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BRI

des brindes continuelles. Ce mot est venu des Flamands, qui disent ik breng’ tu, quand ils portent une santé, qui veut dire, je vous la porte. Ménage. Ce mot est vieux & se dit rarement.

Brinde, se dit dans le langage populaire, d’une petite jument, au moins en quelques Provinces. Equa. Manna, mannula. Mém. manusc.

BRINDES. Ville du Royaume de Naples dans la terre d’Otrante. Brundusium, ou Brundisium. Les Italiens l’appellent Brindisi. Brindes est sur le golfe de Venise, & son port est un des plus grands, des plus beaux & des plus assûrés de l’Italie. M. d’Ablancourt, dans sa traduction de la guerre civile de César, dit toujours Brunduze. Comme Pompée eut appris ce qui s’étoit passé à Corfinium, il alla de Nocère à Canouse, & de-là à Branduze, où il donna rendez-vous à toutes ses troupes. D’Ablanc. Magius fut pris comme il alloit à Brunduze. Id. On ne sait au juste quand l’Evêché ni l’Archevêché de Brindes ont été érigés. Les actes de S. Leucius disent qu’il convertit la ville de Brindes sous Commode, & qu’il en fut le premier Evêque ; mais il y a tant de faux dans ces actes, qu’on n’y peut ajouter foi. Il n’y a point eu d’Archevêché avant le XIe siècle.

Justin, L, X. dit que Brindes fut bâti par les Etoliens, qui suivirent Dioméde ; Strabon, par les Candiots venus avec Thésée & Gnosus, auquel Phalasite chef des Tarentins l’ôta depuis.

Quelques-uns l’appellent en grec, Βρεντέσιον, & d’autres Βρεντήσιεν. Ces mots viennent de βρέντη, qui en langue de Créte signifioit Cerf, & veulent dire tête de Cerf. Festus dit que quelques Poëtes l’ont appelée Brendam brevitatis causâ ; & Vigenère remarque que cette ville représente le col & la tête qui s’étend d’un détroit. Probablement que cette langue de terre fut d’abord nommée Βρεντέσιον, tête de cerf, & que la ville qu’on y bâtit prit ce nom. Voyez Vigenère sur Tite-Live, T. I, p. 1757, & le P. Cantel. Urb. Hist. III, Diss. IV, C, 5.

Quoique Brindes soit le véritable mot françois, & Brindisi l’italien, cependant on dit aussi Brindisi en françois. Nos gazettes s’en servent, aussi bien que Du Moulin, dans ses Conquêtes des Normands, & Du Ryer, qui dit Brindes, Brindisi & Brundisi. Il ne faut pas se servir de ce dernier, qui ne se trouve que dans cet Auteur.

BRINDONES, Garciæ. C’est un fruit des Indes Orientales, rougeâtre en dehors, & rouge comme du sang en dedans, d’un goût fort aigre. Il prend une couleur fort noire en mûrissant, & demeure rouge en dedans. Les Indiens en mangent, & les Teinturiers s’en servent. Ce fruit est astringent.

BRINGE. s. f. BRINGER. v. act. En Normandie on dit des Bringes, pour dire, des vergettes ; & bringer, pour dire, nettoyer avec des vergettes. On dit aussi Bringes, pour dire, des verges, & bringuer, pour dire, fouetter avec des verges. M. Huet.

BRINGUE. s. f. Terme de Manège. Petit cheval d’une vilaine figure.

☞ BRINN, ou Brin. Ville du Royaume de Bohême, capitale de la Moravie, sur la Swarte, nommée Bruno par les habitans.

BRINQUE-BALE. Voyez Brimbale.

BRIOCHE. s. f. Pâtisserie délicate qu’on fait avec de la farine très-déliée, du beurre & des œufs. Libum. On envoie des brioches à ses amis, quand on a rendu le pain béni, au lieu des parts du chanteau, ou du couson qu’on envoyoit autrefois.

BRIOINE. s. f. Plante qu’on appelle autrement couleuvrée. Voyez Couleuvrée.

BRIOIS. s. m. Qui est de la province de Brie. Quelques-uns disent Briard. Davitu, p. 60 des Etats & Empire du Monde, in-fol. Paris, 1627, parle ainsi des Champenois & des Briois. Bien que leurs voisins, dit-il, les blâment d’être trop arrêtés en leur opinions, & qu’on les appelle têtus, toutefois cette imperfection est couverte par un nombre infini de vertus qui les rendent louables, pour ce que la raison leur fait donner cette chaleur naturelle, d’où procéde ce vice qu’on leur impose. Ils sont accostables, prompts à faire plaisir, craignans Dieu, & point sujets à se coëffer aisément de nouvelles opinions.

BRIOLETS. s. m. Mot gascon ; pour dire, Amans. Merc. Juin 1731.

☞ BRION. s. m. Mousse qui croît sur l’écorce des arbres, & particulièrement sur celle des chènes. Acad. Fr.

Brion. s. m. Terme de Marine. C’est l’alonge, ou la dernière partie de l’étrave, qui vient jusqu’à la hauteur de l’éperon. On l’appelle autrement ringueau.

Brion, en Anjou, est à 17° 6’ 33” de longitude, & à 470 26’ 25” de latitude. Picard.

Brion. (L’Île de) Petite Île de l’Amérique septentrionale, près de celle du Cap-Breton & de la Magdeleine. Denis. L. I, C. 8.

BRIONE. Bourg de France, en Normandie, dans le Roumois, sur la Rîle, avec titre de Comté. Brionium. Voyez la Descript. Géog. & Hist. de la Haute-Norm. T. II, p. 275.

☞ BRIONES. Petite ville d’Espagne, dans la Vieille-Castille, sur l’Ebre.

BRIOTTE. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, dont les grandes feuilles sont blanches, mêlées d’incarnadin, sa peluche est toute incarnadine.

BRIOUDE. Ville de France dans la Basse-Auvergne. Brivas, Brivatum, ou Brivatensis pagus. Guillaume I, Duc de Guienne & Comte de Provence, surnommé le Pieux, institua à Brioude 20 Chevaliers pour faire la guerre aux Normands, & ces Chevaliers furent depuis changés en Chanoines. C’est le premier lieu où l’on remarque qu’on ait ordonné une compagnie de Chevaliers pour la défense & l’exaltation de la religion chrétienne. Corn.

Les Comtes de Brioude sont les Chanoines de cette ville qui portent le titre de Comtes, comme ceux de Lyon. Les Chanoines de Brioude font preuve de Noblesse. M. N. Manusc.

BRIQUE. s. f. Terre aigilleuse & rougeâtre, pètrie, & moulée, puis séchée au soleil, ou cuite au four, qui sert à bâtir. Later. La brique entière sert à faire des paremens aux murs de cloison. La demi-brique qu’on appelle de chantignole, ou d’échantillon, n’a qu’un pouce d’épaisseur sur la même grandeur que la brique entière. Elle sert à paver & à élever des tuyaux de cheminée. On appelle briques de liaison, celles qui sont posées sur le plat, enliées de leur moitié les unes avec les autres, & maçonnées avec du plâtre, ou du mortier. Briques de champ, celles qui sont posées sur le côté pour servir de pavé. Briques en épi, celle qui sont posées diagonalement sur le côté en manière de point de Venise. On bâtit de brique aux lieux où il n’y a point de carrières de pierre.

La brique est d’un usage fort ancien. La tour de Babel en fut bâtie, quelque temps après le déluge ; & comme l’Auteur sacré qui le raconte, Gen. C. XI, n’en parle point comme d’une invention nouvelle, mais déjà connue ; on peut croire qu’elle l’avoir été avant même le déluge. Les restes qui se voient de la tour de Babel sont de briques. Sous les Rois de Rome l’on se servoit de pierres carrées & massives. Les Toscans avoient appris aux Romains cette manière de construire. Dans les derniers temps de la République on commença à employer la brique. Cet usage venoit des Grecs. Les édifices les plus considérables que les Empereurs firent élever sont de briques, & ont été les plus durables ; comme le Pantheon. Du temps de Galien les bâtimens étoient composés d’un ordre de tuf, & d’un ordre de brique, alternativement. Après lui on négligea l’usage de la brique, & on reprit le caillou. En Orient on cuit les briques au soleil. Les Romains se servoient de briques crues qu’ils faisoient sécher pendant un long espace de temps, jusqu’à quatre ou cinq ans, & que l’on ne mettoit point au four. Perrault sur Vitruve. Les