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COL

Ainsi l’on ne disoit point encore Colonel Général de l’Infanterie. ☞ Cet Office fut érigé en charge de la Couronne par Henri III, en 1684, en faveur du Duc d’Epernon. Elle fut supprimée par Louis XIV, en 1661, rétablie par Louis XV, en 1731, en faveur de Philippe d’Orléans, qui en donna sa démission en 1730. Depuis ce temps-là il n’y a pas eu de Colonel-Général de l’Infanterie. Quand il y en a un, les Colonels particuliers prennent le titre de Mestres-de-Camp. Un habile Antiquaire prétend que le Princeps Juventutis, qui se voit si souvent sur les médailles, ne signifie rien autre chose que Colonel Général de l’Infanterie.

Colonel Général de la Cavalerie, est le premier Officier de Cavalerie, qui est au dessus des Mestres de Camp, qui commandent les Régimens de Cavalerie. Tribunus Generalis Equitum armaturæ levis.

Colonel Général des Suisses & Crisons, est l’Officier qui est au dessus des Chefs des Régimens des Suisses. Tribunus Generalis Helveticæ Militiæ.

Colonel Général des Dragons, est celui qui commande tous les Dragons. Tribunus Generalis Equitum quos Dracones vocant.

Colonel-Lieutenant, est celui qui commande un Régiment dont le Roi, ou un Prince est Colonel. Vici-Tribunus.

Colonel-Lieutenant du Régiment du Roi. Ces Colonels-Lieutenans ont toujours Brévet de Colonel, & pour l’ordinaire sont Officiers Généraux.

On appelle Lieutenant-Colonel dans un Régiment d’Infanterie, le second Officier du Corps, celui qui le commande en l’absence du Colonel, & qui est à la tête des Capitaines. Legatus Tribuni legionis.

Colonel-Lieutenant de Cavalerie, est le premier Capitaine d’un Régiment de Cavalerie étrangère, ou de Dragons. Legatus Magistri Equitum.

COLONEL, ELLE, adj. terme de guerre. Qui appartient au Colonel. Primarius, a, um. Le drapeau Colonel doit se mettre à la droite, à l’exception de ceux des Régimens qui ferment la gauche des lignes, qui étant campées en colonnes renversées, doivent avoir leur drapeau Colonel' sur la gauche. Bombelles. La Lieutenante-Colonelle ; pour dire, la compagnie du Lieutenant-Colonel. Id.

La compagnie Colonelle ou la Colonelle est la première compagnie d’un Régiment d’Infanterie qui porte le drapeau blanc. Primipilum, prima cohors.

COLONIE. s. f. Transport ☞ d’un certain nombre de personnes de l’un & l’autre sexe dans un pays, pour le défricher, l’habiter ou le cultiver. Colonia. Les Romains ont envoyé des colonies en mille endroits. M. Vaillant a rempli un volume in-folio des médailles que les diverses colonies Romaines ont fait frapper à l’honneur des Empereurs qui les avoient fondées. Le symbole ordinaire que les colonies faisoient graver sur les médailles étoit, ou un aigle, quand on y distribuoit de vieilles légions : ou un laboureur conduisant une charrue atelée de bœufs, quand on y envoyoit de simples habitans. On remarque sur toutes les médailles des colonies le nom de Duumvirs, qui y tenoient le même rang, & y avoient la même autorité que les Consuls à Rome.

Il y avoit deux sortes de colonies chez les Romains, celles que le Sénat envoyoit, & les militaires. Les militaires étoient composées de vieux soldats cassés de fatigues, auxquels on donnoit des terres pour récompense de leurs services. Coloniæ militares. Celles que le Sénat envoyoit étoient Romaines, ou Latines, c’est-à-dire, composées de citoyens Romains, ou Latins. Coloniæ Romanæ, Latinæ. Les habitans des colonies Romaines avoient droit de suffrage ; mais ils n’avoient point de part aux charges, & aux honneurs de la République. Les habitans des colonies Latines n’avoient point de suffrage sans une permission expresse. Il y avoit aussi, selon Ulpien, l. 1. D. de censib. des colonies qui n’en avoient que le nom : d’autres jouissoient du droit qu’on appeloit jus Italicum, comme les colonies de Tyr, de Beryte, d’Héliopolis, d’Emèse, de Palmyre, &c. Hoffman a donné une liste des colonies Romaines dans son premier Tome, p. 924 & suiv. mais elle est peu exacte. Voyez les deux livres du P. Hardouin, sur les médailles des villes & colonies Romaines. Voyez aussi l’ouvrage de M. Vaillant sur le même sujet, & ses médailles Grecques des Empereurs à la fin. Les François ont envoyé des colonies en Canada. Les Hollandois en ont envoyé beaucoup dans les Indes. Marseille est une colonie des Phocéens, ainsi que témoigne Strabon : ils y fonderent une Université en Langue grecque.

Colonie se dit aussi du lieu où les peuples se sont établis. Cologne est une colonie des Romains ; Batavia est une colonie des Hollandois en l’Île de Java ; Québec une colonie des François à l’Amérique. Originairement le mot colonie en latin ne signifioit qu’une métairie, c’est-à-dire, une habitation de paysan avec la terre nécessaire pour nourrir sa famille : quantum colonus unus arare poterat.

Colonie se dit aussi, par extension, des détachemens qu’une Abbaye ou Maison Religieuse envoie pour en fonder, en établir, en peupler une autre. Comme le S. Anné voyoit que son désert ne seroit bientôt plus assez vaste pour contenir ses disciples, il crut qu’il étoit à propos de former des colonies. Villefort. Il choisit pour cette colonie (Clairvaux) les freres & les parens de Bernard. Id.

☞ On l’a même dit des nouveaux essains d’Abeilles qui sortent des Ruches pour aller habiter ailleurs.

COLONNADE, s. f. ☞ On ne prononce qu’une N, & l’on pourroit bien retrancher la seconde. Suite de colonnes disposées d’une façon régulière. Columnatio. Et comme on dispose les colonnes en différentes manières, il y a des colonnades de diverses formes. La magnifique colonnade du Louvre est en ligne droite. Elle forme la façade. La colonnade de S. Pierre de Rome est en ceintre ou demi-cercle. Il y a des bâtimens environnés d’une colonnade.

☞ Péristyle est le terme d’art pour les colonades droites, & colonade est le mot dont on se sert vulgairement pour ces mêmes colonnades. Peristylium. Voyez Péristyle.

Colonnades vertes des jardins. Ornemens que l’on pratique dans les jardins par le moyen des arbres que l’on taille pour former une espèce de Colonnade, comme dans les jardins de Marly. Toutes les opérations des Architectes se transportent aujourd’hui par imitation dans les jardins décorés. On y place des portiques, des Colonnades, des galeries, des Sales de Théâtre, & les arbres ne se refusent à aucune de ces décorations.

☞ COLONNAIRE, s. m. Columnarium. C’étoit un impôt établi à Rome sur les colonnes, par Jules César, dit-on, sans doute pour arrêter le luxe de l’architecture.

COLONNAISON, s. f. terme d’Architecture. C’est ainsi que Blondel appelle la façade d’un bâtiment orné de colonnes : Ædificium Prostylon Colonnaison est proprement une ordonnance de colonnes.

COLONNE. s. f. Pilier rond ou espèce de cylindre, fait pour soûtenir ou pour orner un bâtiment, un buffet, un tabernacle, une table, &c. Columna. ☞ La Colonne diffère du pilier, en ce qu’elle diminue à son extrémité supérieure, au lieu que le pilier est élevé parallelement. La colonne est composée d’une base, d’un fût, & d’un chapiteau qui sert à porter l’entablement. Basis, scapus, capitellum. On fait des colonnes de bois, de pierre, de marbre, de bronze, de jaspe, de lapis, &c. Il y a des colonnes torses, cannelées, embâtonnées, isolées, pour les faire paroître plus grosses, ou plus agréables, & détachées. C’est la diversité des colonnes qui donne le nom aux cinq Ordres d’Architecture, la Toscane, la Dorique, l’Ionique, la Corinthienne, & la Composite. Toscana, Dorica, Ionica, Corinthia, Composita. La colonne Toscane est la plus simple & la plus courte ; elle n’a que sept diamètres de hauteur. La colonne Dorique a 8 diamètres. Son chapiteau &