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avons d’abord parlé, & qui est la même que Flore. Ovide fait mention de l’une & de l’autre dans ses Métamorphoses.

Ce mot est grec, & vient de χλωρὸς, virens, herbidus, formé de χλορὸς, qui signifie la même chose, & est dérivé de χλόα, Herba, gramen. Ainsi Chloris signifie proprement verdure.

CHLORIS oiseau, est une espèce de pinson, ou petit oiseau, gros comme une alouette, tantôt vert, tantôt jaune. Il vit de vers & de semence de moutarde ; son ramage est agréable. On fait prendre cet oiseau en bouillon, ou rôti, pour l’épilepsie. Tringillæ species.

CHLOROSIS ou CHLOROSE. s. m. Sorte de maladie, qu’on appelle autrement fièvres des filles, fièvre blanche, ou jaunisse blanche, plus communément pâles couleurs. Les filles qui en sont attaquées, ont le teint pâle, ou plutôt livide avec un certain cercle violet au dessous des yeux. Elles sont tristes & inquiètes, sans aucune cause. Leurs mois ne sont pas toujours supprimés, & ne s’arrêtent que dans le progrès de la maladie Chlorosite.

Ce mot Chlorosis signifie verdeur : il vient de χλόυ, herbe.

☞ CHMIELNICK ou KMIELNIK. Petite ville de Pologne, à l’extrémité du Palatinat de Podolie, & aux confins de celui de Braclaw.

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CHOACUM. s. m. Emplâtre noire dont Celse fait mention, Lib. V, cap. 19, & qui est composée de litharge d’argent & de resine sèche, de chacune cent drachmes ; mais il faut faire bouillir auparavant la litharge d’argent dans une pinte & demie d'huile.

CHOBAR. Fleuve dont il est parlé dans l’Ecriture. C’étoit un bras de l’Euphrate. Chobar.

CHOC s. m. ☞ ou percussion. Action par laquelle un corps en mouvement, heurte un autre corps qu’il rencontre, le pousse ou tend à le pousser. Ce vaisseau peut résister au choc des vents & des vagues. On ne conçoit qu’à peine que tant de parties du corps si délicates & si déliées puissent résister si long temps au choc des corps étrangers, qui les peuvent si aisement ébranler. Quelques Philosophes modernes soutiennent que le choc, ou la percussion, n’est que la cause occasionnelle du mouvement qui est produit dans les corps choqués ; & que Dieu est la cause efficiente immédiate du mouvement & du corps qui frappe ; cette opinion n’est pas soutenable, pour les terribles conséquences qui en résultent. Borelli a fait un Traité De la force du choc des corps. Ménage tient que ce mot vient de l’espagnol choca, qui signifie joûte.

☞ On le dit aussi de la rencontre & de l’attaque de deux troupes de Gens de guerre. On a de la peine à soutenir le premier choc, le premier effort des François. Oppugnatio, impetus. L’Infanterie fut renversée au premier choc.

Choc se dit au figuré, d’une disgrace qui arrive dans la fortune, d’une attaque fâcheuse dans la santé ; il a reçu un rude choc dans sa fortune, dans sa santé.

Choc est aussi un terme de Chapelier. C’est un instrument de cuivre pour mettre la ficelle au lien du chapeau.

☞ En termes de mines, choc est synonyme à puits. Voyez ce mot.

☞ CHOCOLAT, s. m. Espèce de Tablette composée de différens ingrédiens, dont la base est la noix de cacao, de laquelle on fait une confection ou breuvage. Chocolatum. On le boit chaud. Il est tenu des Espagnols, qui l’ont apporté des Mexicains, chez lesquels ce mot de chocolat signifie simplement confection. D’autres disent que c’est un mot indien, composé de latté, qui signifie de l’eau & choce, mot fait pour exprimer le bruit avec lequel on le prépare, comme témoigne Thomas Gage. La base est le cacao, fruit d’un arbre du même nom : la vanille y entre aussi principalement pour donner de la force & du goût au chocolat. Antoine Colménéro de Lédesma, Chirurgien Espagnol, en a fait un Traité : voici comment il en fait la composition.

Sur un cent de cacao, on mêle deux grains de chise ou de poivre de Mexique, ou en sa place du poivre des Indes ; une poignée d’anis de ces fleurs qu’on appelle petites oreilles, ou dans les pays vinacaxtlides, & deux autres qu’on nomme mecachusie ; ou, au lieu de celles-ci, la poudre de six roses d’Alexandrie, appelées roses pâles, une gousse de campêge, deux drachmes de canelle, une douzaine d’amandes, & autant de noisettes d’Indes, & la quantité d’achiotte qu’il faudra pour lui donner couleur. Toutes ces plantes sont décrite par De Laët. On broie le tout, on en fait une pâte, ou conserve, avec de l’eau de fleur d’orange, qui le durcit fort ; & quand on en veut prendre, on le délaie dans de l’eau bouillante avec un moulinet.

☞ On a depuis perfectionné cette composition brute, & on l’a rendue plus agréable par l’addition du sucre, d’un peu de vanille & de quelques autres ingrédiens.

Il n’en faut pas boire durant les jours caniculaires, ni de celui qui est fait depuis un mois. Quelques Casuistes, & entr’autres le Cardinal François-Marie Brancaccio, qui en a fait un Traité particulier, ont prétendu que le chocolat pris en liqueur ne rompoit point le jeûne, quoique Stabe, Médecin Anglois, ait fait un Traité, où il soutient qu’on tire plus d’humeur nourrissante d’une once de cacao, que d’une livre de bœuf ou de mouton. Les raisons du Cardinal parurent si fortes à Calera, Médecin Espagnol qui avoit soûtenu le contraire dans son Tribunal-Médico-Magicum, qu’il abandonna son sentiment. Ce sentiment n’a point encore prévalu, au moins en France. Le cacao est si commun en la Nouvelle Espagne, qu’il consomme par an plus de douze millions de livres de sucre. Les Espagnols estiment que la dernière misère où un homme puisse être réduit, c’est de manquer de chocolat ; car c’est leur boisson ordinaire : ils ne la quittent que quand ils peuvent avoir quelqu’autre boisson qui enivre. On dit qu’il aide à la digestion, qu’il rafraîchit les estomacs trop chauds, & qu’il échauffe ceux qui sont trop froids. Chaque livre de chocolat vaut au Mexique cinquante-deux sous.

Le Cardinal de Lyon, Alphonse de Richelieu, est le premier en France qui ait usé de chocolat. Il s’en servoit pour modérer les vapeurs de sa rate, & il tenoit ce secret de quelques Religieux Espagnols qui l’apportèrent en France. Ceux qui en ont écrit, sont Thomas Gage, Voyageur Anglois, Barthélemi Marradon, qui en condamne l’usage, & Antoine Colménéro, deux Médecins Espagnols, dont René Moreau, Professeur en Médecine à Paris, a traduit & commenté les Livres. Philippe Silvestre Dufour, Marchand de Lyon, a ramassé dans son Traité du Caffé, du Thé & du chocolat, tout ce que ces Auteurs en avoient dit.

Chocolat est aussi une sorte de petite pâtisserie délicate où il entre du chocolat. Chocolatœum libum.

CHOCOLATIER. s. m. Chocolati propola. Celui qui ne vend que du chocolat. Un riche Chocolatier. A Paris, ce sont les Limonadiers qui vendent le chocolat.

CHOCOLATIÈRE. s. f. Vaisseau d’argent, ou de cuivre, ou de toute autre matière, fait en forme de coquemar, pour délayer avec un moulinet le chocolat, de le faire cuire. Vasculum coquendo chocolato.

Chocolatière. s. f. Femme qui vend du chocolat. M. Rousseau, dans sa Comédie du Caffé, avoit fait dire par le Chevalier à Dorante : Tu n’es pas riche,