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CLA

quences. Perspicacia, perspicacitas. Ce mot vient de clarè & de video. Il est vieux & peu usité.

CLAIR-VOYANT, ANTE ; ad. Qui a l’esprit fin & pénétrant, qui pénètre les choses, qui est d’abord au fait, & ne se laisse pas tromper. Perspicax, lynceus. Rien n’échappe à l’amour ; il rafine sur tout, & il sait tromper es plus clair-voyans. Bouh.

Inspirez à ce digne Roi
Avec l’amour de votre loi,
Et l’horreur de la violence,
Cette clair-voyante équité,
Qui de la fausse vraisemblance
Sait discerner la vérité. R.

☞ L’homme éclairé, dit M. l’abbé Girard, ne se trompe pas, il sait. Le clair-voyant ne se laisse pas tromper, il distingue. L’étude rend éclairé ; l’esprit rend clair-voyant. Un Juge éclairé connoît la justice d’une cause ; il est instruit de la loi qui la favorise ou qui la condamne. Un Juge clair-voyant pénètre les circonstances & la nature d’une cause ; il est d’abord au fait, & voit de quoi il est question.

Voltaire, dans ses Remarques sur Nicomede, à propos de ce vers,

Que les plus clair-voyans y sont bien empêchés :


Observe que le mot clair-voyant est aujourd’hui banni du style noble. On ne dit pas non plus, être empêché à quelque chose. Cela est à peine souffert dans le comique.

☞ CLAISE, (LA) ou LA CLAIZE, rivière de France dans le Berri, entre dans la Touraine, & se perd dans la Creuse, un peu au dessus de la Haye.

CLAM, s. m. terme de jurisprudence coutumière. Plainte, ajournement. Ce mot est vieux & hors d’usage. C’est de-là qu’est venu clameur de haro, & l’ancien verbe clamer.

Clam signifie en Dauphiné, la citation ou cri public, que l’on fait d’un absent ou contumax.

Clam. Dans le commerce, c’est le plus petit de tous les poids dont on se sert dans le royaume de Siam. Il pèse douze grains de riz.

☞ CLAMABLE, adj. terme de coutume. Dans la Coutume de Normandie, il signifie ce qui est sujet à retrait.

☞ CLAMANT, dans la même coutume, signifie celui qui fait un retrait seigneurial, lignager ou conventionnel. Dans d’autres coutumes, il signifie le saisit-faisant ou le saisissant, & même le demandeur.

CLAME, s. f. manteau de Pélerin. Vieux mot, formé du latin chlamys.

CLAMECI, petite ville de France dans le Nivernois, sur la rivière d’Yonne. Clumeciacum, Clumiciacum. C’est dans un fauxbourg de Clameci, que réside l’Evêque de Béthléem. L’an 1223, lorsque les Infidèles eurent chassé les Chrétiens de la Terre-Sainte, Raynaud, Evêque de Béthléem, en Palestine, suivit Gui, comte de Nevers, qui revenoit en France. Ce Seigneur lui donna l’administration de l’hôpital de Clameci ; & depuis on établit en ce lieu, un titre d’Evêque de Béthléem, à la nomination des Comtes & Ducs de Bevers, & qui subsiste encore.

CLAMER, v. a. vieux mot. Appeler, nommer. Appellare, nominare, nuncupare, inclamare.

Tel se fait maître aux arts clamer,
Qui n’entend ni texte, ni glose. Le M. Alexis.

Clamer vient du latin Clamare.

Clamer, demander ou redemander comme chose qui est à soi. Je vous clame tuite ce qui remaint en la nef dou mien.

Où ton droit est, je n’y claim rien,
Mais laisse-moi venir le mien. G. De Guigneville.

Clamer, dans la Pratique, signifioit autrefois publier, comme on fait aux annonces publiques & proclamations. Il est encore en usage en Normandie, où il signifie retirer à droit lignager, ou à droit féodal. On peut clamer dans les 30 ans, si le contrat de vente n’a pas été lu à l’issue de la Messe Paroissiale : autrement il faut clamer dans l’an & jour. Reclamare. On disoit autrefois clamer droit ; pour dire, prétendre & demander quelques droits. Petere vindicias rei cujuspiam à judice, petere sibi adjudicari vindicias alicujus rei. Il signifioit aussi faire saisir les biens ou deniers de son débiteur forain, & se clamer en Cour suzeraine ; pour dire, s’adresser à la Cour supérieure. Debitoris bona apud Supremum Judicem postulare, vindicare. On disoit autrefois clin, clain, ou clameur, pour dire, une demande & ajournement fait en justice, ou une saisie. Postulatio vadimonii, fortunarum debitoris, & quelquefois pour une peine ou une amende, sur-tout en fait de bêtes prises en dommage. Pecuniæ multatitiæ. C’est de ce mot qu’on a fait declamer, réclamer, acclamation, &c.

Ce mot vient de clamare, qui signifie appeler, crier. Voyez au mot Clameur.

Clamée, ée, part.

CLAMESI, s. m. Sorte de petit acier commun qui vient du Limousin ; il n’y en a point de si bas prix que celui-là. Il se vend par carreaux ou billes de quatre pouces de long ou environ.

☞ CLAMEUR. s. f. Du Latin clamor, oris, clamare, crier, κλαζῶ (klazô) clamo. Ce mot signifie un grand cri. Clameur publique, clameur universelle. Cela excita la clameur publique, de grandes clameurs, les clameurs de la populace. Il se soucioit peu des murmures impuissans & des vaines clameurs d’une populace désarmée. S. Evr.

Clameur, en termes de Jurisprudence, a différentes significations.

C’est quelquefois demande, quelquefois saisie, exécution, contrainte.

Clameur de haro, est une complainte ou réclamation par laquelle on implore le secours de la Justice, contre la force & l’oppression d’autrui. Appellatio ad Principem ad opem il lite ferendam. Du Moulin l’appelle Quiritatio Normannorum. Elle est expliquée par le titre second de la Coutume de Normandie. Le haro a la même force que l’interdit Retinendæ possessionis : celui sur lequel on a crié le haro, est obligé de cesser l’entreprise ; alors le demandeur mene le défendeur devant le Juge, particulièrement en matiere possessoire & provisoire ; & là ils donnent respectivement caution, l’un de poursuivre le haro, & l’autre de le défendre : & cependant la chose est sequestrée en main tierce, & le Juge ne peut vider la clameur de haro sans amende. Cette clameur de haro est en usage en Normandie depuis la conquête de Raoul, que l’on prononçoit Roul & Rou, ou comme écrit Du Moulin dans son Histoire de Normandie, Rhou, de sorte que haro s’est formé de Hal-Rhou, qui étoit le cri par lequel on réclamoit ce Prince. Voyez Du Moulin cité Liv. I, c. 9. Il semble qu’on a dit autrefois Clameur de harou, au lieu de haro ; car le même Historien rapporte, Liv. VII, c. 20. n. XXII, qu’aux funérailles de Guillaume le Conquérant, un nommé Ascelin, fils d’Artur, Maréchal, d’autres disent, soldat, se leva, & à haute voix fit cette plainte contre le Roi défunt. Cette place en laquelle vous voulez maintenant donner sépulture à ce corps, a jadis été celle de la maison de mon pere, laquelle ce Prince pour lequel vous priez, lui ôta par force… C’est pourquoi je querelle & reclame publiquement cette terre, & vous défends à peine de clameur de Harou d’enterrer le corps de cet usurpateur dans mon héritage. L’amour que ce Raoul avoit pour la justice, faisoit reclamer son nom par ceux qui se sentoient opprimés par la violence. Mais tout ceci n’est pas sans difficulté. Voyez