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que le spatagus & le brissus n’ont point de dents : ils ont une mâchoire pour prendre l’eau & le sable, & en dedans un seul intestin rempli d’eau qui leur tient lieu de chair & d’œufs.

BRISTOL, ou BRISTOW. Ville d’Angleterre, située sur la rivière d’Avon & sur celle de Froome. Bristolium. C’est une ville Episcopale, & le meilleur port d’Angleterre après Londres. L’Abbaye de S. Augustin de Bristol fut convertie en Evêché par Genri VIII en 1543. Larrey. Cette ville est à 14° 48′ 48″ de longitude, & à 51° 28′ 0″ de latitude. Street. Astron.

Les Anglois ont aussi donné le nom de Bristol à une ville de l’Amérique, dans la Barbade, une des Antilles. Ils l’appellent le petit Bristol.

Pierres de Bristol. Ce sont des pierres transparentes comme du crystal de roche. De Buffon. Cependant un Auteur Anglois dit : donner des pierres de Bristol pour des émeraudes. Ces pierres se tirent d’un roc près de la ville de Bristol, en Angleterre.

BRISURE. s. f. Terme de Blâson. C’est une altération de la simplicité & intégrité du blâson de l’écu, en y mettant quelques pièces, ou figures, pour les distinguer des armes pleines d’un aîné. Scuti gentilitii adjcititia sectio. Symbolicarum imaginum infractio, fractura scutaria. Le lambel est une brisure, une marque de puînés, & des descendans, aussi-bien que le bâton, la cotice, la bordure, & les pièces dont on les charge pour les varier. Il y a des doubles & triples brisures, expliquées par Favin, Geliot, Chasseneu & autres.

La brisure est introduite pour distinguer & pour rabaisser en quelque sorte les armes, tant des cadets que des bâtard, au regard de celles des aînés & des légitimes. Cette brisure se pratique pour des causes justes & nécessaires à l’état des familles ; elle se pratique, dis-je, par de menues pièces de blâson qui intéressent peu l’entière, pure & pleine figure, & la nature des armes. La brisure passe à toute la postérité, & ne cesse point, que le droit ouvert de succession n’ait rendu le plus proche & plus habile de la race capable du titre d’aînesse & des pleines armes. C’est ainsi que les familles d’Anjou, d’Orléans, de Bourbon, ont porté la brisure jusqu’à ce que leur rang de succession aux pleines armes & à la couronne les en ait déchargées. Monet. C’est ainsi que les maisons d’Orléans, de Condé & de Conti, portent aujourd’hui la brisure. La brisure & la chargeure n’ont aucune différence en leur figure ; la seule intention de l’Auteur du blâson nous sert à les distinguer. Monet.

Brisure, terme de fortification. Ligne de 4 à 5 toises qu’on donne à la courtine, & à l’orillon pour faire la tour creuse, ou pour couvrir le flanc.

Brisure, se dit aussi en plusieurs arts méchaniques, d’une forme que l’on donne à une ou plusieurs parties d’un tout, pour les séparer, les réunir, les racourcir, les étendre, les plier. Voyez Briser. Règle brisée, fusil brisé.

BRITANNICUS. s. m. Britannicus. Il ne faut jamais faire Britannique nom propre, il faut toujours dire alors Britannicus. Britannicus étoit fils de Claude & de Messaline. L’âge de Britannicus étoit si connu, qu’il ne m’a pas été permis de le représenter autrement que comme un jeune Prince qui avoit beaucoup de cœur, beaucoup d’amour & beaucoup de franchise ; qualités ordinaires d’un jeune homme. Racine. Dès que Britannicus eut commencé à boire, le poison saisit tellement tous ses membres, qu’il tomba par terre. Tillem.

Je sais que j’ai moi seule avancé leur ruine,
Que du thrône, où le sang l’a dû faire monter,
Britannicus par moi s’est vû précipiter. Rac.

Non, non, Britannicus est mort empoisonné,
Narcisse a fait le coup, vous l’avez ordonné. Id.

La pièce de Racine, d’où ces exemples sont tirés, s’appelle aussi Britannicus. Si j’ai fait quelque chose de solide, & qui mérite quelque louange, la plûpart des connoisseurs demeurent d’accord que c’est ce même Britannicus. Rac.

BRITANNIQUE. adj. qui est de la Grande-Bretagne, ou qui y appartient. Britannicus. L’Océan Britannique, c’est la Manche ou le Pas de Calais. Les Iles Britanniques sont la Grande-Bretagne, l’Irlande, les Sorlingues, les Orcades, & les autres qui sont autour de celle de la Grande-Bretagne.

Britannique, a été aussi dans l’antiquité un surnom de Minerve, parce qu’elle présidoit aux fontaines de la Bretagne, dit Solin, ch. 24. Ç’a été aussi le surnom de quelques Empereurs, qui avoient fait des expéditions dans la grande-Bretagne. Les Antiquaires avoient cru que Sévére n’avoit eu le surnom de Britannique que la dernière année de son empire ; mais M. Bately, Archidiacre de Cantorberi, a produit une médaille de cet Empereur, où ce surnom est joint à sa seconde puissance Tribunicienne. Voyez ses Antiquitates Rutupinæ. Caracalla a porté le surnom de Britannique. Une belle médaille de grand bronze du cabinet de M. de Boze a pour légende du côté de la tête. M. Avr. Antoninus Pius Aug. P. B. G. Max. C’est-à-dire, Persicus, Britannicus, Germanicus, Maximus, au revers Aeternum Beneficium… Un boisseau d’où il sort quelques épis de bled. C’est peut-être une médaille unique.

Britannique, ou Herbe Britannique. Sorte de plante qui avoit été fort célèbre jusque vers le milieu du VIIIe siècle, que les Goths & les Normands inondant la Frise, les sciences & les arts ayant été abolis, la connoissance de l’herbe Britannique se perdit aussi. Dioscoride, Pline, Galien, & d’autres, la font semblable au lapas sauvage, appelé par les Latins Rumex. Un Médecin de Groningue, nommé Munting, a fait un traité De vera antiquorum herba Britannicâ, où après avoir distingué vingt-sept sortes de lapas, il conclut que le lapas sauvage à longues feuilles noires qui naît dans les marécages, ou l’hydrolapas noir, est la véritable herbe Britannique des Anciens, & qu’ainsi on a mis mal-à-propos à sa place la Bistorte, la Tormentille, la Bétoine, la Cochlearia, le Plantin aquatique, &c.

Il prétend que ce nom vient des mots Frisons Brit, qui signifie consolider, affermir ; & Tan, qui veut dire dent, & de ica, ou hica, c’est-à-dire éjection ; de sorte que c’est à cause des effets qu’elle produit qu’elle a été appelée Britannica, c’est-à-dire, herbe des parties solides, principalement des dents, qu’elle a la vertu de consolider & affermir, aussi-bien que de remédier à la maigreur & flux de ventre, qui sont des symptômes assez ordinaires au scorbut, qu’elle guérit aussi.

BRITOMARTIS. s. f. Nom d’une fausse Divinité de l’Île de Créte. Britomartis, Britona. Britomartis étoit une Nymphe de Créte, fille de Jupiter & de Carmé. On lui attribue l’invention des rets, ou filets, dont les chasseurs se servoient autrefois pour prendre des bêtes ; & cette invention lui fit donner le nom de Dictynne, du mot grec δίκτυον & non pas δίκτυς, que les Auteurs du Moréri ont forgé. D’autres confondent Britomartis avec Diane, comme Hésychius, qui dit que Britomartis est la Diane de Créte, ou le nom de Diane dans l’Île de Créte. Solin est de même sentiment, ch. 17 ; mais le Scholiaste de Callimaque, sur l’hymne 3e, qui est à la louange de Diane, dit que Britomartis est une Nymphe, à cause de laquelle on honore Diane en Créte, sous le nom de Britomartis. Le Scholiaste d’Aristophane, dans les grenouilles, act. V, Sc. 2, l’appelle Bretimartis, & dit que s’étant un jour embarrassée dans les filets à la chasse, Diana l’en délivra, en mémoire de quoi Britomartis lui bâtit un temple sous le titre de Diane Dictyne. On dit qu’elle se précipita dans la mer pour éviter les poursuites du vieux Minos qui l’aimoit. Voyez Vossius, De

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