Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
BRA — BRE

avec tout le monde, & badinoit sans faire le moindre mal à personne ; mais une jeune fille ayant un jour voulu badiner avec lui d’une manière un peu trop familière, & contraire aux loix de la nature, l’ours se jeta sur elle & la mit en pièces. Ses freres vengèrent sa mort sur le meurtrier. Cette vengeance fut suivie d’une peste horrible qui désola toute l’Attique. Pour en faire cesser les tristes effets, on abandonna à Diane, suivant la réponse d’un Oracle, plusieurs jeunes filles, pour appaiser la colère que lui avoit causé la mort de son ours, & l’on fit une loi qui défendoit à aucune fille de se marier, sans avoir servi de Prêtresse à la Déesse. Harpocration & Hésychius nous apprennent que ces jeunes filles étoient appelées Ἄρϰτοι, ursæ ; & l’initiation Ἀρϰτεία, qu’Aristophane nomme Δεϰετείς, à cause qu’il ne falloit pas avoir plus de dix ans, pour être mise au nombre des filles consacrées à Diane.

BRAY. s. m. Vieux mot, qui signifioit autrefois, fange, boue. Lutum ; & dans la basse latinité, Braïum. C’est de-là que le nom de Bray a été donné à tant de lieux en France. Le pays de Bray, Braïum, petit pays en Normandie, très-mauvais & très-fangeux dans le temps de pluie. Il est situé entre le pays de Caux, le Comté d’Eu, le Vexin Normand, le Vexin François, & les Diocèses d’Amiens & de Beauvais. Voyez la Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. pag. 52. Le Livre des miracles de S. Bernard parle du château de Bray, ce qui signifie, dit-il, boue, fange. Castrum Braïum, quod lutum interpretatur. C’est Bray sur Seine dans le Sénonois. Dans la Chronique du Monastère de S. Pierre le Vif dans le Sénonois, il est appelé Braïcus, & il est dit qu’il est dans des lieux marécageux ; Munitiunculam in pago Senonico, super Secanam fluvium, quæ Braïcus dicitur, in locis palustribus. C’est-de-là encore que l’on dit Bray, sur Somme, Braïum ad Summam ; la forêt de Bray, Silva Braïensis ; la Ferté en Bray, Firmitas in Braïo ; Houdane en Bray, Hosdencum ; Ville en Bray, villa in Braïo ; la tour de Bray, Turris in Braïo ; Piseux en Bray, Puteoli in Braïo ; Onesnbray, Ontium in Braïo ; Bray Comte-Robert ; Braïum Comitis Roberto, que l’on prononce communément Bri-Comte-Robert.

On a dit aussi Brahic, ou Braic, Breïcum, Braïacum, Braïcum, Brahicum, & quelquefois Brajotum. De-là viennent encore Vibraye, Follenbray, Savigni sur Braye, & cent autres lieux. Strada dit que quelques Auteurs croient que Bruxelles a été ainsi nommée, parce que cette ville est dans un lieu boueux & marécageux. Enfin, M. de Valois prétend que c’est de-là que viennent les noms de brouet, bouage, & boue. Voyez cet Auteur dans sa Notice des Gaules, p 94 & 95, d’où tout ceci est pris. Voyez Brayeux. Peut-être que bray est un mot celtique, qui vient de ברא, gras ; les terres grasses sont plus brayeuses, ou fangeuses que les autres.

Bray, ou Bré, selon Ménage, s. m. on dit mieux Bray ou Brai. Terme de Marine, est une composition de gomme, de resine & d’autres matières gluantes, qui font un corps dur, sec & noirâtre, qui sert à calfater & remplir les jointures des planches du bordage d’un vaisseau. Navalis uncturæ cera. On en fait aussi avec de la poix liquide mêlée avec de l’huile de poisson. Il y a du bray sec & du bray gras : le bray gras a plus d’humeur, & est plus visqueux. Le bray liquide est une liqueur grasse & claire qui découle du tronc des vieux pins. Les Suédois & les Norvégiens les incisent, & ensuite coupent l’écorce de l’arbre, d’où il découle du galipot noir, qu’on appelle aussi tarc, & c’est le bray : quand ce tarc, qui est comme la graisse de l’arbre, est tout découlé, l’arbre meurt. Le bray sec, qu’on appelle aussi arcançon, est du galipot ou suc de pin, qu’on a fait cuire jusqu’à ce qu’il soit presque brûlé. Pomet. ☞ On entend encore par ce mot bray, l’escourgeon & l’orge broyés pour la bière.

BRAYE. Voyez Braie.

BRAYE, (la) rivière de France, qui a sa source dans la petite Perche, près de S. Bomert, reçoit plusieurs ruisseaux, passe à Vibraye dans le Maine, & se perd dans le Loir.

BRAYEMENT. Voyez Braiement.

BRAYER. s. m. Bandage fait d’acier, ☞ ou d’autre matière semblable, pour contenir les parties auxquelles il y a des hernies, ou ruptures. Subligar, subligaculum, herniæ vinculum, ou Fascia inguinalis. Il y a aux Grands Augustins une fondation pour distribuer charitablement des brayers aux pauvres qui en ont besoin. ☞ Il y a des brayers pour les hémorroïdes, pour la chûte du fondement de la matrice, pour la hernier du nombril.

Quelques-uns dérivent brayer de brak, mot de Lombardie, qui signifie rupture. Mais du Cange le dérive à brachis, ou braccis, parce qu’il se met sous les braies. Il l’appelle bracheriolum en latin. Dans la vie de S. Justine, Act. SS. Mart. T. II. p. 244. on trouve ce mot que les Bollandistes dérivent de brak, nom Lombard, qui signifie rupture. De-là s’est fait braker, bandage, d’où l’on a fait bracheriolum diminutif. Dans le même ouvrage, April. T. II. p. 828, cet instrument est appelé brachirolus, du même mot bracchæ, ainsi qu’il s’écrit quelquefois. Et Maii, T. V. p. 190, on trouve bracrium, fait apparemment de bracerium, ou bracherium ; & bracale, Junii, T. III. p. 661.

Brayer, est aussi un terme de Balancier ; & il se dit du petit morceau de fer qui passe dans les trous qui sont au bas de la chasse du trébuchet & des balances, & qui sert à la tenir en état.

Brayer, est aussi un morceau de cuir, large de deux à trois doigts, au bout duquel il y a une espèce de sachet de cuir, où l’on met le bâton de la bannière quand on la porte.

☞ On appelle aussi brayer un bandage fait de gros cuir garni d’une boucle & de son ardillon qui sert à soutenir le battant d’une cloche.

Brayers, en termes de Maçonnerie, se dit des cordages qui servent à élever le bourriquet, ou petit bat, avec lequel on porte le moilon, & le mortier au haut des plus grands édifices.

Brayer, en termes de Fauconnerie, signifie le cul de l’oiseau. Anus. Une marque de la bonté d’un oiseau de proie, c’est quand il a le brayer net, & lorsqu’il lui tombe bien bas le long de la queue, & qu’à l’entour il est bien émaillé de taches noires ou rousses.

Brayer. v. a. Terme de Marine. Espalmer, ou calfater un vaisseau, y appliquer du bray bouillant, du gaudron & du suif pour remplir les jointures de son bordage. Navem incerare.

BRAYETTE. s. f. Ce mot n’est guère en usage que dans les Provinces. C’est la fente de devant d’un haut de chausse. Subligaris anterior lingula, Braccarum pars anterior. Il y a peu de temps qu’on disoit braguette. On les voit encore peintes dans les tableaux du siècle passé. Comment Panurge désista de porter sa magnifique braguette. Rab. On dit figurément qu’un homme est chaud de la brayette ; pour dire, qu’il est ardent après les femmes.

BRAYEUX, EUSE. Vieux mot, qui signifioit autrefois boueux, fangeux, pein de bray ou de boue. Lutosus, cœnosus. Il passa parmi la ville, où il y avoit caves & sources moult brayeuses. Monstrelet, C. 221.

BRAYMAL. Pays de France en Normandie.

☞ BRAYOIRE. s. f. On appelle ainsi dans quelques Provinces, l’instrument qui sert à donner au chanvre la première façon, & à commencer à séparer la filasse de la chevenotte. En Normandie, on dit brie, en Bretagne, braye & brayer.

BRAYON. s. m. Terme de Chasse, qui se dit de ce qui sert à prendre les bêtes puantes qui ruinent les garennes.

Brayon, se dit aussi chez les Imprimeurs, de ce qui sert à broyer l’encre avec le noir.

☞ BRAZER. Voyez Braser.

BRE.

BRÉANT. s. m. Petit oiseau qu’on nourrit en cage à