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COA

CNIDIENNE, adj. f. Baies cnidiennes. Cnidia grana. Hippocrate les ordonne en qualité de purgatif. Les Botanistes modernes ne sont point d’accord sur la plante qui donne ce fruit : mais la plûpart croient que c’est la Thymelæa foliis lini. C. B. P. D’autres croient au contraire que les grana cnidia sont le fruit du mezereon, &c. Dict. de James.

CNU.

CNUPIS, s. m. c’est le même que Cneph. Voy. Cnef. Strabon dit, l. 17 que Cnuphis avoit un Temple dans la ville de Siene dans la Thébaïde.

CO.

☞ CO. Préposition ou particule qui se met au commencement de quelques-uns de nos mots, comme co-accusé, co-adjuteur, &c. Elle s’est formée de com ou con, dérivé du latin cum avec. Voyez Con.

CO ou COS, nom ancien d’une Île de la Mer Egée, ou de l’Archipel, sur les côtes de la Carie, & assez voisine de Rhode. Co, & Coos, ou Cos. L’Île de Co avoit 550 stades de tour. C’est la patrie d’Hippocrate. Elle étoit très-fertile & très-renommée pour ses vins, & ses étoffes de soie, si fines que l’on voyoit au travers tout ce qu’elles couvroient, dit Arcon sur le 101 vers de la seconde Satyre du I. Liv. d’Horace. Il y avoit un Temple fameux d’Esculape, & une très-belle statue de Vénus qu’Auguste fit apporter à Rome.

Bochart tire ce nom du Phénicien קו, Cau, Cox, Co, qui signifie un fil délié. Il prétend que les Phéniciens la nommèrent ainsi à cause des étoffes dont nous avons parlé. Il dit même que les Phéniciens l’ont habitée autrefois. Sa preuve est que dans Etienne de Byzance, il y a une ville de Co qui s’appelle Ἀστυπάλαια, & il ne doute point qu’elle n’ait été ainsi nommée de Astipalæa, fille de Phénix. On peut ajouter deux raisons prises des médailles de cette Île ; car 1o. leur inscription se lit de droit à gauche, à la phénicienne : 2o. les lettres ont quelque ressemblance avec le caractère phénicien. L’Île de Co s’appelle aujourd’hui Stanchio.

CO, herbe qui croît dans la Province de Fokien à la Chine, & dont on fait une toile appelée Copou, qui est la plus estimée qui soit dans tout l’Empire. P. le Comte, T. I, p. 301.

COA.

COA, s. f. plante à laquelle le P. Plumier a donné ce nom en mémoire d’Hippocrate surnommé Coüs, parce qu’il étoit né dans l’Île de Crete. Elle croît à la hauteur de cinq à six piés ☞ elle est toujours verte, & produit une fleur d’une seule pièce faite en forme de cloche, du calice de laquelle sort un pistil découpé en plusieurs parties, & enfoncé comme un clou dans la partie postérieure de la fleur. Ce pistil se change en un fruit composé de trois autres fruits membraneux à deux paneaux, & divisés en deux loges qui contiennent des semence aîlées. Cette plante est fort commune dans l’Amérique, sur tout aux environs de Campeachi.

COAC, vieux terme burlesque d’une seule syllabe, pour dire, c’en est fait. Actum est.

Coac, elles tombent à l’envers. Marot.

COACCUSÉ, s. m. terme de Palais. Accusé avec un ou plusieurs autres. Ce qui contribua à la condamnation des Juges de Mante, c’est qu’ils se justifièrent dans leurs Mémoires les uns aux dépens des autres, & crurent se blanchir en noircissant leurs coaccusés. Causes célèbres, t. 4, p. 236

COACTIF, IVE, adj. v. Coactivus, cogendi vim habens. Qui a droit de contraindre. Qui peut légitimement se faire obéir par sa force. Pouvoir coactif. On s’en sert en Théologie & en Droit Civil. Quoique l’Eglise puisse faire des loix en matières spirituelles, & en presser l’exécution par l’usage des censures, elle n’a point proprement de pouvoir coactif dans le sens que nos Théologiens & nos Casuistes emploient ce terme, c’est-à-dire, pour le pouvoir de se faire obéir par la force, & ce pouvoir réside seul dans les Princes. Le P. Courayer.

On le dit quelquefois au féminin dans le Droit. Force coactive, qui en vient à la voie de fait contre la personne, pour la contraindre d’obéir à ce que la Justice commande. De Courtin. Une loi a une force coactive & directive, un conseil n’a qu’une force directive.

COACTION, s. f. terme dogmatique. Contrainte, force qui entraîne, qui contraint un agent naturel de faire quelque chose, ou qui l’empêche de la faire. C’est plus précisément une action sur la volonté qui en ôte ou diminue le libre exercice. Coactio. La liberté même dans l’état présent de la nature corrompue, exclut non-seulement la coaction, mais encore toute sorte de nécessité antécédente. Voyez Liberté.

COADJUTEUR. s. m. Prélat qui est adjoint à un autre pour lui aider à faire les fonctions attachées à sa prélature, & qui lui succède en vertu du même titre. Adjutor, Vicarius & Successor designatus. Le Coadjuteur a les mêmes prérogatives que l’Evêque même. Le Roi donne des Coadjuteurs aux Archevêques, & Evêques vieux, ou absens, qui ne peuvent pas vaquer à régler leurs Diocèses. Les Coadjuteurs sont nommés Evêques in Partibus Infidelium, parce qu’il faut que le Coadjuteur d’un Evêque soit Evêque : autrement il ne pourroit pas faire les fonctions épiscopales ; comme donner les Ordres, confirmer, &c.

L’Eglise a pris de l’Empire Romain l’usage de donner des Coadjuteurs. Symmachus, l. 10, ep. 56. parle des Aides, ou Coadjuteurs que l’on donnoit aux Magistrats, & il les appelle Adjutores publici Officii.

L’usage des Coadjuteurs est aboli en France à l’égard des Canonicats, des Prébendes & Prieurés, des Cures & des Chapelles. Il y a eu néanmoins de très-grandes difficultés pour les Canonicats & les dignités des trois Evêchés qui sont Metz, Toul & Verdun, & même pour la Bretagne ; comme ces lieux-là ne sont point compris dans le Concordat, les Papes accordent quelquefois des Bulles de Coadjutorerie, ce qui est une véritable réserve contraire au Concile de Trente & aux Libertés de l’Eglise Gallicane ; aussi quand on appelle comme d’abus de ces sortes de Bulles aux Parlemens, elles sont déclarées nulles & abusives.

Le droit de faire des Coadjuteurs appartient au Pape seul, qui doit examiner s’il y a de véritables raisons pour les établir, parce que l’ancien Droit y est contraire ; de plus le Concile de Trente, sess. 25, de Refor. c. 7, condamne tout ce qui a la moindre apparence de succession héréditaire dans les Bénéfices. Il ajoute néanmoins cette restriction, que si la nécessité des Eglises Cathédrales & des Monastères, ou une utilité manifeste demandent qu’on leur donne des Coadjuteurs, on leur en accordera. S. Grégoire, Liv. XI, ép. 7, veut bien qu’on donne un Coadjuteur à un Evêque malade, & qui ne revenant point en son bon sens ne peut demander un successeur, & se démettre ; mais il ne veut point qu’on l’ordonne du vivant de cet Evêque, tout incapable qu’il est de faire les Ordinations ; mais seulement après sa mort ; & qu’en attendant les ordinations se fassent par le Métropolitain de cet Evêque malade.

Ce mot est tiré du Latin, coadjutor, de coadjuvo, qui ne sont point en usage.

Coadjuteur est aussi un aide dans le ministère & gouvernement ecclésiastique : ce qui a lieu dans plusieurs Maisons Religieuses. Adjutor.

Les Coadjuteurs étoient chez les Jésuites ce qu’on appelle Frere Laïcs dans les autres Communautés. Il y en a de deux sortes : les Coadjuteurs spirituels, & les Coadjuteurs temporels. Les premiers sont les