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tre d’une Province, qu’une Province est le centre d’un Royaume.

Centre se dit par extension du lieu où chaque chose tend naturellement, comme au lieu de son repos. On dit en ce sens que chaque chûte tend à son centre.

☞ On dit figurément qu’un homme est dans son centre, pour dire qu’il est dans un endroit où il se trouve bien, où il a ses aises & ses commodités. On dit dans un sens contraire qu’il est hors de son centre. Un ivrogne au cabaret est dans son centre.

☞ On dit encore figurément qu’une ville est le centre du commerce, le centre des affaires ; pour dire que c’est l’endroit où le commerce est plus florissant, où se traitent la plupart des affaires. Paris est le centre des sciences, des beaux arts. Le centre du bon goût, de la politesse, &c.

☞ En Théologie, on dit que l’Eglise Romaine est le centre de l’unité, le centre de la communion des Fidèles sur la terre.

☞ On dit proverbialement, je voudrois être au centre de la terre ; c’est-à-dire, bien loin, ou bien caché.

Centre vient du latin centrum, formé de κέντρον, point, de κεντέειν, pungere.

☞ CENTRER un verre. Terme de Lunetier. C’est travailler un verre de manière, que la plus grande épaisseur de ce verre se trouve au centre de la figure quand il est achevé.

CENTRIFUGE. adj. Qui tend à éloigner du centre. C’est un terme de Physique. Un corps qui se meut, tend toujours à décrire la ligne qu’il décriroit s’il étoit libre… D’où il faut conclure que les corps qui se meuvent circulairement, tendent continuellement à s’éloigner du centre de leur mouvement ; ce qu’ils doivent faire avec une force d’autant plus grande, qu’ils se meuvent plus vite. Rohault. Un corps qui décrit un cercle, décrit à chaque instant une petite ligne droite qui fait partie de sa circonférence. Ce corps à chaque instant fait donc effort pour continuer à se mouvoir dans la direction de cette petite ligne. C’est la force centrifuge. M. de Maupertuis. Voyez Mouvement circulaire & les articles relatifs.

L’effet de la force centrifuge est tel, qu’un corps obligé à décrire un cercle, le décrit le plus grand qu’il lui est possible, parce qu’un plus grand cercle est, pour ainsi dire, moins cercle & diffère moins d’une ligne droite qu’un plus petit. Un corps souffre donc plus de violence, & exerce plus sa force centrifuge, quand il décrit un petit cercle, que quand il en décrit un grand. Hist. de l’Acad. R. des Sciences, année 1700, p. 79. de l’Edit. de 1703.

CENTRINE. s. f. Poisson de mer que les Italiens appellent pesce perco. Il est gros, épais, court, de figure triangulaire, couvert d’une peau fort rude, parsemée de pointes fortes, principalement à la tête & au dos, de couleur obscure. Sa tête est petite & comprimée : ses yeux sont vifs : sa gueule est presque toujours ouverte. Ses dents sont larges & tranchantes : sa chair est nerveuse, visqueuse, & ne se mange point. Etant sechée, elle excite l’urine. C’est le chien de mer.

CENTRIPÈTE, adj. m. & f. Terme de Physique. Qui tend à approcher d’un centre. Centripeta. Un mouvement centripète. La force centripète, si célèbre dans la Physique moderne, est une propriété des corps, qui les fait tendre au centre du cercle qu’ils décrivent dans leur tourbillon ; c’est-à-dire, que ce n’est autre chose que la gravité ou pésanteur, ou l’attraction. La force centripète est opposée à la force centrifuge. Il est parlé dans le Journal des Savans, de Mai 1734, du conflit des forces centrifuges & centripètes, nécessaire pour retenir dans son orbite, & autour de sa planète principale tout satellite placé au-delà, &c.

Ce mot est composé de centrum, centre, & peto, je tends, je vais.

CENTRIPÉTENCE. s. f. Terme de Physique. Tendance au centre. Aux appétits aristotéliciens, le plus brillant des Modernes ne substitue aujourd’hui que des centripétences, des attraclions. Mém. de Trév. L’idée précise de Newton est de faire tourner les planètes ; la lune, par exemple, autour de la terre dans une ellipse régulière en vertu de sa centripétence ; mais cette centripétence est altérée par la force héliocentrique : de sorte que c’est de la combinaison de ces deux forces que doit résulter la modification & la figure de l’orbe lunaire. Castel.

☞ CENTROBARIQUE. adj. Méthode centrobarique. En Méchanique, c’est une méthode pour mesurer ou déterminer la quantité d’une surface ou d’un solide, en les considérant comme formés par le mouvement d’une ligne ou d’une surface, & multipliant la ligne ou la surface génératrice par le chemin parcouru par son centre de gravité. Encyc.

CENTROSCOPIE. s. f. Terme de Mathématique. Traité du centre : partie de la Géométrie qui traite du centre. Centroscopia. Il y a deux sortes de centres, le centre d’une figure & le centre de gravité. La centroscopie traite de l’un & de l’autre. Ce mot ne se trouve point dans nos Auteurs, parce qu’ils ne réunissent point ces deux choses en un traité particulier. Ils examinent le centre des figures dans la Géométrie, & le centre de gravité dans la Méchanique. Ce sont les vrais lieux de parler de ces deux sortes de centres. Il a plu à Caramuel de les en séparer, & d’en faire un traité particulier, qu’il appelle Centroscopia.

Ce mot vient de κέντρον, centrum, & σκοπέω, considero.

CENT-SUISSES. s. m. C’est une Compagnie de cent Suisses, établie en 1481 par Louis XI pour la garde du Roi. Centumviri Regis custodes ex Helvetia. Ce nom est singulier aussi bien que pluriel. Les Cent-Suisses de la garde du Roi ont un Capitaine-Colonel, deux Lieutenans, l’un François & l’autre Suisse. Aux jours de cérémonie le Capitaine & les Lieutenans des Cent-Suisses sont vêtus de satin blanc avec de la toile d’argent dans les entaillures ; & les Suisses ont des habits de velours. Un Cent-Suisse jouit des mêmes privilèges qu’un François naturel ; il n’est point sujet au droit d’aubaine ; il a exemption de taille pour lui, sa veuve, ses enfans.

CENTUMVIR. s. m. Magistrat & Officier de l’ancienne Rome, établi pour juger de certaines affaires civiles, comme des testamens, des tutelles, des prescriptions. Centumvir. Comme le peuple étoit divisé en trente-cinq Tribus, on élisoit trois personnes de chaque Tribu pour remplir cette charge : cela composoit un nombre de 105 Juges ; & quoique dans la suite on en augmentât le nombre jusqu’à cent quatre-vingt, on ne laissa pas de les appeler toujours Centumvir, & leurs jugemens centum viralia judicia. Voyez Festus. Les Centumvirs furent créés à l’exemple de la première institution du Sénat établi par Romulus, ainsi que le rapporte Denys d’Halicarnasse en son second livre. Pomponius le Jurisconsulte, en son Enchiridion du Droit, dit que les Centumvirs furent établis quand les Préteurs ne purent plus suffire à vider tous les procès du peuple, d’autant plus qu’ils étoient ordinairement distraits & occupés hors de Rome, tant aux guerres, qu’à l’administration des Provinces. Vigenère sur Tite-Live, T. I, p. 766.

Les Centumvirs connoissoient des usucapions, des tutelles, des testamens, & généralement de toutes les affaires qui se portent parmi nous devant le Juge ordinaire, dont la plupârt étoient auparavant du ressort des Préteurs, sur la juridiction desquels ils avoient beaucoup empiété : car ils étoient alors (sous Vespasien) compétens pour les matières criminelles, comme pour les civiles. Morabin, p. 182. Voyez Festus & Quintilien, L. IV, c. 1.

CENTUMVIRAL, ALE. adj. Qui appartient aux Centumvirs, & qui est de leur ressort & de leur dépendance. Centumviralis. Jugement centumviral.

CENTUMVIRAT. s. m. Centumviratus. Tribunal chez les Romains, composé des Centumvirs. Voyez ce mot.