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CON

que ces douze Divinités présidoient chacune à un mois de l’année, ainsi qu’il est marqué dans un ancien Calendrier des Paysans Romains, qui se voit sur un marbre au Palais Farnese. Mais comment ignoroit-on les noms des Dieux consentes ? Comment étoit-il défendu de les savoir, si c’étoient là leurs noms ? Comment Jupiter se trouve-t-il parmi les Conseillers de Jupiter ? Scaliger sur Festus remarque que les Dieux consentes étoient des Dieux de familles. Voyez aussi Vigenère sur Tite-Live.

☞ Il y avoit encore douze Divinités que les anciens reconnoissoient pour celles qui avoient le soin particulier des choses nécessaires à une vie tranquille & heureuse. Jupiter & la Terre étoient révérés comme les Protecteurs de tout ce qui est à notre usage. Le Soleil & la Lune, comme les modérateurs des temps : Cerès & Bacchus, comme les dispensateurs du boire & du manger : Bacchus & Flore, comme les conservateurs des fruits & des fleurs : Minerve & Mercure, comme les protecteurs des Beaux-Arts qui perfectionnent l’esprit, & du Commerce qui entretient & augmente les richesses ; & enfin, Vénus & le succès, comme les auteurs de notre bonheur & de notre joye, par le don d’une nombreuse lignée & par l’accomplissement de nos vœux.

☞ Les Grecs joignirent à ces douze Divinités Alexandre-le-Grand, comme le Dieu des conquêtes ; mais il ne fut pas reconnu par les Romains qui avoient transporté les douze autres de Grèce en Italie, où ils étoient adorés dans un Temple commun qui leur avoir été consacré à Pise.

☞ CONSENTIES, ou CONSENTIENNES, adj. pris substantivement, terme de Mythologie. Consentia. Fêtes à l’honneur des Dieux consentes ; fêtes, dit Festus, instituées par le consentement de plusieurs personnes, c’est-à-dire, selon Scaliger, de toute une famille : car cet auteur, dans ses Notes sur le mot de Festus, prétend que les Dieux consentes étoient des Dieux que chaque famille se choisissoit, & les Fêtes consentiennes, les fêtes & sacrifices que chaque famille leur faisoit ; car, outre les Dieux généraux, & les fêtes publiques, chaque famille avoit ses Dieux tutélaires, ses patrons, ses fêtes & ses sacrifices particuliers.

☞ CONSENTIR, v. n. c’est agréer & promettre ce que les autres veulent. Assentire, asentiri. Les mots consentir, aquiescer, adhérer, tomber d’accord, sont souvent très-synonimes dans la bouche de ceux qui s’en servent. Mais il semble que le mot de consentir suppose un peu de supériorité, que celui d’aquiescer emporte un peu de soumission ; qu’il entre dans l’idée d’adhérer un peu de complaisance ; & que tomber d’accord marque un peu d’aversion pour la dispute. Les parens consentent à l’établissement de leurs enfans. Les parens aquiescent au jugement d’un arbitre. Les amans adherent aux caprices de leurs maîtresses. Les bonnes-gens tombent d’accord de tout. M. l’Abbé Girard. On s’oppose aux choses auxquelles on ne veut pas consentir.

C’est une maxime de Droit. Qui se taît, semble consentir, c’est là-dessus qu’est fondée la prescription, la tacite réconduction. Dans les contrats de mariage, on met toujours cette clause, si Dieu & notre Mère la Sainte Eglise y consentent.

Consentir est un verbe neutre qui régit le datif. Je consens à votre demande, à donner, &c. On ne dit point consentir quelque chose, mais à quelque chose.

☞ Il est vrai qu’on viole cette règle au barreau ou l’on dit à l’actif consentir une vente, consentir l’adjudication d’une terre, &c. Mais, dit Voltaire, le style du barreau est celui des barbarismes.

CONSENTI, IE, part. Il n’a d’usage qu’au Palais. Pactus, a, um. Appointement consenti par les parties.

☞ CONSÉQUEMMENT. adv. qui se prend dans différentes significations. Quelquefois il sert à marquer la suite des idées liées les unes avec les autres, la juste liaison des propositions les unes avec les autres. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme raisonne conséquemment. Voyez Liaison.

☞ Quelquefois il sert à marquer la conformité de l’action avec la cause qui nous fait agir. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme parle, agit conséquemment ; pour dire, conséquemment à ses vues, à ses principes. Voyez Conformité.

☞ Quelquefois il signifie, par une suite raisonnable & nécessaire. Si je me porte héritier pur & simple, je serai conséquemment chargé des dettes de la succession. Consequenter.

☞ CONSÉQUENCE. s. f. conclusion, signifie en général une dépendance d’idées, dont l’une est la suite de l’autre. Consecutio, consequentia. La plûpart des gens sont plus portés à aquiescer à des preuves de sentiment, qu’à suivre le fil d’un infinité de conséquences enchaînées avec méthode. Bayl. Un dogme si abstrait ne peut être compris que par un esprit accoutumé à suivre un raisonnement de conséquence en conséquence. S. Evr.

Conséquence se dit en Philosophie dans une signification plus étroite, pour marquer la liaison d’une proposition avec les prémisses dont on l’a tirée : d’où il est évident qu’il n’est pas nécessaire que les prémisses soient vraies, pour que la conséquence soit bonne, parce qu’elle peut être très-bien tirée de propositions fausses. Or, la conséquence n’est que la liaison de la proposition déduite avec celles dont elle est déduite. Ainsi il y a liaison, ou il n’y en a point, c’est-à-dire, que la conséquence est bien ou mal déduite ; & dans ce cas on l’accorde, ou on la nie, mais on ne la distingue point. Il est évident encore que la conséquence est bonne ou mauvaise, mais qu’on ne peut pas dire qu’elle est vraie ou fausse Voyez Conséquent, Conclusion, Syllogisme.

Conséquence se dit encore de la suite des choses, des suites qu’une action ou une chose peut avoir. C’est par la raison que l’homme voir les conséquences. Per rationem homo consequentia cernit. Cicéron entend qu’à l’aide de la raison l’homme découvre la suite des choses. Cette chose peut avoir d’étranges conséquences. Ex eâ re consequi, nasci possunt. Exemple d’une dangereuse conséquence. On dit dans ce sens qu’une chose tireroit à conséquence, pour dire, qu’il seroit à craindre que d’autres ne s’en prévalussent.

Conséquence se dit aussi dans le sens de considération. Gravis, magni momenti, ponderis. Ainsi l’on dit un homme de conséquence, de peu de conséquence. Un emploi, une place de conséquence. Une affaire de nulle conséquence. Une terre de conséquence.

Conséquence, (Sans) façon de parler adverbiale, dont on se sert en divers sens. On le dit quelquefois pour marquer qu’il ne faut pas prendre à la rigueur ce que dit ou fait quelqu’un accoutumé à dire ou à faire ce qui lui plaît, sans aucun inconvénient ; qu’il ne faut pas se formaliser des libertés qu’il prend. Tout ce qu’il vous dit est sans conséquence, vous ne devez pas vous en fâcher.

☞ En matières de galanterie, quand on dit qu’un homme est sans conséquence : on entend que son âge & sa réputation le mettent à couvert de tout soupçon.

☞ Dans le discours ordinaire, un homme sans conséquence, est celui qui mérite si peu de considération, qu’on ne doit pas prendre garde à ses discours.

☞ On le dit aussi en parlant de certains privilèges qui sont tellement attachés à certaines personnes, que les autres ne peuvent pas se prévaloir de ce qu’on fait pour elles. Les honneurs qu’on lui a rendus dans telle occasion, sont sans conséquence pour d’autres.

☞ On dit qu’une grace est sans conséquence ; pour dire, qu’elle ne doit pas être prise pour exemple. Exemplum ex aliquâ re sumere, capere.

Conséquence, (En) Autre façon de parler adverbiale, qui signifie par une suite nécessaire, naturelle. Comme la matière n’agit qu’en conséquence des