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CHA

☞ CHAUS. Province d’Afrique, au Royaume de Fez, entre les fleuves Zha & Guraigura.

CHAUSSAGE. s. m. Ce qui est nécessaire pour entretenir quelqu’un de souliers. Calcearium. A peine ce Valet gagne-t-il son chauffage. Pomey. Ce mot n’est pas d’usage.

CHAUSSANT, ANTE. adj. verbal. Qu’on chausse aisément, qui s’étend aisément sur la jambe. Quod facile inducitur. On ne le dit que des bas, encore ne le dit-on guère. Les bas de soie sont plus chaussans que les autres.

☞ CHAUSSE. s. f. Partie de l’habillement qui sert à couvrir les jambes. Tibiale. Dans ce sens, il n’est plus guère en usage. On dit communément bas.

Ce mot vient de calga, (comme fraise de fraga) qui avoit été fait de caliga, d’où vient aussi le mot de chausson & de calçon. Ménage. Du Cange de dérive de calcia, mot de la basse latinité qu’on a dit dans le même sens, quòd interdum cum calceis conjungeretus & unà calcearetur.

Chausse d’hypocras, est une espèce de drap ou d’étamine, ou simplement chausse, qui aboutit en pointe comme un capuchon, qui sert aux Chimistes, au Apothicaires & autres, pour filtrer & clarifier les liqueurs. Saccus quo vinum aromatites, aut loquores alii liquantur, purgantur, expurgantur. On passe l’hypocras, l’eau de blanc d’œuf par la chausse.

On appelle aussi chausse, une pièce d’étoffe que les Suppôts des Universités portent sur l’épaule dans les fonctions publiques. Chausse de Docteur en Theologie. Chausse de Docteur en Droit. C’est ce que l’on appeloit chaperon.

Ceux qui ont des degrés dans quelqu’une des quatre Facultés qui composent une Université, ont droit de porter la chausse. Elle est différente, ou quant à la matière, ou quant à la couleur, ou quant à la forme, dans les différentes Facultés, à raison des degrés qu’on y a. La chausse se porte sur l’épaule gauche, à découvert, & pardessus tous les habillemens. C’est une pièce de drap, large par le bout qui pend derrière l’épaule, & qui va en diminuant vers l’autre bout, à peu près comme le haut d’un bas ordinaire qui va en diminuant par en bas. C’est sans doute cette ressemblance qu’elle a avec le bas ordinaire dont nous nous couvrons la jambe, ou la chausse, qui lui a fait donner ce nom. Un Docteur qui prêche, porte la chausse en chaire. Il la tient sur son épaule pendant l’exorde, après quoi il la met sur le bord de la chaire.

Chausse. (Chevaliers de la) Plusieurs compagnies qui se formèrent à Venise avant la fin du XVe siècle, eurent le nom de la chausse, commun entr’elles, parce qu’elles étoient distinguées par la couleur de leurs chausses. Quelques-uns de ces Chevaliers de la chausse, étoient appelés Sempiternels. Leurs réglemens, rapportés par Giustiniani, n’étoient propres qu’à jeter les Chevaliers dans des dépenses excessives & ruineuses. En 1529, il y en avoit une autre compagnie appelée des Florides. On fait encore mention d’une troisème compagnie, différente des deux autres. On n’a pas meilleure opinion des unes que des autres. Tous leurs réglemens ne rouloient que sur l’ordre des festins, des spectacles & des divertissemens ; & l’on ne faisoit point de faute qui ne fût punie par une très-grosse amende au profit de la compagnie.

Chausse, au pl. ou hauts-de-chausses, signifie la partie inférieure du vêtement d’un homme, qui le couvre depuis les hanches jusqu’aux genoux. Braccaæ, femoralia, feminalie, subligar, subligaculum. Les canons des chausses sont les deux côtés par où l’on passe les jambes. Chausses à tuyaux d’orgues, ce sont des chausses qui sont si amples, que les plis qu’elles font naturellement imitent les tuyaux d’orgues. Femoralia ampliora.

Chausses à plein fond, comme celles des Suisses. Rabelais les distingue d’avec les chausses à queue de merlus, qui sont pointues & fort étroites. Remarque sur la Sat. Menipp.

☞ On appelle chausses de Pages ou trousses, des chausses courtes & plissées, que les Pages portoient autrefois. Braccæ. De-là, l’expression figurée, quitter les chausses, pour, sortir de Page ; prendre les chausses, se faire Page.

Chausses, en termes de Marine, se dit par quelques-uns, du présent ou pot-de-vin que le Marchand Chargeur donne au Maître, tant pour lui, que pour distribuer dans l’occasion. Pretium, merces. Ce qu’on lui donne pour lui en particulier, & qu’il ne partage point, est d’ordinaire autant que le fret d’un tonneau. On dit ordinairement, chapeau.

Chausses d’aisance. Tuyau de plomb ou de pierre, percé en rond ou en carré ; & plus souvent, de boisseaux de poterie. Latrinæ meætus. La chausse d’aisance doit avoir trois pouces d’isolement contre un mur mitoyen.

Chausses ou sac, terme de pêche. C’est une espèce de petit filet qui se met au fond des grands filets, que l’on nomme des dideaux. ☞ Ce filet a la forme d’une chausse large en s’ouvrant ; mais va toujours en diminuant jusqu’au bout.

Chausses se dit proverbialement en ces phrases. On dit à celui qu’on veut chasser d’auprès de soi, vas-te promener, tu auras des chausses ; ou simplement, vas-t-en, tires tes chausses. On dit aussi de ceux qui se sont mis en sûreté par la fuite, qu’ils ont bien fait de tirer leurs chausses. On dit, pour se mocquer de la pauvre Noblesse : c’est un Gentilhomme de Beauce, qui se tient au lit quand on racoûtre ses chausses. On dit aussi, il est si pauvre, qu’il n’a pas de chausses. On dit d’un jeune homme qu’il a la clé de ses chausses, quand il est hors d’âge d’avoir le fouet. On dit des Sergens qui mènent un homme prisonnier, qu’ils le tiennent au cul & aux chausses. On le dit aussi des parties adverses qu’on a réduit à l’extrémité, qui ne peuvent plus fuir leur condamnation, ou de qui on juge le procès, qu’on les tient au cul & aux chausses. On dit d’une femme qui gourmande son mari, qui fait les affaires de la maison, qu’elle porte le haut-de-chausses. On dit à celui à qui on voit des bas dépareillés, qu’il a des chausses de deux paroisses.

On dit qu’on a chausses & manches, pour dire, qu’on a tout l’avantage, qu’on a tout ce qu’on pouvoit souhaiter. C’est chausses grises, & grises chausses, pour dire, que c’est la même chose : tous proverbes populaires & bas.

Tirer ses chausses, dans le sens propre, c’est se déchausser ; dans le figuré, c’est une expression basse & populaire, qui veut dire, quitter promptement un lieu, en sortir, s’enfuir.

CHAUSSÉAGE. s. m. Droit qui se lève sur les personnes, voitures & marchandises, pour avoir permission de passer sur de certaines chaussées. En quelques lieux ce droit est domanial, & appartient au Roi ; en d’autres il est seigneurial.

CHAUSSÉE. s. f. Construction de pierres, de pieux, de fascines ; ou élévation de terre grasse & bien battue, pour retenir les eaux d’un étang, ou empêcher que des rivières ne se débordent dans les lieux plus bas. Moles. On fait une chaussée le long de cette valée, pour empêcher les inondations. On écrivoit autrefois chaulcée.

Ce mot vient de calcea. Nicote. Pasquier croit que ce mot a été dit par corruption de haussée. Spelman & Sommerus le dérivent à calceando, aut à calce, quia hujusmodi viæ calce muiuntur. Bergier, dans son Histoire des grands Chemins de l’Empire, dit qu’il vient à peditum calceis quibus teruntur. On l’a appelé dans la basse latinité calcea, calceia, calceata, & calceium. Du Cange.

Chaussée se dit des chemins de pierres, des jetées de terre qu’on fait dans les lieux bas & maréca-