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CHA

☞ Dans les Monnoies, on donne aussi ce nom à la matière qui coule, par accident, d’un creuset.

Chat se dit proverbialement en ces phrases. On dit d’un homme qui s’en va d’une maison sans dire adieu, qu’il a emporté le chat. On dit de celui qui prend garde soigneusement aux actions d’un autre, qu’il le guette comme le chat fait la souris. On dit aussi qu’un chat échaudé craint l’eau froide ; pour dire, que celui qui est échapé d’un péril, craint tout ce qui est de même nature. On dit aussi de ceux personnes ennemies, qu’elles s’aiment comme chiens & chats. On dit aussi, jeter le chat aux jambes à quelqu’un, pour dire, le rendre coupable d’une faute qu’un autre a faite. On dit qu’une fille a laissé aller le chat au fromage, pour dire, qu’elle a succombé à quelque tentation amoureuse. On dit qu’une personne s’est servi de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, pour dire, qu’elle a fait faire à un autre ce qu’elle craignoit de faire elle-même. On dit de deux antagonistes qui savent bien attaquer & se défendre, à bon chat, bon rat. On dit encore d’un homme habile, & qui entend à demi-mot, qu’il entend bien le chat, sans qu’on dise minon. On dit d’un méchant payeur, & qui ne paye pas en argent comptant, qu’il a payé en chats & en rats. Ce proverbe est ancien, & seroit ridicule, au pié de la lettre, à ceux qui n’en sauroient pas l’origine. Je crois qu’il vient du mot de chas, qui signifioit autrefois une maison ; & on dit encore en Lyonnois & en Berry, qu’une maison consiste en trois chas, pour dire, en trois chambres ou en trois étages. Le mot de ras a signifié aussi un champ ou héritage uni, où il n’y a point de bâtiment : d’où vient qu’on dit encore rase campagne, rez-de-chaussée, rez-piés, rez-terre. Ainsi on a dit qu’un homme payoit en chats & en rats, lorsqu’au lieu d’argent comptant qui a un prix certain, il payoit ses créanciers en héritages bâtis & non bâtis, qu’il obligeoit de prendre au prix qu’il vouloit. On dit encore que la nuit tous chats sont gris, pour dire, qu’on ne distingue pas une belle femme d’une laide. On dit encore d’un homme qui a quelques égratignures au visage, qu’il s’est joué avec les chats. Regnier a dit aussi dans ses Satyres : Je devins aussi fier qu’un chat amadoué. On dit aussi, dès que les chats seront chauffés, pour dire, de bon matin. On dit d’un homme mal-propre, qu’il est propre comme une écuelle à chat. On dit encore : Il ne faut pas réveiller le chat qui dort, pour dire, qu’il faut laisser en repos ceux qui nous peuvent faire du mal. On dit acheter chat en poche, pour dire, acheter quelque chose dans la voir. On dit encore d’un homme qui parle franchement, & sans rien déguiser, qui nomme les choses par leur nom, qu’il appelle un chat, un chat.

J’appelle un chat un chat, & Rolet, un fripon. Boil.

On dit, il n’y a pas là de quoi fouetter un chat, pour dire, que l’affaire dont il s’agit n’est qu’une bagatelle. On dit aussi, bailler le chat par les pattes, pour dire, présenter une chose par l’endroit le plus difficile. On appelle musique de chats, une musique dont les voix sont aigres & discordantes.

On dit d’un homme qui coule avec rapidité sur un fait peu honorable : Il passe là-dessus comme chat sur braise. Il va du pié comme un chat maigre, pour dire, qu’on va légèrement. On ne sauroit retenir le chat, quand il a goûté à la crême, pour dire, qu’on a bien de la peine à corriger un homme qui est affriolé à quelque chose. Chat enganté ne prit jamais souris, pour dire, qu’afin de bien faire quelque chose, il faut éloigner tout embarras, avoir ses coudées franches, ne faire que ce que l’on veut. Il n’y a si petit chat qui n’égratigne, pour dire, que les plus ignorans se mêlent de contrôler, ou que le plus pacifique donne quelquefois son coup de dent. On ne prend pas des chats comme nous, sans mitaines. R. Caff. Com.

On appelle, selon Nicot, herbe au chats, ce que les Latons appellent nepeta ou calamintha.

Chat-brûle. s. m. Espèce de poirier, & de poire d’Octobre & de Novembre, qu’on nomme autrement Pucelle. Voyez Pucelle.

CHAT, POIRE-CHAT. Voyez Poire.

Chat-putois. Chat sauvage, ainsi nommé à cause de sa puanteur. Il a le poil brun. Il est grand ennemi de la volaille. Il se cache dans les galetas, greniers à foin, & autres endroits semblables. On le trouve aussi dans les bois : il rode tout le jour, & fait la guerre aux oiseaux. Ces animaux se mettent aussi en embuscade sur le bord des rivières, pour attraper le poisson & les grenouilles. Ils se prennent de la même manière que les fouines.

CHÂTAIGNE. s. f. Il y en a qui écrivent châteigne. Fruit d’un grand arbre qu’on appelle châtaignier, & qui est assez connu. Castanea. Ce fruit est renfermé dans trois enveloppes. L’extérieure est semblable à un hérisson, garnie de piquans. Celle du milieu est comme du cuir délié, brune & polie. La troisième est plus mince & ridée. Au-dessous on trouve la châtaigne, qui est blanche, assez dure, d’un gout agréable, & fort bonne à manger. On en fait de la bouillie en quelques endroits, & même du pain. Les châtaignes sont fort venteuses. Le menu peuple à Paris dit châtaignes boulues, pour châtaignes bouillies. On engraisse les pourceaux avec des châtaignes dans le Limousin. Les Montagnards vivent tout l’hiver de châtaignes qu’ils font sécher sur des clayes. Ce fruit est astringent, & sur-tout sa pelure du milieu.

Châtaigne de cheval, ou chevaline. Arbre qui nous a été apporté de Constantinople & de l’Île de Candie, à qui ceux du pays ont donné ce nom, parce que son fruit est semblables à nos châtaignes, & bon à guérir les chevaux poussifs lorsqu’on leur en donne à manger. On l’appelle autrement Marronier d’Inde. Hippocastanum ou castanea equina. Voyez Marronier d’Inde.

Châtaigne d’eau, est une autre sorte de plante, qui est ainsi appellée, parce que son fruit est semblable à nos châtaignes, & qu’elle croît dans l’eau. On la nomme autrement tribule aquatique. Tribulus aquaticus. Voyez Macre.

CHÂTAIGNERAYE. s. f. Lieu ou terre plantée de châtaigniers. Castanetum.

CHÂTAIGNIER. s. m. Prononcez châtaignier sans faire sentir l’r. Castanea sativa. Arbre qui a pris son nom du pays d’où il a été apporté. Castanea à Castanide terrà. Les vieux piés des châtaigniers sont fort gros : on en a vu en France de si gros, que quatre personnes auroient eu peine à les embrasser. Ce tronc jette plusieurs grosses branches, qui sont divisées en une infinité d’autres plus petites. Elles sont toutes ordinairement un peu longues, couvertes d’une écorce lisse, brune & tachée. Son bois est un peu dur & blanc. Ses feuilles sont longues de quatre à cinq pouces sur deux pouces environ de largeur, dentelées en manière de scie sur leurs bords, rides, d’un vert gai, & relevées en dessous d’une côte qui partage en deux toute sa force, & qui jette par ses côtés plusieurs nervures transversales, qui vont aboutir à la marge. Ses fleurs sont très-petites, à cinq pétales, jaunâtres, & à cinq étamines un peu plus jaunes ; ces fleurs sont stériles, & sont attachées en forme de chaton à un filet long de trois pouces. Ses fruits naissent sur le même pié, mais dans des endroits séparés de ses fleurs en forme de hérissons gros comme de petites pommes, divisés en trois loges, dans les jeunes fruits, parce que la châtaigne ou semence d’une ou de deux de ces loges avorte quelquefois. L’écorce de ces fruits est d’un vert clair d’abord, & charnu ; mais dans sa maturité, elle ressemble à du cuir par sa tissure & par sa couleur. Elle est toujours chargée de piquans pointus & bruns. Elle

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