Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/603

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
595
CIN

CIN.

CINABRE & CINNABRE. s. m. Vermillon, couleur rouge. Cinnabaris. Plusieurs ont cru que le cinabre n’est autre chose que le sang de dragon, qu’on recueille lorsque le dragon & l’éléphant se battent ensemble, comme disent Solin, Pline & Isidore ; mais c’est une fable réfutée par Dioscoride & par Scaliger : Dioscoride n’a pas expliqué ce que c’étoit que le cinabre ; la plûpart des Modernes croient qu’il a entendu la larme d’un arbre qui vient en Afrique, laquelle est d’un très-beau rouge, & qu’on appelle sang de dragon. Ce qu’on nomme à présent cinabre est toute autre chose.

☞ Les Naturalistes entendent par cinabre un demi-métal qui se forme naturellement, & qui renferme le mercure : on le distingue en naturel & en artificiel.

Le cinabre naturel ou minéral est un mêlange de mercure & de soufre, qui se sont sublimés ensemble par le moyen de quelque chaleur souterraine : il est d’une très-belle couleur rouge. On le trouve dans les veines des mines d’argent, & sa couleur est plus ou moins haute, & selon la pureté du minéral, & selon le lieu où sont ces mines. On en apporte de Hongrie, de Transilvanie, de plusieurs endroits d’Allemagne ; mais le plus beau se trouve dans la Carinthie. C’est un bon remède dans les maladies vénériennes, & dans plusieurs autres qui sont causées par des sérosités âcres.

M. Adam Hofsheter, premier Médecin du Roi de Dannemark, a donné au public l’analogie du cinabre naturel, qu’il prétend être un remède salutaire en plusieur occasions. M. Jean Godefroy de Beker, premier Apoticaire du même Roi, a regardé ce sentiment comme une opinion dangereuse, & a publié un écrit pour montrer les maux que le cinabre naturel peut produire dans le corps humain. Il prétend qu’on espère en vain à force de lotions ôter au cinabre sa malignité arsénicale ; qu’il s’est assûré par plusieurs expériences, qu’on tire du vif argent de tout cinabre, & qu’on n’en sépare le soufre arsénical que par le feu.

Le cinabre artificiel, est un mêlange d’un quart de soufre & de trois parties de vif argent sublimés. On prend une partie de soufre, qu’on fait fondre dans une grande terrine : on y mêle peu-à-peu trois parties de mercure coulant : on remue le tout, & on le tient en fusion jusqu’à ce qu’il ne paroisse plus de mercure. On pulvérise alors ce mêlange, & on le met sublimer dans des pots à feu ouvert & gradué. Par ce moyen on a une masse dure & d’une couleur très-rouge, qui sert au même usage que le cinabre naturel. On prépare aussi un cinabre d’antimoine, qui est fait avec le vif argent & le soufre d’antimoine.

On dit, révivifier le cinabre.

Ce mot vient du grec κινάϐρα (kinabra), qui signifie l’odeur des boucs, une odeur insupportable, parce qu’au rapport de Mathiole, lorsqu’on tire de terre une espèce de cinabre fossile, il jette une odeur si forte & si desagréable, qu’on est obligé de se boucher le nez, & de se couvrir le visage, de peut d’être infecté.

Vossius, dans son étymologie, écrit cinnabari. Καννίϐαρι (Kannibari), qui est un mot indien que l’on trouve dans Pline, liv. 33, c. 7, dans Hésychius, dans Théophrate, περὶ λίθων (peri lithôn), & dans Dioscoride, l. 5, c. 110. Ce mot dans la langue des Indiens, signifie sang de dragon. Arien, in Periplo, dit que c’est la gomme d’un arbre indien.

CINÆDUS. s. m. Nom d’un oiseau dont Galien ordonne de se frotter les paupières, lorsqu’on en a fait tomber les poils trop longs, comme il arrive dans le trichiasis. Galien de comp. Med. S. L. Liv. IV, cap. 8. C’est un oiseau de mer, qu’il est très-difficile d’avoir.

☞ CINALOA. Province de l’Amérique septentrionale au Mexique, sur la côte orientale de la mer de Californie.

CINAMOME. Voyez Cinnamome.

☞ CINAN. Grande ville de la Chine, première métropole de la Province de Channton. Elle a trente cités dans son territoire. Elle est de 30′ plus orientale que Peking. Lat. 37°.

CINCELIER. s. m. Pulvinus, Pulvillus. Ce mot est hors d’usage, il veut dire, un coussin, un oreiller, un canape. On a dit aussi cuicelier pour cincelier.

CINCENELLE. s. f. Terme de rivière. C’est une corde de médiocre grosseur, qui sert aux bateliers à remonter leurs coches & bateaux, une espèce de petit cable. Funis nauticus.

CINCHEU. Voyez Cingcheu.

CINCHEU. Grande ville de la Province de Quangsi à la Chine, capitale d’un territoire de même nom. Elle est de 8° plus occidentale que Peking, par les 33° 55′ de lat.

CINDIADE. adj. f. Terme de Mythologie. Surnom de Diane. La statue de Diane Cindiade, dit Polybe, avoit cela de singulier ; que quoiqu’elle fut à l’air, il ne pleuvoir ni ne neigeoit jamais dessus. On n’est pas obligé de croire Polybe sur sa parole.

CINDRE & SINDRE. Nom d’un instrument de Charpentier. Ce mot est formé de centrum.

CINÉFACTION. s. f. Opération de Chimie. Voyez Cinération. C’est la même chose. Mais ce dernier est plus usité.

CINÉFIER. v. a. Réduire un corps en cendres par la violence du feu. Cinefacere. Il n’est pas en usage.

CINÉRAIRE. adj. Qui appartient à la cendre. On ne le dit qu’en parlant des urnes qui renfermoient des cendres. En creusant la terre au village d’Alleaume, proche de Valognes en Normandie, vers la fin du XVIIe siècle, on trouva des urnes cinéraires. Supplément du Mercure de Mai 1722.

☞ On appeloit urnes cinéraires, celles où étoient renfermées les cendres qui entroient dans la poudre dont se servoient les femmes chez les Romains.

☞ Et l’on appeloit cinéraires, s. m. un domestique occupé à friser les cheveux & à préparer ces cendres. Cinerarius.

☞ On appeloit aussi cinerarium, le tombeau, l’urne où l’on renfermoit les cendres d’un corps.

CINÉRATION. s. f. Terme de Chimie. C’est la réduction du bois, ou autres corps combustibles, en cendres, par la violence du feu. Solutio in cineres, cinefactio. On l’appelle aussi cinéfaction.

☞ CINÉTINIQUE. s. f. La science du mouvement en général, dont la méchanique n’est qu’une branche. Encyc.

☞ CINGCHEU ou CINCHEU. Grande ville de la Province de Channton à la Chine. Elle a quatorze villes dans son département. Elle est d’un degré plus orientale que Peking. Lat. 26° 36’.

CINGLAGE ou SINGLADE. s. m. Terme de Marine, qui signifie le chemin qu’on croit qu’un vaisseau fait en 24 heures. Spatium quod intra viginti quatuor horas navis decurrit. C’est plutôt le chemin que fait le vaisseau, ou qu’il peut faire en 24 heures. Il signifie quelquefois le loyer des gens de mer. Naulus.

☞ CINGLAIS ou CINGLOIS. Canton de France en Normandie, entre Falaise & la rivière d’Orne.

CINGLEAU. s. m. Terme d’Architecture. C’est une espèce de cordeau qui sert pour trouver & décrire la diminution des colonnes.

CINGLER. v. n. Naviguer avec un vent favorable, & à pleines voiles. Courir sur une route quelconque. Passis velis ferri, invehi. Il vient du latin cingulare. Il cingla avec cent voiles vers les Îles. Cingler en haute mer à pleines voiles. Bouh. Cingler en haute mer, à l’est, à l’ouest.

Cingler est aussi un verbe actif, & signifie fouetter, frapper avec une houssine, avec une corde ; en général avec quelque chose de délié & de pliant. Ce Cocher lui a cinglé le visage d’un coup de fouet, d’une houssine.