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CON

loix que Dieu a établies, il en connoît tous les effets.

☞ On dit aussi, j’ai reçu votre lettre, & j’agirai en conséquence, ou avec un régime, en conséquence de ce que vous me mandez, en conséquence de vos ordres ; pour dire, conformément.

☞ CONSÉQUENT. s. m. ou adj. pris substantivement, terme de Logique, par lequel on désigne la seconde partie d’un argument appelé enthymème. Consequent. Un enthymème est compose de deux propositions, dont la première s’appelle antécédent, & la seconde conséquent. C’est la proposition qu’on déduit ou qu’on infère de l’antécédent, des prémisses d’un raisonnement.

☞ Il ne faut pas confondre conséquent & conséquence. Le conséquent est la proposition déduite de l’antécédent, prise matériellement ou absolument. La conséquence est la liaison du conséquent avec l’antécédent. Dieu est infiniment parfait ; donc il est infiniment bon. Si je considère cette proposition, Dieu est infiniment bon, simplement selon la chose qu’elle exprime, c’est un conséquent. Si je la considère en tant qu’on la conclut de celle-ci, Dieu est infiniment parfait, en tant qu’elle exprime la liaison qui se trouve entre ces deux propositions ; c’est une conséquence.

Le conséquent peut être vrai, quoique la conséquence soit mauvaise. Si je dis, par exemple, tout cercle est une figure ; donc il est rond, ce conséquent donc il est rond, est vrai, puisque le cercle est une figure ronde ; mais la conséquence est mauvaise, c’est-à-dire, qu’il n’y a point de liaison entre le conséquent & l’antécédent ; c’est-à-dire, de ce que le cercle est une figure ; on ne peut pas inférer que ce soit une figure ronde. Voyez Conséquence.

☞ On distingue le conséquent lorsqu’il est équivoque, & susceptible de deux sens dans l’un desquels il est vrai, & faux dans l’autre. Dans le sens vrai du conséquent, on accorde la conséquence, c’est-à-dire, qu’on convient. Le conséquent est bien déduit de l’antécédent en le prenant dans tel sens : dans le sens faux du conséquent, on nie la conséquence, c’est-à-dire, on nie qu’il y ait conséquence ou liaison entre l’antécédent & le conséquent, entendu dans tel sens ; mais on ne distingue jamais la conséquence, parce qu’il y a liaison entre l’antécédent & la conséquence, où il n’y en a point. Dans le premier cas la conséquence est bonne ; dans le second elle est mauvaise ; mais on ne doit pas dire qu’elle est vraie ou fausse.

Conséquent, en termes de Mathématiques, signifie le second terme d’une raison, d’un rapport. Dans le rapport de b à c, la grandeur c est le conséquent. Voyez Rapport, Raison, &c.

CONSEQUENT, ENTE, ad], qui agit, qui raisonne conséquemment, avec justesse. Les Poëtes ne sont pas toujours fort conséquens : ils disent le pour & le contre, selon que l’imagination le leur présente ; & comme ils ne pensent pas d’ordinaire par principes, il ne faut pas s’étonner s’ils se condamnent quelquefois eux-mêmes, sans s’en appercevoir. M. de la Motte. Disc. sur Homere. M. l’Abbé Houtteville, dans l’éloquent discours qui précède son Traité de la Religion Chrétienne, prouvé par les faits, parle en ces termes de l’Apôtre Saint Paul : à juger de lui par ses ouvrages, c’étoit un génie supérieur, vif, solide, conséquent, & lumineux. Prenant toujours le plus haut point de vue, il s’élevoit jusqu’aux premières vérités. De-là toutes leurs suites, toutes leurs branches se montroient à lui, rangées comme par ordre, & personne aussi n’a jamais si bien fait voir les conclusions renfermées dans leurs principes. On peut voir par ces deux exemples cités avec un peu d’étendue, quelle est la signification & la force du terme conséquent, qui paroît heureusement inventé. Si Descartes se trompa, ce fut au moins avec méthode & avec un esprit conséquent. On appelle esprit géométrique, l’esprit méthodique & conséquent. Lettres Philosophiques. Pour suivre Descartes & Newton, il faut un esprit prépare par des connoissances préliminaires, qui ne sont pas communes, un esprit pénétrant, judicieux, conséquent, qui n’a pas été donné à tout le monde. Obs. sur les Ecr. mod. t. 13, p. 140. Génie conséquent, esprit conséquent, est une expression très-juste & très-usitée. Le Préservatif, ou Critique des Observations sur les Ecrits mod. p. 18.

Conséquent, (Par) adv. donc, conséquemment, par une suite nécessaire, ou raisonnable. Ideo, igitur, atque adeo, ob eam rem, itaque. Le soleil éclaire, par conséquent il est jour. Si l’on agit bien dans les affaires publiques, on offensera les hommes : si l’on y agit mal, on offensera Dieu, & par conséquent on ne s’en doit point mêler. Port-R.

Cette façon de parler adverbiale se met quelquefois absolument dans la conversation, & alors on sousentend la conclusion qui résulte naturellement de la première proposition. Vous m’avez donné votre parole, & par conséquent ; pour dire, & par conséquent vous êtes obligé de la tenir. Acad. Fr. Mauvaise locution.

CONSÉRANS ou COUSERANS. (Le) Contrée de France, dans la Gascogne, entre le Comté de Foix au levant, celui de Comminges au nord & au couchant, & la Catalogne au midi. Consoranni, Consorannus ager. Ce nom vient de celui de ses anciens habitans nommés Consoranniens. Pline en parle, L. IV, ch. 19. Leur ville est appelée dans les anciennes notices la Cité des Consoranniens, Consorannorum civitas ; c’est la cinquième des douze villes de la Novempopulanie. Aujourd’hui elle s’appelle S. Lizier ou Lezier de Consérans. Fanum S. Licerii in Consorannis. C’est un Evêché suffragant d’Auch. Le Consérans a eu titre de Comté. Jean Arnaud d’Espagne, chef de la maison de Montespan, le posséda avec ce titre. De ses descendans il passa à Eschivat, Comte de Bigorre, dont Simon, Comte de Montfort, son oncle hérita. Ce dernier céda ensuite son droit à Thibaut VII, Roi de Navarre. On prononce communément Consérans, & quelquefois Coserans en Gascogne. M. de Marca, dans son Hist. de Bearn, L. I, ch. 3 & 9, écrit toujours ainsi. Le Comenge & le Coserans confinent avec les trois Cités de Toulouse, de Carcassonne & de Narbonne, suivant l’ancienne étendue qu’elles avoient du temps de l’Empire Romain. De Marca. La Capitale du Conserans est appelée S. Lezer, à cause de Glycerius, Evêque de Conserans, recommandable par sa sainteté. Id.

CONSERVATEUR. s. m. celui qui conserve. Conservator. C’est Dieu seul qui est notre conservateur. Le Roi est le conservateur de la société.

Conservateur, (Juge) est celui qui est établi pour conserver les Privilèges accordés à certains Corps, ou qui a une commission pour juger de leurs différends. Judex Conservator. Les appellations des ordonnances des Conservateurs ressortissent au Parlement. Il y a à Lyon un Juge Conservateur des Privilèges des Foires de la ville. Le Prévôt de Paris est Juge Conservateur des Privilèges de l’Université. Cette qualité fut annexée à sa Charge par Philippe de Valois en 1340. Il y a d’ordinaire deux Conservateurs dans chaque Université ; le Conservateur des Privilèges Royaux, c’est-à-dire, ceux qui ont été accordés par les Rois, & le Conservateur des Privilèges Apostoliques, c’est-à-dire, de ceux qui ont été accordés par les Papes aux Universités. Le Conservateur des Privilèges Royaux connoît des causes personnelles & mixtes des Régens, des Ecoliers, & des Suppôts de l’Université, & même du possessoire des bénéfices. Le Conservateur Apostolique connoît des matières spirituelles entre personnes Ecclésiastiques. Si le Pape délègue des Juges Conservateurs pour quelques causes particulières, ils doivent être Ecclésiastiques, & commis pour choses qui concernent les Ecclésiastiques.

On nommoit autrefois des Conservateurs des Traités de paix, ou des trêves qui se faisoient entre les Princes. Ils devoient être Juges des infractions sui se feroient aux Traités, & étoient changés