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d’épée, & Balzac s’est mocqué d’un Prédicateur qui avoit appelé sainte Paule, cette brave veuve. On ne laisse pas de dire dans le discours familier, vous êtes une brave femme.

Brave, en termes de guerre ; signifie ☞ celui qui a de la bravoure, c’est-à-dire, cette fermeté d’ame qui ne connoît pas la peur : qui court au danger de bonne grace, & préfere l’honneur au soin de sa vie. Præstantis animi vir, bellicâ laude clarus. On dit absolument, c’est un brave : les vrais beaux esprits sont de l’humeur des vrais braves, qui ne parlent jamais de ce qu’ils font. Bouch. Si les Braves n’avoient pas la passion de la gloire, ils demeureroient paisiblement confondus avec les lâches. M. Scud. Faisons tant que nous voudrons les braves, la mort est la fin qui aatend la plus belle vie du monde. Pasc. Un faux brave tourne les yeux de tous côtés pour voir si on le regarde. S. Evr. On est brave par férocité, aussi-bien que par la vertu. Flech. Un homme brave par tempérament seul, ne fera autre chose que de n’être pas poltron ; & ce n’est que par ambition qu’il cherche à se signaler. M. Scud.

Il est de faux dévots, comme il est de faux braves. Mol.

Ce mot vient de bravium qui signifie le prix de la victoire.

Brave, se prend en mauvaise part, & se dit d’un bretteur, d’un assassin, d’un homme qu’on emploie à toutes sortes de méchantes actions. Sicarius. Cette courtisane a plusieurs braves qui la protegent.

Brave, signifie aussi une personne bien parée, bien vêtue. Insigni ornatu comptus, cultus. Les bourgeois ne sont braves que les Fêtes & Dimanches. Ce mot est un peu bas en ce sens. Mén.

On dit ironiquement d’un fanfaron, qu’il est brave jusqu’au dégaîner. Acad. Fr.

On dit proverbialement, qu’un homme est brave comme César ; qu’il est brave comme l’épée qu’il porte ; pour dire, qu’il est fort vaillant : qu’il est brave comme un bourreau qui fait ses Pâques ; pour dire, qu’il n’a pas coutume d’être si bien vêtu. Ce proverbe vient de ce que les bourreaux étoient autrefois obligés de porter des habits chargés de quelque marque de leur infamie, comme d’une échelle & d’une potence, pour les distinguer des autres personnes ; & il leur étoit permis de les quitter quand ils faisoient leurs Pâques, pour la révérence de la fête, auquel jours ils s’habilloient des plus beaux habits qu’ils vouloient. On dit aussi, brave comme un lapin. On dit aussi, mon brave, absolument comme on dit, mon cher, &c. A brave, brave & demi ; pour dire que si un homme est brave, on lui en opposera un autre encore plus brave que lui, ou lorsque quelque bravache s’est fait battre.

BRAVEMENT. adj. D’une manière brave, courageusement, honnêtement. Fortiter, egregiè. Il lui a répondu bravement & sans crainte.

BRAVER. v. a. ☞ Traiter quelqu’un avec hauteur, le regarder avec mépris, l’insulter. Insultare. Un homme de cœur souffre difficilement qu’on le brave.

Tu me brave, Cinna, tu fais le magnagnime, Com.

☞ Il se prend très-souvent au figuré. Braver la mort, les périls, la fortune, les mépriser, ne les point craindre. Lacessere, despicere, contemnere. La satire brave l’orgueil & fait pâlier le vice. Boil. La raison ne brave pas toujours la puissance suprême de l’amour. Vill. Il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentimens, & de braver la fortune en vers, que d’entrer comme il faut dans le ridicule des hommes. Mol.

Fui, traître, & ne viens point braver ici ma haine,
Et tenter un courroux que je retiens à peine. Rac.

Vous triomphez, cruelle, & bravez ma douleur. Id.

☞ La Princesse ne bravoit point la mort avec fierté, contente de l’envisager sans émotion, de la recevoir sans trouble. Boss.

☞ On trouve ce mot dans Montagne, pour signifier action de valeur.

Bravé, ée, part. & adj. Lacessitus, contemptus.

BRAVERIE. s. f. Dépense en habits ; inclination, penchant à se vêtir richement & proprement. Manière affectée de se vêtir ainsi. Cultus, ornatus. Cet homme a dépensé tout son bien en braveries inutiles. Il est familier. On trouve ce mot dans Montagne pour signifier action de valeur.

BRAULS, s. m. pl. Toiles des Indes rayées de bleu & de blanc. On les nomme autrement Turbans, parce qu’elles servent à couvrir cette sorte d’habillement de tête, particuliérement sur les côtes d’Afrique.

☞ BRAVOURE. s. f. magnanimitas, animi magnitudo, fortitudo. C’est une fermeté d’ame qui ne connoit pas la peur, elle court au danger de bonne grace & préfère l’honneur au soin de la vie. La bravoure fait qu’on s’expose. Il ne faut pas que la bravoure se pique de paroître mal-à-propos. M. l’Abbé Girard. Ce qui distingue la véritable bravoure de la brutalité, c’est qu’elle a la gloire pour objet. Log.

☞ Le courage, est cette vigueur nécessaire à l’ame pour exécuter des actions vertueuses qui, par les obstacles qu’il faut braver, seroient impraticables à des cœurs pusillanimes.

☞ La force, est la noblesse des sentimens qui éleve l’ame au dessus des craintes vulgaire, & lui fait braver, quand il est besoin, le danger, la douleur & l’adversité.

☞ La grandeur d’ame, est ce sentiment noble qui nous montrant le vrai beau, nous y fait tendre avec empressement.

☞ La fermeté, est la résolution constante d’un homme sensé qui persiste dans un dessein qu’il sçait être juste & utile, malgré les oppositions qu’il rencontre, ou les travaux qu’il lui en coûte. L’honneur, la vertu, l’amour du bien public, inspirent la fermeté. L’Intrépidité est une sorte de fermeté, mais éprouvée par la présence du danger, des peines & des souffrances, elle caractérise plus particulièrement le héros.

☞ Le cœur soutient dans l’action ; le courage fait avancer ; la valeur fait exécuter ; la bravoure fait qu’on s’expose ; l’intrépidité fait qu’on se sacrifie.

Il signifie quelquefois, les actions de valeur. En ce sens il n’a d’usage qu’au pluriel. On attribue aux héros de roman des bravoures merveilleuses. Fatiguer le monde du récit de ses bravoures.

BRAURON. s. m. Bourgade de l’Attique, où la statue de Diane, apportée de la Tauride par Iphigénie, fut transportée & déposée dans un Temple qui y fut bâti par Oreste. On y célébroit tous les ans la fête de la délivrance d’Oreste & d’Iphigénie. On appliquoit légèrement une épée nue sur la tête d’une victime humaine ; quelques gouttes de sang répandues en l’honneur de Diane, y tenoient lieu de sacrifice. Iphigénie fut Prêtresse de ce Temple, & après sa mort y reçut les honneurs divins.

BRAURONIES. s. f. pl. Fêtes de Diane, surnommée Brauronie, de Brauron, Bourgade de l’Attique, où se voyoit cette célébre statue de la Déesse apportée de la Scythie-Taurique par Iphigénie, & qui y demeura jusqu’au temps de la seconde guerre Persique, durant laquelle Xercès la fit enlever Brauronia. (Pausan. in Attic & Arcad. Pollux, l. 8 c. 9.) Ces fêtes étoient données une fois tous les cinq ans par les Décemvirs surnommés Ἱεροποιοὶ, c’est-à-dire, Intendans des choses sacrées. Hésychius dit qu’on y immoloit une chévre, & que l’on y chantoit l’Iliade d’Homère. L’Ornement de la solemnité étoient plusieurs vierges depuis l’âge de cinq ans jusqu’à dix, habillées de robes de couleur de safran. (Κροκωτὸν) Voici, selon Suidas, l’origine de cer usage. Dans un bourg de l’Attique étoit un ours si apprivoisé, qu’il mangeoit familiérement

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