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CHA

froy, ou Saint Ceufrey, étoit du pays des Berniciens, & Disciple de saint Benoît Biscop. Il eut le gouvernement du Monastère de Wermouth, & après s’en être démis, il mourut à Langres l’an 716, en allant à Rome pour finir les jours au tombeau des Apôtres.

☞ CEURAWATH. Nom d’une Secte de Benjans, dans les Indes qui croient la métempsycose, avec tant de superstition, qu’ils craignent même de faire mourir les moindres insectes ; & les Prêtres ont toujours la bouche couverte d’un voile, de peur d’en avaler quelques-uns ; ils mènent une vie très-austère ; ils sont tous admis à la prêtrise, même les femmes, pourvu qu’elles aient plus de vingt ans. Il ne faut pour cela, que prendre l’habit de Prêtre, faire vœu de chasteté, & pratiquer l’austérité de vie, qui est extraordinaire. Les veuves ne sont point obligées de se brûler avec leurs maris ; mais elles promettent une viduité perpétuelle. Toutes les autres Sectes des Benjans ont beaucoup de mépris & d’aversion pour celle-ci.

CEUTA. M. Corneille dit Ceute & Ceuta. Le dernier est plus ordinaire, & je ne sais si l’on dit jamais autrement. Septa, Exilissa, Lissa. C’est une ville du Royaume de Fez, dans la Province de Habata, près du détroit de Gibraltar, au pied d’une montagne qui a sept sommets si semblables qu’on les nomme les sept frères ; & cette ville, quelquefois en latin Ad septem fratres, est un Evêché suffragant de Lisbonne. Elle étoit aux Portugais ; mais toutes les places des Etats de Portugal ayant secoué le joug des Espagnols en 1640, la seule Ceuta, qui avoit un Gouverneur Espagnol, demeura sous la domination Castillanne, & les Portugais la cedèrent par la paix de 1668. ☞ Les Maures l’assiégèrent en 1697. Ce siege dura plus long-temps que celui de Troie ; elle se défendit vigoureusement pendant plus de cinquante ans, & elle s’est maintenue sous la domination d’Espagne.

CEY.

CEYLAN. Voyez Ceïlan.

☞ CEYTAVACCA. Ville d’Asie. Les Géographes la placent dans l’île de Ceïlan entre la ville de Colombo & la montagne qu’on appelle Adam-pic. Elle appartient aux Hollandois.

CEYX. s. m. Terme de Mythologie. Il étoit fils de Jupiter & fils de Lucifer ; il fit naufrage en allant consulter l’Oracle d’Apollon. Après sa mort, Alcyone & lui furent changés en oiseaux.

CEZ.

CEZE. Rivière de France. La Ceze prend sa source auprès de Villefort dans les Cévennes. La Ceze roule des pailletes d’or. Voyez l’Hist. de l’Acad. des Sc. de 1718. L’or de la Ceze est à 18 karats 8 grains. Ib.

☞ CEZIMBRA. Ville de Portugal dans la Province d’Estramadure, à quatre lieues de Setuval.

CHA.

CHA. s. m. C’est une étoffe de soie très-simple, & très-légere, dont les Chinois, chez qui elle se fabrique, s’habillent le plus ordinairement en été.

CHAA, ou TCHA. C’est, à ce que disent quelques Auteurs, une espèce de thé du Japon, ou une feuille faite comme le thé ordinaire, mais plus petite & plus agréable au goût & à l’odorat, de couleur verte plus claire, tirant sur le jaune. Elle croît à un petit arbrisseau de la grandeur du groselier, qu’on cultive avec soin dans le Japon pour le distribuer. On l’appelle improprement fleur de thé. On met infuser pendant demi-heure au plus, une pincée de cette petite feuille dans une livre d’eau chaude, dans un vaisseau couvert. Elle devient d’un vert jaune, d’une odeur de violette. On ajoûte un peu de sucre, & on la boit la plus chaude qu’on peut. La prise est de quatre ou cinq onces. Elle purifie le sang, abat les vapeurs, éveille les esprits, empêche l’assoupissement. Mais le chaa n’est autre chose, que le thé, & c’est le nom chinois. La différence des noms entre chass & thé a fait croire à quelques uns que l’un étoit différent de l’autre.

CHABAN, CHAHBAN, CHAVAN, ou CHUAN. s. m. selon Laurentius Var. Sacr. p. 467, Golius p. 4 ; ad Alfragen, & Fabricius, Menologio, p. 75. C’est le nom d’un mois des anciens Arabes, & le troisième de leur année, qui répondoit au mois de Mai ; mais il paroît par la Relation Turque de la conquête de Babylone, dont Du Loir nous a donné le texte & la traduction dans la VIIIe Lettre de son voyage du Levant, que ce n’est pas tellement un terme des anciens Arabes, qu’on ne s’en serve encore. Le 19e de la lune de Chahban on enrôla ceux des troupes qui voulurent être enfans perdus, & on les distribua sous des enseignes. Du Loir, p. 231. La lune de Chahban est une des trois pendant lesquelles les Mosquées sont ouvertes pour le Temgid, ou la prière de minuit. Id. p. 145.

CHABANEIX, ou plutôt CHABANOIS. Petite ville de l’Angoumois, Diocèse de Limoges, située sur la Vienne où elle a un pont de pierre, à trois lieues au-dessous de Saint Junien ; entre cette ville & celle de Confolent.

CHABAR. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une fausse Divinité, dont les livres des Arabes font souvent mention. Chabar. Euthymius Zygabenus dit que les Arabes furent idolâtres jusqu’au temps d’Héraclius, c’est-à-dire, jusqu’à Mahomet, & qu’ils adoroient entr’autres divinités Lucifer & Venus, qu’ils appellent, dit-il, dans leur langue Chamar : il a voulu dire Chabar. Le P. Kirker veut que ce soit la lune, qu’on l’ait prise pour Venus, à cause qu’elles produisent à peu près les mêmes effets. Les Mahométans renoncent à Chabar. Ils ont un acte ou formule de cette renonciation, que le P. Kirker a rapporté. Voyez son Œdip. Egypt. T. I, Synt. IV, ch. 16, § 3.

Le P. Kirker écrit Cabar, il est mieux d’écrire Chabar. C’est un kef en Arabe, & non pas un kaf. Ce nom signifie proprement grand, puissant, de l’hébreu כבר, Chabar, qui signifie multiplicare, d’où כביר, Chabir, interprété validus, fort.

CHABLAGE. s. m. Peine & travail du Chableur. Labor, opera præfecti fluminum.

CHABLAIS. Caballiacensis, ou Caballicus, ou Caballiacus. Le Chablais est une Province de Savoie qui a titre de Duché, & qui est situé entre le lac & le territoire de Genève au nord, le Genevois au couchant, le Faucigny au sud, & le Valais au levant. Tonnon en est le principal Bourg. Quelques uns croient que c’est le pays des anciens Nantuates.

CHABLE. Voyez Cable. Funis nauticus, rudens.

CHABLEAU. s. m. Voyez Cableau & Cincenelle.

CHABLER. v. a. Terme de rivière & de Marine. Attacher un fardeau à un cable, le hâler, l’enlever, comme on fait dans les ateliers. Funem ponderi alligare.

Chabler les noyers. C’est en quelques Provinces, faire tomber les noix de dessus les noyers à coups de perches. Nuces decutere.

CHABLEUR. s. m. Terme de Rivière. Officier de ville commis sur les rivières, qui sert à faire partir les coches & les bateaux, & à les faire passer par les permis, sous les ponts & autres passages difficiles. Fluminum ac navicularum præfectus. Les voituriers sont obligés de se servir de Chableurs pour passer les ponts & pertuis, dans les endroits où ils seront établis. Les Chableurs doivent travailler en personne, & ne peuvent faire commerce sur la rivière, ni tenir cabaret ou hôtellerie.

CHABLIS, ou CHABLES, ou CAABLES. s. m. ou adj. pris substantivement. Terme de Forêts. Ce sont des arbres de haute futaie, abattus, renversés, brisés ou arrachés par les vents. Conf. de l’Ordonnance des Eaux & forêts. Strages arborum ab tempestate. Les Maîtres des Eaux & forêts sont obligés après les grands orages de se transporter dans les forêts, & de faire un procès-verbal du nombre des chablis