits bouquets de grains de lierre, qui viennent au haut de quelques plantes. M. Bernard, dans ses Nouvelles de la République des Lettres de Mars 1689, art. 1, dit que l’hyssope des Anciens n’a aucun rapport avec le nôtre d’aujourd’hui, & que l’ancien hyssope avoit des corymbes, au lieuu que le nôtre n’a que des épics.

☞ CORYMBIFÈRES (Plantes), terme de Botanique. Corymbosæ plantæ, sont celles qui portent quantité de fleurs ou de fruits rassemblés en bouquets, comme la mille-feuille

CORYPHÉE f m. terme dont on se sert quelquefois dans l’Ecole, pour signifier le chef & le principal d’une compagnie, d’une communauté, d’une doctrine, d’une Secte. Coryphæus. Ainsi Zénon a été appelé le Coryphée des Stoïciens par Cicéron. Dans l’ancienne tragédie, le chef de la troupe qui composoit le chœur, s’appeloit le Coryphée. C’étoit lui qui parloit par tout, quand le chœur se mêloit à l’action pendant le cours des actes, pour parler, & pour faire les fonctions d’un personnage de la pièce. On a étendu depuis la signification de Coryphée au chef d’un parti ou d’un corps. Eustache d’Antioche est appelé le Coryphée du Concile de Nicée, comme étant à la tête des autres. Herman. Il vient d’un mot grec, qui signifie le sommet de la tête.

CORYZA. s. m. Gravedo. Fluxions d’humeurs séreuses & âcres sur les narines. Coryza est un mot grec que les latins & les françois ont retenu ; κόρυζα. Il signifie une distillation d’humeur crue de la tête sur les narines. Cette maladie est accompagnée a une douleur de tête très-pesante, ce qui fait qu’on l’appelle en latin Gravedo. Col de Vill.

COS.

COS, ou cous ou COUX. s. m. terme de Coutumes. Ce mot est hors d’usage, il signifie la même chose que cocu, c’est-à-dire celui qui nourrit les enfans d’un autre comme les siens, parce que sa femme n’a pas été fidelle. Cucuciatus, de cucutiare, terme de la basse latinité, qui veut dire, commettre un adultère.

Suis-je mis dans la confrerie
Saint Arnoul le Seigneur des Coux ? R. de la. Rose.

COS, ou COSSE, terme de relations. C’est une mesure de chemin dont on se sert par toutes les Indes, qui vaut une demi-lieue de France.

☞ Il y a une pierre appelée cos ou queux, cos, autrement pierre naxienne. Elle est jaunâtre, quelquefois verte, blanche ou noire. Elle a le grain fin, & est assez dure, quoique composée de deux couches, pour résister aux outils de fer & d’acier qu’elle aiguise. On les frotte les unes d’huile, les autres d’eau, quelquefois de salive, d’où elles ont pris le nom d’Oleariæ, aquariæ & salivariæ.

COSAQUE. s. m. & f. nom du peuple. Cosacus, Ce nom, qui vient de cosa qui signifie une chèvre en polonois, fut donné d’abord à un ramas de Russes hardis & prompts, qui tous les ans au printemps quittoient leurs maisons, leurs femmes & leurs enfans, & s’assembloient dans les Îles qui sont à l’embouchure du Boristhène, au dessous de Porowis, ou sauts de ce fleuve, d’où vient qu’on les nomma aussi Zaporouski, on Zaporaviens, & Cosaques, à cause de leur agilité. De ces Îles qui