Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/571

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
563
CHR

toit pas le Chef de l’Eglise, ils répondoient qu’il étoit le Chef de l’Eglise de Rome, autrement de saint Pierre ; mais qu’il ne l’étoit pas de l’Eglise de saint Thomas, qui avoit été leur Apôtre. Mais nonobstant ce zèle pour leur religion, & la soumission qu’ils avoient pour leur Patriarche de Babylone, l’Archevêque Ménésès travailla fortement à les réduire sous la puissance du Pape, & à leur faire voir les erreurs où ils étoient. Il assembla pour cela un Synode en 1599, le 20 de Juin, où se trouvèrent les Députés des Nestoriens, afin de délibérer avec lui sur toutes les choses qui regardoient la Religion. Le Sieur de Moni, dans son Histoire de la Croyance & des Coutumes des Nations du Levant, a rapporté & examiné tout ce qui fut arrêté dans ce Synode. Voyez Nestoriens.

Chrétien. (Bon) Arbre & fruit. Voyez Bon. On lui donne par tout le surnom de bon, à la réserve du Poitou, qui se contente de l’appeler la poire de Chrétien. La Quint.

☞ CHRÉTIENNÉ, ÉE. Du vieux verbe chrétienner. Celui qui est rendu Chrétien. Après avoir été chrétienné, il lui fit serment de fidélité. Ras. de Pasquier. L. B.

CHRÉTIENNEMENT. adv. D’une manière chrétienne. Ut Christianum decet. Il faut pardonner les injures, quand on veut vivre chrétiennement.

C’est en vain qu’un Docteur, qui prêche l’Evangile,
Mèle chrétiennement l’agréable à l’utile,
S’il ne joint un beau geste à l’art de bien parler. Vill.

CHRÉTIENTÉ. s. f. Prononcez en comme dans mien. Tout le pays habité par les Chrétiens. Christianus orbis. ☞ On entend par ce mot la collection générale de tous les Chrétiens répandus sur la surface de la terre, sans avoir égard aux différentes opinions qui peuvent diviser ce corps en sectes particulières. Hors de l’Eglise Romaine il y a des sociétés qui portent le nom de chrétienté. Les Turcs ont toujours tâché de troubler le repos de la chrétienté, ont envahi plusieurs terres de la chrétienté. Ce sont les seuls par qui nous gouvernons la chrétienté. Pasc. Le Vendredi toutes les Mosquées sont fréquentées comme en la chrétienté les Eglises aux grandes fêtes. Du Loir. p. 139.

Il y a au pays du Maine, & ailleurs, un Doyenné qu’on appelle Doyenné de Chrétienté, comme on voit dans le Pouillé des Bénéfices. C’est ainsi qu’on a appelé autrefois la Cour de l’Eglise, Cour de Chrétienté, tant en parlant de la Juridiction que de l’Auditoire. On a dit aussi qu’un enfant avoit Chrétienté, quand il avoit le Baptême.

On dit proverbialement, Dieu bénisse Chrétienté, quand on fait comparaison d’un animal à un homme. On dit aussi, en style populaire, de celui qui n’a que de mauvaises semelles à ses souliers, à ses chausses, ou qui marche nus piés, qu’il marche sur la chrétienté ; pour dire, sur le pavé, ou sur la chair de ses piés.

CHRIE. s. f. Terme de Rhétorique. C’est une narration courte & concise, mais cependant forte, vive & oratoire. Chria. Ce Professeur a donné une chrie à faire à ses écoliers. Les ordres qu’il donna à ses gens, & les discours qu’il tenoit dans son Domestique, étoient des Enthymêmes, des chries & des Apostrophes. Huet. Ce mot est grec, & vient de χρεία (chreia).

CHRISMAL. s. m. Chrismale. Vaisseau dans lequel les anciens Moines, portoient sur eux de l’huile bénite, pour en oindre les malades, quand ils sortoient. Il en est parlé dans la Régles de S. Colomban. Chrismal signifioit aussi quelquefois un Reliquaire. Felury.

CHRISMATION. s. f. Action d’imposer le chrême. Cérémonie de l’Eglise par laquelle un Ministre des Autels impose le saint Chrême. Chrismatio, Chrismatis imposition. La chrismation, selon le plus grand nombre des Théologiens, est la matière prochaine du Sacrement de Confirmation. Voyez le Concile de Laodicée vers l’an 364, Can 7 & 47. Le second de Séville, can. 7, celui de Florence, in Decret. ad Armem. celui de Trante, Sess. VII, can. 2. Innoc. I. ep. I, c. 3. &c. La chrismation qui se fait au Baptême se fait par le Prêtre, celle de la Confirmation se fait par l’Evêque. Ce mot ne se dit que de ces deux Sacremens ; pour celui de l’Ordre, nous disons Onction.

Ce mot vient de Chrismatio, qui vient de χρῖσμα (chrisma) chrême.

☞ CHRIST. Ce mot, suivant sa propre signification, veut dire oint, qui a reçu quelque onction. Il s’applique par excellence au Sauveur du monde, & c’est un nom qui lui est devenu propre. On le fait presque toujours précéder du nom de Jesus. Nous avons été rachetés par le sang de J. C. Alors l’s du mort Jesus et l’st du mot Christ ne se font point sentir, & l’on prononce Jesus-Christ. Il n’en est pas de même quand le mot Christ est seul.

☞ On dit, en parlant de tableaux, un Christ ; pour dire, une figure de J. C. attaché à la croix, Crucifix. Christi effigies, imago. Voilà un beau Christ. Quelquefois on distingue entre Crucifix & Christ. Le Crucifix est le total, composé de l’image de la croix & de celle du Sauveur ; le Christ est l’image seule du Sauveur, détachée ou indépendante de la Croix. Le Christ de cette Croix est d’une grande beauté.

Quelquefois on se sert du mot Christ seul par antonomase ; pour dire, celui qui est envoyé de Dieu, qui est oint, comme Jesus-Christ, David, un Roi, un Pontife, un Prophète, &c. Alors les paroles du discours doivent déterminer ce mot, & lui faire signifier ce que celui qui parle veut faire entendre.

La Congrégation du Corps de Christ. Nom d’un Ordre Religieux fondé en 1328, par D. André Paolo d’Assise, Clerc régulier, avec la permission d’Alexandre Vincioli de pérouse, Evêque de Nocéra en Ombrie, qui lui accorda une petite Eglise proche Gualdo, dans un lieu appelé la Bonne Mere. Il donna à cette Eglise le nom de Corps de Jesus-Christ, & lui fit bâtir un Monastère qui devint chef d’une Congrégation de Religieux qui faisoient profession de la règle de S. Benoît, & avoient des constitutions particulières, qui leur furent données par la Fondateur, & approuvées par cet Evêque de Nocera. Il les obligea à porter le Saint Sacrement dans les processions solemnelles, & à célébrer la fête du Corps de Jesus-Christ avec beaucoup de piété & de pompe, pour exciter les Fidèles au culte de cet adorable Sacrement. Urbain IV, & Martin V, donnèrent beaucoup d’indulgences à la même fin. Grégoire XI approuva cet Ordre le 5 Juillet 1377. Boniface IX le confirma en 1393, & lui accorda les privilèges & les indulgences de l’Ordre de Cîteaux. Le P. Hélyot, T. VI, c. 25.

Il y a eu aussi des Religieuses du Corps de Christ. Elles commencèrent l’an 1379 à Foligny. Boniface IX leur accorda beaucoup d’indulgences & les confirma les années 1398, 1399 & 1410. En 1404, elles embrassèrent les observances de l’Ordre du Corps de Christ, ce qui fut confirmé par l’Evêque de Foligny, & approuvé par Boniface IX. L’an 1461 le Général de l’Ordre de Christ ayant renoncé à sa juridiction sur ce Monastère, Pie II le soumit à l’Evêque de Foligny. P. Hélyot, ibid.

L’Ordre de Christ est un Ordre militaire fondé l’an 1318 par Denis I, Roi de Portugal, pour animer sa Noblesse contre les Maures. Ordo militaris à Christo dictus. Le Pape Jean XXII le confirma en 1320, & donna aux Chevaliers la règle de S. Benoît. Alexandre VI leur permit de se marier. Il a été depuis inséparablement réuni à la Couronne, & les Rois de Portugal ont pris le titre d’administrateurs perpétuels de cet Ordre. Les Chevaliers