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envoyoit des Evêques ; & que leur tradition étoit que ce saint Apôtre y avoit converti bien du monde. Le P. Le Comte a rapporté les preuves de cette tradition, T. II, p. 196. Ce qu’il y a de certain, c’est que des Missionnaires Syriens de Mosul & de Bassora, qui suivoient les Caravanes de Samarcand, de Bochara & des autres grandes villes de la Tartarie, prénétrèrent jusques à la Chine vers l’ans 737 de J. C. & y portèrent le Christianisme. Fleury.

Dans ces derniers temps S. Xavier tâcha d’y entrer, & mourut à la porte de ce vaste Empire en 1552. Depuis le P. Roger y entra en 1581, & le P. Ricci ensuite, & après bien des peines & des travaux, ils obtinrent des Magistrats en 1584, la permission de s’y établir. La Religion y a fait de grands progrès, depuis sur tout que l’Empereur qui régnoit en 1715, par un Edit très-honorable & très-favorable à la Religion, a permis qu’on la prêchât & qu’on l’embrassât librement. En 1625, on trouva proche de Signanfou, capitale de la Province de Chensi, un monument qui contient un abrégé de la Doctrine Chrétienne, & qui marque que ces Missionnaires venoient de Judée, que l’un s’appeloit Olopouen, & l’autre I-ho ; qu’Olopouen, après bien des dangers courus sur mer & sur terre arriva à la Chine l’an 636 de J. C. que les Empereurs favorisèrent fort la Religion en dépit des Bonzes qui excitèrent de grandes persécutions : & qu’enfin ce monument fut érigé l’an 782 de J. C. Ce sont les Bonzes qui gardent ce monument dans une Pagode proche de la ville de Signanfou. Le P. Kirker rapporte & explique ce monument dans son China Illustrata. Toph. Spizelii de Re Litteraria Sinensium Commentarius.

Porcelaine de la Chine, encre de la Chine, vernis de la Chine. Voyez ces mots en leur place. Un cabinet de la Chine, du papier de la Chine. L’Empereur de la Chine. L’Empire de la Chine. Les Missionnaires & les François qui sont à la Chine, disent, aller en Chine, demeurer en Chine : mais en France nous disons, aller à la Chine, être à la Chine.

Nous avons sur la Chine, le China Illustrata du P. Kirker, l’Atlas Sinicus de Martinius, qui fait le VIe Tome du Grand Atlas de Blaeu, Spizelius De Re Litteraria Sinensium, le P. Nic. Trigault Jesuite. Regni Chinensis Descriptio, la Relation de Semedo ; le Sina & Europa de Preyelius ; & une Relation de la Chine par un Moscovite nommé Nikiposa, les Mémoires du P. Le Comte ; la nouvelle Description de la Chine par le P. Duhalde, &c.

Le nom Chine n’est point en usage à la Chine, & ce n’est point celui que les Chinois donnent à leur patrie. Ils l’appellent Chungoa ; c’est-à-dire, Royaume du milieu, & Chunque, Jardin du milieu ; parce qu’ils disent que la Chine est au milieu du monde. Les Tartares appellent la Chine Mangin, nom qui signifie Barbare. Ils lui donnent aussi le nom de Han ou Catay ; d’autres disent que le Catay ne renferme que les Provinces du Nord, & le Mangin celles du Midi. A Siam & à la Cochinchine, &c. la Chine est appelée Cin, du nom de la famille Impériale Cin, qui régnoit vers le temps de Crésus, 550 ans environ avant J. C. C’est de-là que s’est fait le nom de Chine, & celui de Sina en latin, parce que, selon la conjecture de quelques Savans, la Chine commença alors à être connue.

CHINE. s. f. Idole des Chinois. Idolum Sinicum. Les Chines ou Idoles des Chinois, sont faites en forme de pyramides ouvragées. Moréri, Edit. de 1712. Les naturels du pays craignent fort ces Chines. Id. Je ne sais si ce mot se trouve ailleurs, jusqu’ici je ne l’ai vpu dans aucun autre Auteur françois.

CHINE. s. f. Voyez Squine. Chine n’est pas françois. Il y a une fausse racine de Chine qui croît dans les Antilles. P. du T. T. I, p. 96.

☞ CHINER. v. a. Terme nouvellement inventé dans les Manufactures. Chiner une étoffe, c’est donner aux fils de la chaîne des couleurs différentes, & disposer ces couleurs sur ces fils de manière qu’elles représentent un dessein sur l’étoffe.

Chiné, ée. part. Etoffe chinée.

☞ On dit aussi chiner, s. m. de l’art de travailler ainsi les étoffes. Le chiner est une des manœuvres les plus délicates qu’on ait imaginées dans les arts. Encyc.

CHINFRENEAU. s. m. Coup qu’on reçoit à la tête, soit en se heurtant par hazard contre quelque corps, soit en se battant contre un ennemi. Illisus, offensio, offensus. Il marchoit à tâtons, & il s’est donné un vilain chinfreneau contre une porte. Il reçut en ce combat un vilain chinfreneau. Ce mot est populaire & vient apparemment de chanfrein par corruption.

☞ CHINGAN. Ville de la Chine, dixième Métropole de la Province de Quangsi, par les 24 degrés de latitude.

☞ CHINGTIEN. Ville de la Chine dont elle est la quatrième Métropole, par le 32 degré de latitude.

☞ CHINGTU. Ville de la Chine, capitale de la Province de Suchuen, sous le 30 degré 47’ de latitude.

CHINGULAIS, AISE. s. m. & f. Habitant ou originaire, naturel de l’Île de Ceïlan. Ceilanus, Ceilanensis, Chingulanus. C’est ainsi qu’il faut dire, & non pas Ceylanois. Les Chingulais sont originairement Malabares & Chinois, si l’on en croit les Auteurs Portugais : les Malabares exiloient en cette Île ceux qui avoient commis quelque crime qui méritoit l’exil. Les Chinois, maîtres de tout le commerce de l’Orient, fréquentant fort ces mers, quelques-uns de leurs vaisseaux furent portés sur les basses du détriot de Chilao, & y échouèrent. Les équipages se sauvèrent dans l’Île, & ayant trouvé le pays beau & fertile, ils s’y établirent. En peu de temps ils s’allièrent avec les Malabares exilés qu’ils y trouvèrent, & qu’on nommoit Galas. Ils se confondirent ainsi, & ne firent qu’un seul peuple, que des deux noms, Cin & Galas, l’on appela Chingalas, & puis Chingulais. Les Chingulais sont presque tous idolâtres : ils sont de deux sortes : les uns sont tout-à-fait sauvages ; on les appelle Bedda ou Waddahs : ils demeurent éloignés des habitations. Les autres sont plus civilisés. Voyez ce qu’on en a dit au mot Ceïlanois. Les Chingulaises portent ordinairement une camisole de toile de coton blanche qui leur couvre tout le corps, qui est parsemée de fleurs bleues & rouges, & qui est plus ou moins longue, selon la qualité des personnes. Les Chingulais reconnoissent plusieurs Dieux, dont il y en a un supérieur & souverain, qu’ils appellent Créateur du ciel & de la terre, & qui envoie les autres pour exécuter ses ordres : les autres Dieux sont, disent-ils, les ames des gens de bien. Ils croient l’immortalité de l’ame, la résurrection, & une autre vie, &c.

Quelques-uns disent Cingale pour Chingulais, & les appellent les Gentilhommes de l’Île de Ceïlan.

☞ CHINGYANG. Ville de la Chine, quinzième métropole de la Province de Huynand, par les 33d de lat.

☞ CHINKIANG. Nom de deux villes de la Chine, l’une dans la Province de Junnan, l’autre dans celle de Kiangnan.

☞ CHINNAN. Ville de la Chine, dans la Province de Junnan, au département de Cuhiung, par les 24d 40’ de lat.

☞ CHINNING. Ville de la Chine, troisième cité de la Province de Queicheu, à 25d de lat.

CHINOIS, OISE. s. m. & f. Sina, Sinensis. Habitant de la Chine, naturel de la Chine. Les Chinois, dit Abulpharage, surpassent toutes les autres nations par leur nombre, par la grandeur de leur Empire, & par la vaste étendue des terres qu’ils possèdent. Ils l’emportent encore sur les autres par

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