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hommes peints. Desorte que les Grecs qui ont écrit Βρεττία & Βρεττάνια par un e & deux tt, ont mieux marqué le véritable nom de ces peuples que les Latins, qui disent Britannia.

Le Cap-Breton. Cap de l’Amérique septentrionale, sur la côte méridionale de l’Île du Cap-Breton, à laquelle il donne son nom, & qui est située dans la mer de Canada, entre l’Île de Terre-Neuve & l’Acadie. Caput Britonum.

Le Pertuis-Breton. Petit détroit de la mer de Gascogne, entre la côte septentrionale de l’Île de Rhé, & celle de Poitou. Fretum Britannicum. Maty. L’isle des Bretons, Île de l’Amérique, Britonum Insula, autrement l’Île du Cap-Breton.

L’Île du Cap Breton, aujourd’hui île Royale. Elle est distante de dix lieues du cap de Campseaux en Acadie ; elle a 80 lieues de tour, y compris l’Île de Sainte Marie, qui y est adjacente, & située ensorte qu’elle forme deux passages, l’un entr’elle & la terre ferme, appelé l’entrée du petit passage de Campseaux ; & l’autre est un intervalle de six lieues qui est entr’elle & l’Île du Cap Breton, par où l’on va du petit passage de Campseaux au fort St Pierre. Le trajet ne s’en peut faire que par des barques, encore faut-il bien prendre garde au chenal ou canal de l’entrée du petit passage. Allant le long de l’Île de Ste Marie dehors, l’on trouve une petite Île toute ronde à trois lieues de-là, nommée l’Île Verte. Pour y aller, il faut tenir le large ; la côte y est semée de rochers qui avancent une bonne lieue en mer, trois lieues durant. Cela passé, venant trouver l’Île Verte, il la faut laisser à droit, pour entrer dans la baie de Saint Pierre. L’on y mouille devant une pointe de sable un peu au large. Les vaisseaux ne peuvent approcher plus près de S. Pierre que de trois lieues : les barques y peuvent venir, mais il faut bien savoir le canal.

Sortant du port S. Pierre par le côté de Campseaux pour faire le tour de l’Île, tirant vers la partie orientale, l’on trouve l’Île Verte. De-là l’on va aux Îles Michaut, qui en sont à trois lieues. Ce sont des rochers que l’on nomme ainsi. La pêche de la morue y est bonne, & de-là au Havre l’Anglois on compte dix lieues : toute la côte n’est que rochers, & à l’entrée de ce Havre l’on trouve une Île qu’il faut laisser à gauche. Les navires étant dedans, sont en sureté. L’ancrage y est bon ; toutes les terres du dedans ne sont que côtes de rochers assez hautes ; au bas il y a un petit étang où l’on prend grand nombre d’anguilles : la pêche de la morue y est très-bonne.

A trois lieues de-là l’on trouve le port de la Baleine, qui est encore un bon havre, mais de difficile entrée, à cause de quantité de rochers qui s’y rencontrent. De-là on va au Fourillon qui est derrière le Cap-Breton. Le Cap-Breton n’est qu’une Île, & la partie de l’Île qui porte ce nom & qui regarde le sud-est, ce sont tous rochers, entre lesquels on ne laisse pas de mettre des navires à l’abri pour la pêche, qui y est très-bonne. Toutes les terres de ce pays-là ne valent guère, quoiqu’il y ait de beauc bois dans le haut des montagnes, comme bouleaux, hêtres & principalement sapins & quelques pins.

Passant plus avant, l’on trouve la rivière aux Espagnols, à l’entrée de laquelle les navires peuvent être en sureté. Il y a une montagne d’excellent charbon de terre à quatre lieues de la rivière. La terre y est assez bonne. De l’autre côté elle est couverte de bouleaux, érables, frênes, & quelque peu de chênes. Il s’y trouve aussi des pins & des sapins. Du haut de la rivière on traverse à Labrador, à travers de deux ou trois lieues de bois.

Sortant de la rivière aux Espagnols pour aller à l’entrée de Labrador, l’on fait trois lieues parmi des rochers, au bout desquels est l’entrée du petit Chibou ou de Labrador. En cette contrée il y a encore du charbon de terre. Là commence une grande baie qui va proche de Niganiche ; elle a huit ou dix lieues de large. Dans cette baie il y a force niches où les cormorans font leurs nods : en terre de toutes ces roches, à la droite, est le grand Chibou, qui est l’entrée du havre de Sainte Anne.

Entrant dans la baie, il y a de plus grandes Îles, où les sapins sont plus beaux, & en tout cet espace de dix-huit lieues, ce ne sont qu’Îles dont on ne sait point le nombre, & le gibier y abonde de toutes parts. Il y a un passage de l’une des pointes à l’autre de la baie, entre ces Îles, pour une chaloupe & pour une barque ; mais il faut bien savoir le chemin pour y passer. Cette baie a bien près de quatre lieues de profondeur, & plusieurs rivières qui descendent dedans ; elles sont petites ; ce ne sont presque que de gros ruisseaux par où les Sauvages vont & viennent, ils y sont en grand nombre, à cause de la chasse qui est bonne dans le haut des terres, y ayant des montagnes toutes remplies d’orignaux. Il ne laisse pas d’y avoir de beaux bois, de bonne terre, & des endroits beaux & agréables. Denis. P. 1, C. 4.

Sortant de-là, allant à Niganiche, l’on passe huit lieues de côtes de roches extrêmement hautes & escarpées, comme une muraille ; & Niganiche qui est à deux lieues de la pointe ne vaut guère non plus. Du Fourillon au Cap Breton il peut y avoir vingt à vingt-deux lieues jusqu’à Niganiche, & de-là au cap de Nord cinq à six lieues, toutes côtes de rochers. Il y a place au cap du nord pour un navire, qui peut y faire sa pêche. Du Chadye au cap du nord il y a environ quinze à seize lieues : toute cette côte là n’est que rochers couverts de sapins, mêlés de quelques petits bouleaux : il s’y trouve quelques anses de sable, où à peine se peut retirer une chaloupe. Cette côte est dangereuse.

De Chadye continuant sa route le long de la côte qui sont montagnes de roches jusqu’à quatre lieues de-là, l’on trouve une petite Île vis-à-vis d’une anse de sable, propre à mettre des chaloupes à couvert. Dans cette anse il y a une montagne de pierres noires, dont les Charpentiers se servent à marquer leurs ouvrages : elle n’est pas des meilleures, étant un peu dure. Après avoir fait encore huit lieues de côtes, l’on trouve des terres basses & plattes, couvertes de bois de toutes rotes, comme frênes, bouleaux, hêtres, érables, pins & sapins ; mais tous ces bois-là ne sont pas des plus beaux. De-là on entre dans une petite rivière à chaloupe, où l’on pêche force saumons. Il y a une mine de charbon de terre ; on dit qu’il y a aussi du plâtre. Le bois est assez beau en cette rivière, & le terrein n’en est pas montagneux. De l’embouchure de cette petite rivière jusqu’à l’entrée du petit passage de Campseaux, du côté du nord, il n’y a que trois lieues, & de-là à l’autre entrée du côté du sud environ dix lieues, où j’ai commencé pour faire le tour, & c’est où finit le circuit de cette Île du Cap-Breton, à laquelle on donne communément quatre-vingt lieues de tour, dont la circonférence & le dedans ne contiennent presque que des montagnes de roches ; mais ce qui la fait estimer, sont les ports & rades où les navires se mettent pour faire leur pêche. Le maquereau & le hareng donnent fort autour de l’Île. Cette Île a encore été estimée pour la chasse à l’orignac. Il s’y en trouvoit autrefois grand nombre, mais à présent il n’y en a plus : les Sauvages ont tout détruit, & l’on abandonnée, n’y trouvant plus de quoi vivre. Ce n’est pas que la chasse du gibier n’y soit bonne & abondante ; mais cela n’est pas suffisant pour leur nourriture, outre qu’il leur en coute trop de poudre & de plomb ; car d’un coup de fusil dont ils abattent un orignac, ils ne tueront qu’une outarde ou deux, quelquefois trois ; & cela ne suffit pas pour les nourrir avec leur famille.

Breton. s. m. Coquille blanche & inégale, qui s’emploie aux ouvrage de rocailles.

BRETONNE. s. f. On a donné ce nom particulier à ce qu’on appelle en général Capote, qui, suivant l’explication qu’en a donné l’Académie-Françoise dans la troisième édition de son Dictionnaire, est