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COL

Conseil collatéral étoit composé de deux Arragonois & de deux Napolitains, qui avoient pour chef le Viceroi.

COLLATEUR. s. m. Celui qui ☞ confère ou a droit de conférer un bénéfice, de donner des provisions. Le Patron ou Présentateur ne fait que nommer, & sur la nomination il faut obtenir des provisions du Collateur. Beneficii Ecclesiastici collator. Le Collateur ne peut se conférer un Bénéfice à soi-même. Le Pape est le Collateur de tous les Bénéfices, même des électifs, par prévention, excepté les Consistoriaux, & ceux qui sont à la nomination des Patrons Laïques. Les Evêques & les Prélats inférieurs fondés en titre s’appellent les Collateurs ordinaires. Le droit de patronage est une espèce de servitude imposée aux Collateurs, parce qu’ils sont obligés de conférer le Bénéfice à celui qui est présenté par le Patron. Si le Collateur ordinaire & inférieur a négligé d’user de son droit pendant six mois, le supérieur peut conférer par dévolution. Si l’Evêque néglige, le Métropolitain confere, puis le Primat, de degré en degré. Le Roi est Collateur de plein droit des Bénéfices simples dont il est le Patron. Il les confere de plein droit ; mais à l’égard des Bénéfices Consistoriaux, le Roi a seulement la nomination, & le Pape, en vertu du Concordat, est obligé de conférer à celui qui est nommé par le Roi. Pour les Bénéfices dont il est le Collateur direct & absolu, il les peut conférer, parce qu’il y a une espèce de Sacerdoce annexé à la Royauté : les autres Patrons laïques pour l’ordinaire ont simplement la présentation. La collation appartient à l’Evêque.

Quoique la collation appartienne de droit aux Evêques, il y a plusieurs Abbés en France, & des chapitres, qui sont Collateurs de plein droit de certains Bénéfices. Il y a même des Abbesses qui conferent des Cures, sans qu’il soit besoin de recourir aux Ordinaires pour avoir la collation, ou institution. Il n’est pas vrai qu’il n’y ait entre les Laïques que le Roi seul qui soit Collateur des Bénéfices dont il est le Patron. Nous voyons en France, principalement en Normandie, un grand nombre de Seigneurs laïques qui conferent de plein droit plusieurs Bénéfices dont ils sont les Patrons. On n’a donc point d’égard en France à la lettre que Boniface écrivit au Roi Philippe le Bel, où il dit qu’il tenoit pour hérétiques ceux qui prétendoient que la collation des Bénéfices pouvoit appartenir aux Laïques. Jean de Paris, qui écrivit en ce temps-là sur cette matière, prétend que le droit de conférer n’est par proprement spirituel, mais qu’il est seulement attaché au spirituel. Votez Acosta, Hist. des Reven. Eccl.

Ce mot & les suivans, viennent de collator, collatitius, collatio.

COLLATIE. Ville ancienne d’Italie, que quelques-uns placent où est aujourd’hui Cervaro. Collatia. Elle étoit dans la première Région d’Italie sur le Tévérone, Anio, dans le chemin de Rivoli. On croit qu’elle fut bâtie par les Albains, sur les confins de Sabine. Tarquin le Superbe la rétablit, & leva pour cela de l’argent sur le peuple Romain ; ce qui fait croire à Servius sur l’Enéide VI, v. 773. que c’est de-là que lui vient son nom. Collatio en latin signifie un subside, un secours d’argent que le peuple donne. T. Live, L. I, C. 57 & 58, parlant de la bataille de Tarquin contre les Sabins, semble mettre cette ville dans le pays des Sabins ; car il dit que cette bataille se donna à la gauche du Tévérone ; mais il est contredit par Pline, L. III, C. 5, par Servius à l’endroit cité, & par beaucoup d’autres, qui disent que c’étoit une ville du Latium. Collatie subsistoit encore du temps de Cicéron, qui en parle dans sa première Oraison contre Rullus, & même du temps de Strabon, qui en fait aussi mention dans son Ve Livre ; mais qui ne l’appelle plus qu’un bourg, κώμη (kômè). Aujourd’hui il n’en reste que des ruines. C’est cette ville qui donnoit son nom à la porte de Rome qu’on nommoit Collatine.

COLLATIF, IVE. adj. Bénéfice qui est à la disposition seule d’une Collateur. Collatitius. Un Bénéfice purement collatif, dépend du Collateur seul, qui le confere à qui il lui plaît, en cas de vacance, pourvû que la personne ait les qualités requises, comme les Bénéfices vacans en régale, & autres Bénéfices simples, dont le Roi est le Collateur direct & absolu, en la place de l’Ordinaire ou du Pape. La desserte de la Chapelle de ce Château n’est pas un Bénéfice collatif, ce n’est qu’une Prestimonie. Un Bénéfice électif collatif, est un Bénéfice que ceux qui élisent conferent en même temps, sans avoir besoin d’autre provision, ni de confirmation du Supérieur. ☞ Au lieu qu’un Bénéfice électif confirmatif, est celui auquel on pourvoit par élection, qui doit être confirmée par le Supérieur.

COLLATIN, INE. adj. Collatinus, a. Le mont Collatin étoit une des sept Collines de l’ancienne Rome. Collatinus. C’étoit aussi le surnom d’une branche des Tarquins, qui fut donné à Lucius Tarquinus, neveu de Tarquin le Superbe, parce qu’il étoit originaire de Collatie, ou qu’il y avoit demeuré. La porte Collatine étoit une des portes de l’ancienne Rome. Collatina porta. La porte Collatine étoit la porte par laquelle on sortoit de Rome pour aller à Collatie, & c’est de-là que lui venoit son nom ; c’est ainsi qu’en plusieurs de nos villes nous appelons la porte de Paris, celle qui est du côté de Paris ; & de même la porte de Lyon, &c. à Rouen, la porte Beauvaisine, par où l’on va dans le Beauvaisis ; à Bourges, la porte Bourbonnois, celle par où l’on va dans le Bourbonnois ; à Paris, la porte de S. Denys, &c.

COLLATINE, s. f. Collatina. On croit que c’est une faute, & qu’il faut lire Collina dans S. Augustin. Voyez ce mot.

COLLATINE, s. f. nom que M. Baillet donne mal-à-propos aux Oblates de sainte Françoise. Collatina. L’an 1433, sainte Françoise assembla le jour de l’Annonciation de la sainte Vierge plusieurs filles & plusieurs veuves dans une maisons qu’on appelle encore la Torre de Specchi, ou la Tour des miroirs, dans la rue des Cordiers, au pié du Capitole, & au quartier de Campitelli. Ainsi le nom de Collatine que M. Baillet donne à ces Oblates, & qu’elles ne connoissent point, ne peut venir ni du quartier, ni de la rue où leur maison est située, comme cet Auteur le croit. P. Hél. T. VI, p. 210.

COLLATION, s. f. terme de matière bénéficiale. Prononcez les deux ll dans ce mot, & dans les deux qui suivent. Collatio. Titre, provision d’un Bénéfice ; acte par lequel le collateur confère un bénéfice. Si un Chanoine a eu la Collation du Pape, & sa partie la collation de l’Evêque, la question est de savoir quelle est la meilleure collation. En France la collation de l’Evêque est la plus favorable, & la plus conforme au droit commun. Par l’usage la collation, ou provision, qui est la première en date, l’emporte, parce qu’on prétend que le Pape a la prévention sur l’Ordinaire, du jour même de la vacance du Bénéfice pour la collation.

Collation signifie encore le droit de conférer un bénéfice vacant. Jus beneficii Ecclesiastici conferendi. Les Abbayes de Marmoutier, Cluni, S. Jouin-sur-Marne, sont les Bénéfices qui ont les plus belles collations. La collation du Pape est reconnue par toute l’Eglise Catholique. Il y a deux sortes de collations nécessaires. Les collations volontaires, sont celles qui dépendent de la seule volonté du Collateur, qui peut choisir qui bon lui semble pour remplir le Bénéfice vacant. Les nécessaires, sont celles que le Collateur ne confère point librement. Par exemple, si le Bénéfice a été résigné, ou permuté, & si la résignation, ou permutation a été admise par le Pape, alors le Collateur est obligé d’accorder des provisions au résignataire, ou au