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avoir neuf par jour. Mais comme il étoit incommode de le déshabiller si souvent, on en faisoit une estimation qui se convertissoit en argent. Le jour du sacre il tire la botte, & déchausse le Roi ; & il est assis à ses pieds, lorsqu’il tient les Etats ou son Lit-de-Justice. Voyez aussi Du Tillet.

P. Bardin imprima en 1615 un livre intitulé, le Grand Chambellan de France, où il est amplement traité des honneurs, droits & pouvoirs de cet office. Il prétend au c. 3, p. 6, que l’office de Grand Chambellan est presque aussi ancien en France que la Monarchie ; car, dit-il, si nous ne voulons pas ajouter foi à un Historien (Nicolas Gilles), en la vie de Clovis, qui dit qu’Aurélien député par Clovis vers Gombaut, Roi de Bourgogne, pour aller rechercher sa nièce Clotilde en mariage, étoit Chambellan de ce premier Roi Chrétien ; au moins sommes-nous obligés de croire à Guaguinus, Liv. II ; à Nicolas Gilles, en la vie de Clotaire ; & à Faucher, Liv. III, c. 8, qui ont assuré que Gautier de Calez ou de Caux, Seigneur d’Ivetot, l’étoit de son fils Clotaire.

Il y en a qui croient que le Grand Chambrier & le Grand Chambellan, sont deux offices séparés de pouvoir & de dignité, & que le Chambrier étoit proprement celui que l’on appelle Domestique du Roi ; mais ce sont deux noms que le même office a eu en différens temps. L’on trouve néanmoins en la Chambre des Comptes deux titres de ces Officiers ; & nous voyons que sous un même Roi, & en un même temps, deux sont pourvus des Etats de Chambellan & de Chambrier. Toutefois cela ne s’est fait que dans la dernière race, dit Bardin, quand nos Rois ne voulant point mécontenter les grands Seigneurs qui demandoient cette charge, la divisèrent ainsi, donnant à l’un le nom de Grand Chambellan, & à l’autre celui de Grand Chambrier ; & peut-être servoient-ils alternativement par semestre ou par quartier. Plusieurs raisons, continue-t-il, m’autorisent en cela, & entr’autres que nous voyons les noms de Grands Chambellans & Chambriers souscrits indifféremment aux chartes qui n’étoient signées que par les cinq grands Officiers de la Couronne ; mais l’on ne trouve point que ces deux Officiers aient soussigné les mêmes Lettres. Au ch. VI, il fait une liste des Grands Chambellans, jusqu’à Charles IX ; & au ch. VII, des Officiers & Domestiques établis sous le Grand Chambellan.

Le Grand-Chambellan, le jour du sacre du Roi, a soin de faire tenir la porte fermée, attendant que les Pairs & Seigneurs frappent. Alors il leur demande ce qu’ils cherchent, & eux répondant, notre Roi, il leur ouvre, afin qu’ils l’aillent quérir pour le conduire à l’Eglise. Là le Grand-Chambellan reçoit les bottines royales que l’Abbé de S. Denys lui met en main, pour les chausser au Roi, & à lui seul appartient de lui vêtir la Dalmatique de bleu azuré, & par-dessus le manteau royal, les oraisons étant achevées.

Par les Etats des Hôtels des Rois Philippe le Bel, & Philippe le Long, en toutes autres cérémonies royales il a toujours la préséance. S’il porte sa bannière de France, il est entre le Grand-Maître, qui tient son bâton, & le Grand-Ecuyer, qui porte l’épée. Aux entrées de ville, il est à sa main droite, & la tête de son cheval vis-à-vis la jambe droite du Roi. Aux cérémonies à pied il marche un peu derrière, à sa main droite. Quand le Roi tient son Lit-de-Justice en ses Cours de Parlement, par Arrêt de l’an 1451, 22 Avril, il a séance à ses pieds sur un carreau de velours violet couvert de fleurs-de-lis d’or. Il couchoit anciennement dans la chambre du Roi, quand la Reine n’y étoit point ; & lorsqu’il couche chez le Roi, tous les matins un Valet de Chambre le doit aller avertir, quand le Roi est éveillé, afin qu’il lui présente la chemise & sa robe de nuit ; honneur qu’il ne défère qu’aux enfans de France, & au premier Prince du Sang. Aux grands hommages que l’on rendoit au Roi, le Grand Chambellan parloit pour lui, & faisoit faire aux Seigneurs les protestations de leur fidélité & du devoir de l’hommage. Il avoit l’œil à ce que ceux qui étoient sous sa charge fissent nettoyer & tapisser magnifiquement le Palais Royal, prissent garde aux habillemens du Roi, donnassent ordre que son lit fût honnêtement & richement paré, son linge bien blanc, & ses meubles bien propres : soin qui lui étoit commun avec la Reine. Il disposoit des présens qu’il falloit donner aux Ambassadeurs Etrangers. Il a pouvoir de commettre un Lecteur pour le Roi, ce qui vient apparemment de ce qu’anciennement, lorsque nos Rois & nos Reines prenoient leurs vêtemens, & pendant leur repas, on avoit coutume de leur lire quelques histoires & faits héroïques des Princes.

Il avoit anciennement la garde du trésor du Roi. Il a encore celle de ses ornemens royaux, couronne, sceptre, main de justice, anneau, manteau royal, scel de secret, ; celle des étalons des poids & mesures. Depuis Philippe I, qui l’ordonna, il a toujours soussigné avec les quatre grands Officiers de la Couronne aux chartes & lettres de conséquence. Il assiste au jugement des Pairs, & y a voix délibérative. Cela fut jugé l’an 1224 sous Louis VIII. Voyez Pasquier, Liv. IV, des Rech. ch. 9. Philippe le Bel défendit qu’aucun ne prît vivres à Paris aux taux du Roi, excepté la Reine, les enfans, le Grand-Chambellan, &c. Il avoit autrefois sa table entretenue chez le Roi. Il étoit exemt de payer aucun sceau. Lorsque le Roi est en campagne, les Maréchaux des Logis doivent marquer pour le Grand-Chambellan la première chambre après celle du Roi. Cela fut jugé au voyage de Louis XIII, en Languedoc, en faveur de M. le Duc de Chevreuse ; & la raison est qu’anciennement il couchoit dans la chambre du Roi. Enfin la marque & enseigne de la Charge de Grand-Chambellan est la bannière de France. Tout ceci est tiré de Bardin. On peut voir encore Du Tillet, P. I, p. 415 & suivantes.

Le Prevôt de Paris prend le titre de Chambellan ordinaire du Roi. Cela vient de ce que nos Rois voulant être informés exactement par ce Magistrat de tout ce qui concernoit leur service, ou le bien public, arrachèrent à son office celui de leur Chambellan ordinaire, pour avoir accès à toute heure auprès de leur personne. De La Mare, Traité de la Police, Liv. I, Tit. VII, ch. 3.

Le Grand-Chambellan est, à Rome, celui qui a soin du gouvernement de la ville, qui préside au Patrimoine de l’Eglise & au Fisc, & qui fait les aumônes du revenu de l’Eglise : c’est comme le Préfet du Trésor Romain, ou le Surintendant des Finances. Ærario Romano præfectus, præpositus. Il a aussi le soin des édifices publics, comme les Ediles. Le siège vacant, il loge à l’appartement du Pape, marche avec sa Garde-Suisse, & ordonne de l’assemblée du Conclave. Il y a aussi à Rome une charge de Chambellan du Sacré Collège, qui s’exerce tour-à-tour pendant un an par les plus anciens Cardinaux. Il a soin du revenu du Sacré Collège, & en sortant de charge, il distribue à chacun des Cardinaux ce qui lui appartient. Il est différent du Camerlingue ou Chambellan du Pape. Ærario sacri Cardinalium Collegii præfectus.

Chambellan, se dit aussi d’une des deux grandes tables que le Roi tient pour les Courtisans, qui étoit autrefois tenue par le Grand-Chambellan, & que le premier Maître d’Hôtel tient aujourd’hui. Aller dîner au Chambellan.

Dans l’Abbaye de S. Claude en Franche-Comté, le Chambellan étoit un des offices claustraux. Le Chambellan de S. Claude devoit faire les affaires de l’Abbé, fournir des essuie-mains ou serviettes, pour le lavement des pieds du Jeudi-Saint, & servir les soixante pauvres à qui on devoit les laver. Il étoit encore obligé de fournir de la paille pour les lits des Novices & des autres Religieux. P. Hélyot, T. V, p. 172.