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d’une piété apparente, & qu’on pouvoit les embrasser avec une entière assurance d’impunité, parce qu’elles étoient ignorées des Juges Ecclésiastiques ; mais ceux-ci en ayant été informés par Michel Buch, communément appelé le Bon Henri, Instituteur des Communautés des Frères Cordonniers, & Tailleurs, les condamnèrent à la sollicitation, & défendirent, sous peine d’excommunication, ces assemblées pernicieuses des Compagnons. Les Compagnons les avoient transportées dans le Temple, au Marais, comme dans un lieu exempt de la juridiction de l’Archevêque de Paris, mais ils en furent chassés par sentence du Bailli du Temple, à la requête du son Henri, qui obtint aussi une sentence d’excommunication de l’Archevêque de Toulouse contre ceux de son Diocèse, & il eut enfin la consolation de voir le Compagnonage aboli, malgré toutes les oppositions qu’il trouva dans cette entreprise. P. Hélyot, T. VIII, ch. 23.

COMPAIN ou COMPAING. s. m. vieux mot. Compagnon. Comes, socius. Autrefois on a dit compain pour compagnon. Il vient de cum, & de panis, comme si l’on disoit, qui mange le même pain.

COMPAN. s. m. Monnoie d’argent qui a cours dans quelques endroits des Indes Orientales, particulièrement à Patane. Le compan vaut environ neuf sous, monnoie de France.

COMPARABLE. adj. m. & f. Qui peut être comparé à un autre. Comparabilis, conferendus, comparandus. M. de Turenne étoit un homme comparable à tous les grands Capitaines de l’Antiquité. ☞ On dit qu’une chose est comparable avec une autre, pour faire entendre qu’elle est d’une nature tout-à-fait différente. L’esprit n’est point comparable avec la matière.

COMPARAGER. v. act. Comparare, conferre. Ce mot qui étoit autrefois en usage, veut dire comparer.

☞ COMPARAISON. s. f. Opération de l’esprit, dans laquelle nous considérons diverses idées, pour en connaître les différentes relations ; & le parallèle que nous faisons des choses ou des personnes, pour en examiner les ressemblances & les différences. Comparatio, collatio. Pour faire une juste comparaison de deux choses, il faut considérer en quoi elles conviennent, & en quoi elles différent. Faire comparaison de deux personnes, entre deux personnes, d’une chose avec une autre. Il n’y a point de comparaison d’un tel à un tel, entre un tel & un tel. Blondel a fait un livre de la comparaison d’Horace & de Pindare. Le P. Rapiri a fait la comparaison des plus excellens modèles de l’Antiquité pour l’Éloquence, & pour la Poësie. N’exagérez jamais votre bonheur devant les misérables : la comparaison qu’ils font de leur état au vôtre, les choque, & leur est odieuse. La Bruy.

Comparaison se prend quelquefois pour ressemblance. Comparatio, similitudo. Quand on n’a qu’un mérite ordinaire, on a des envieux ; mais quand on est sans comparaison, il n’y a plus d’envie. B. Rab. Il ne faut pas qu’un bourgeois fasse comparaison avec un homme de qualité ; c’est-à-dire, qu’il prétende s’égaler à lui. En ce sens, on dit, trêve de comparaison, point de comparaison, toutes comparaisons sont odieuses.

Comparaison ou Similitude est aussi une figure de Rhétorique & de Poësie, par laquelle on compare une personne ou une chose à une autre, pour servir à l’ornement ou à l’éclaircissement du sujet qu’on traite. Comparatio, similitudo. Les exemples, les comparaisons, instruisent bien plus que les paroles. Une comparaison entre deux choses, suppose de la ressemblance entr’elles, & elle sert à mieux faire comprendre ce qu’on n’entend pas, ou à en donner une plus juste idée. S. Evr. Pour rendre une comparaison juste, il faut, 1o. que la chose que l’on y emploie soit plus connue, & plus aisée à concevoir que celle qu’on veut faire connoître. 2o. Il faut qu’il y ait un juste rapport entre l’une & l’autre. P. Le Boss. Les doubles comparaisons, pourvu qu’elles soient nobles & bien prises, font un bel effet en Poësie ; mais en Prose l’on ne doit s’en servir qu’avec beaucoup de circonspection. Dac. Sous prétexte de ne point imiter les manières brillantes de l’éloquence mondaine, il ne faut pas se servir d’expressions basses, & de comparaisons rampantes. Cl. Les comparaisons d’Homère sont quelquefois froides, & contraintes, P. Rap. On gâte les comparaisons dès qu’on les veut trop presser. Bayl. Les comparaisons doivent être justes & courtes S. Evr,

Tu peux, mais rarement, illustrer tes raisons,
D’exemples, de récits,& de comparaisons. Vill.

☞ La comparaison est une espèce de métaphore ; avec cette différence que la comparaison nous apprend seulement à quoi la chose ressemble. Ce Héros se jette comme un lion : au lieu que la métaphore nous dit ce qu’est la chose. Ce Héros est un lion.

On dit en ce sens, qu’il n’y a point de comparaison qui ne cloche ; pour dire, qu’on n’en sauroit faire d’assez juste. Toutes les comparaisons, sont très-imparfaites, & le doivent être, n’étant que comparaisons & non pas exemples. Peliss.

Comparaison d’écriture. Terme de jurisprudence. Confrontation de deux écritures l’une avec l’autre, pour juger si elles sont de la même main ; vérification d’une écriture dont on ne connoît pas l’Auteur, en la comparant avec une autre écriture, reconnue pour être de la main de celui auquel on attribue l’écriture contestée. Scripturarum collatio.

☞ On appelle pièce de comparaison, les pièces reconnues que l’on apporte pour les confronter avec d’autres qui sont contestées.

☞ En matière de comparaison d’écritures, le jugement des Experts Vérificateurs, ne peut jamais être regardé comme une preuve complette & suffisante, à cause de l’incertitude de leur art sur cet objet.

En Comparaison, est une façon de parler adverbiale, dont on se sert quand on compare quelque chose. In comparationem, præ, avec l’ablatif. ☞ L’abondance des Loix accable la justice & les Juges, mais ces volumes de loix ne sont rien en comparaison de cette armée effroyable de Glossateurs, Commentateurs, Compilateurs, &c. On dit aussi par comparaison, pour signifier que ce qu’on dit d’une chose, ce n’est pas qu’on le dise absolument, mais seulement par comparaison avec une autre. Comparatè. Quand je vous ai dit une telle chose, ce n’étoit que par comparaison. Sans comparaison se dit aussi absolument & en parenthèse, quand on veut adoucir ce qu’il y a d’odieux en quelque comparaison qu’on a alléguée. Exclusa comparatione. On dit aussi qu’une chose est sans comparaison ou hors de comparaison ; pour dire, qu’elle est excellente, & qu’elle n’a point de pareille. Omnem comparationem superat, excedit. Quand quelqu’un veut comparer ensemble des personnes, ou des choses qui n’ont aucun rapport, aucune proportion entr’elles, on dit quelle comparaison ? Voilà une belle comparaison.

A Comparaison, est encore un adverbe. Que sera-ce des hommes qui vivent dans l’obscurité, à comparaison de la lumière & de la splendeur qui environne les Souverains ? Patr. Mais en comparaison est plus en usage.

COMPARANT, ANTE, ☞ adjectif pris aussi substantivement, participe du verbe comparoir ou comparoître, en style du Palais seulement. Qui comparoît, qui est présent, qui se présente en Justice. Comparens, vadimonium obiens. Cela s’est fait du consentement des parties comparantes, qui ont donné main-levée, Fact.

☞ On le dit non-seulement de la partie même qui comparoît, mais encore de l’Avocat & Procureur par lesquels elle comparoît, ou est représentée.