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BRI — BRO

Idol. Liv. I, ch. 17, où il réfute Diodore qui nie ce fait, & Liv. II, ch. 25.

Ce mot est de l’ancien langage de Créte, dans lequel Brito signifioit doux, & Martis Vierge ; Britomartis, douce Vierge, comme nous l’apprend Solin, ch. 17.

BRITTINIEN. s. m. Nom d’une Congrégation de Religieux Hermites en Italie, & sur-tout dans la Marche d’Ancône. Brittinianus. Ils sont ainsi appelés dans une Bulle d’Alexandre IV, du 22 Février 1256. Cette Congrégation avoit commencé sous le Pontificat de Grégoire IX, qui leur avoit donné la règle de saint Augustin. Ils avoient établi leur première demeure dans un lieu solitaire, appelé Brittini, dans la Marche d’Ancône, d’où on les appela Brittiniens. Ils étoient très-austères, ne mangeoient jamais de viande, jeûnoient depuis la fête de l’Exaltation de la sainte Croix jusqu’à Pâques, & dans les autres temps, tous les mercredis, vendredis & samedis, outre les jeûnes ordonnés par l’Eglise. Ils ne mangeoient du fromage & des œufs que trois fois la semaine, & s’en abstenoient pendant l’Avent, qu’ils commençoient à la S. Martin, & pendant le Carême, auquel temps il n’étoit pas même permis d’en manger dans les lieux où la coutume étoit d’en manger. Herrera & quelques autres Ecrivains croient qu’ils n’étoient pas d’abord différens des Jeans Bonites. Ils furent ce ceux qui réunis par l’autorité du Pape Alexandre IV, formerent l’Ordre des Ermites de saint Augustin.

BRIVAUD. s. m. Nom d’homme. Berechtvaldus, ou Brithvaldus. Béde, en son Hist. d’Angl. Liv. V, ch. 9, dit que S. Brivaud étant Abbé de Raculf succéda à Théodore en l’Archevêché de Cantorbie, qu’il fut élu le 1 Juillet 692, sacré l’année d’après, le Dimanche 29e Juin, & installé le Dimanche 31 Août, & qu’après 37 ans 6 mois & 14 jours d’épiscopat, il mourut le 9 Janvier. Chast.

BRIVE. Ville de France dans le Bas-Limousin. Brivas, Brivatensis vicus, ou pagus, Briva Curretia. Parce-qu’elle est sur la Coureze. On la surnomme Brive la Gaillarde, à cause de la beauté de sa situation. Brive la Gaillarde est ancienne, & Grégoire de Tours en fait mention.

Brive ; Briva, est un ancien mot celtique, qui s’est dit aussi-bien que briga, pour signifier une ville. Les Thraces disoient bria, au rapport de Strabon, Liv. VII. On a dit aussi brica. On sait que le g & l’v se changent souvent l’un dans l’autre, Galli, Walli, &c. Briva en celtique a aussi signifié Pont ; c’est de-là que tant de villes situées sur des rivières ont été appelées briva, ou briga. Langobriga sur le Douro, Samobriga dans César, & Sambriva dans l’Itinéraire d’Antonin ; Augusto-briga sur le Tage ; Briva Isaræ, Pontoise ; de même Briva Curretia, ou Curretii, Brive sur Courreze, &c. Voyez Cluvier, Germ. Ant. L, I, cap. 7, p. 62, & suiv. Ce mot a eu la même signification chez les anciens Bretons ; Cambden le conjecture, p. 296, du nom Durobriva, qu’il croit signifier aquæ trajectus.

☞ BRIVIO. Petite ville d’Italie dans le Duché de Milan sur l’Adda, entre Como & Bergame.

☞ BRIXEN & Bressenon. Briximo, Brixina, & Brixinum. Ville d’Allemagne, dans le Tirol, avec un Evêché suffragant de Saltz-Bourg.

☞ BRIXENSTADT. Petite ville d’Allemagne, en Franconie, à neuf mille d’Anspach.

BRIZO. s. f. Déesse des songes, ou plutôt des prédictions qui se faisoient par les songes. Elle étoit honorée par les Déliens. ☞ On lui offroit des Nacelles pleines de toutes sortes d’offrandes, excepté de poissons. Ce nom vient du grec βρίζειν, dormir. Les songes qu’elle envoyoit étoient regardés comme des oracles.

BRIZOMANCIE, ou BRIZOMANCE. s. f. Art de deviner les choses futures ou cachées par le moyen des songes. Brizomantia. Aux songes près que Dieu envoie, comme il fit autrefois dans l’ancien Testament, la brizomancie est une grande superstition, ou une grande extravagance. Les Grecs l’appellent encore Enhypniomancie & Onirocritique. Ce mot est grec, & vient de βρίζειν, dormir, proprement dormir après le repas, faire la méridienne, & de μαντεία, divination.

BRIZOMANCIEN, ENNE. s. m. & f. Celui & celle qui devinent les choses cachées ou futures par les songes. Brizomantis.

BRO.

BROC. s. m. ☞ Gros vaisseau, ordinairement de bois, lié de cercles de fer, qui a une anse & dont on se sert pour tirer une grande quantité de vin à la fois. Il est principalement en usage chez les Marchands de vin, pour aller tirer du vin qu’ils distribuent au comptoir en petites mesures. Œnophorum, amphora.

Broch, selon le P. Pezron, est un mot celtique, d’où le mot françois broc, & le mot grec βρόχος, sont venus.

Broc, en quelques endroits de France, est une mesure de deux pintes ; ce qu’on appelle à Paris la quarte, & ailleurs le pot. Vigenère, dans des Annotations sur Tite-Live, dit que le broc est de divers calibres, c’est-à-dire, de diverses grandeurs ; mais que le vrai est de douze pintes. Cela paroît plus exact ; car on distingue communément le broc du pot, & le pot contient deux pintes.

Broc, signifioit autrefois une broche, Veru ; mais il n’est plus en usage qu’en cette phrase proverbiale, manger un rôti de broc en bouche ; pour dire, tout chaud, au sortir de la broche.

Broc, se prend (en Dauphiné) pour une difficulté qui se présente à celui qui fait quelque chose, & qui l’arrête. Obex, impedimentum, difficultas. On dit d’un homme qui parlant en public hésite long-temps, qu’il a trouvé un broc. Cette manière de parler est du bas peuple. Chorier, qui ajoute avec beaucoup de vraisemblance, qu’elle est grecque, que c’est celle dont S. Paul se sert, I, Cor. VII, 35, οὐχ ἵνα βρόχον ὑμῖν ἐπιβάλω, où P. R. a traduit, non pour vous faire tomber dans un piège. M. Simon se sert aussi du mot piège. Il seroit mieux de dire, non pour vous faire de la difficulté, vous causer de l’embarras. Quoi qu’il en soit, Chorier dérive broc en ce sens avec beaucoup de raison de βρόχος, un lacet, un lac, en latin laqueus.

☞ BROCALO. Petit Royaume d’Afrique dans la Nigritie, vers les embouchures du Niger.

BROCANTER. v. n. Faire métier d’acheter & de revendre, ou troquer des tableaux ou autres curiosités, bronzes, médailles, bijoux. Cet homme s’est enrichi à brocanter.

BROCANTEUR. s. m. Terme en usage parmi les Peintres & les curieux de Paris. C’est celui qui achéte & revend, ou troque des tableaux, des médailles & autres curiosités. C’est un des plus habiles & des plus fins brocanteurs de Paris.

BROCARD. s. m. Raillerie piquante. Dicterium. Lorsque la raillerie sort des bornes que lui prescrit la politesse, elle dégénère en brocard. La raillerie n’offense point. Le brocard est une injure. Les diseurs de brocards sont sujets à plusieurs aventures fâcheuses. Quelques-uns dérivent ce mot du latin brocus, qui signifie celui qui a la bouche ou les dents qui avancent en dehors. On s’est servi de ce mot pour marquer un homme mordant & satyrique.

On appelle brocard de droit, des principes, ou premières maximes de droit, tels que ceux d’Azo, qu’il appelle Brocardia Juris. Vossius dérive ce mot du grec προταρχία, c’est-à-dire, premiers élémens. Doujat conjecture avec assez de vraisemblance, que brocard a été formé du nom de Burchard, Evêque de Wormes, qui a fait une collection de canons, qu’on appeloit Brocardica : &