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Sirice en 385, il y en avoir peu qui fussent mariés. Le Concile d’Orange en 441, ordonna la déposition de ceux qui ne s’abstenoient pas de leurs femmes. Grégoire VII, acheva presque de réduire les Ecclésiastiques à la loi du célibat. Dans le XIIe siècle le Pape Célestin envoya les Légats en Bohême pour soumettre les Ecclésiastiques au célibat. Ils refusèrent d’y consentir,& répondirent qu’ils ne souffriroient point un joug que ni eux, ni leurs pères, n’avoient pu porter : on les contraignit. Au Concile de Trente on proposa de rendre aux Ecclésiastiques la liberté du manage, & de les délivrer de la contrainte du célibat, c’étoit même un article de l’Interim de Charles-Quint. Mais le Pape refusa d’y consentir : & tous les Ecclésiastiques sont obligés de garder inviolablement le célibat, comme un état plus pur, & plus convenable à la sainteté de leur profession. Saint Evr. Les Hérétiques ont parlé contre le célibat d’une manière, si grossière, qu’elle est capable de faire rougir même les libertins.

M. Ferrand, dans sa Réponse à l’Apologie pour la reformation, montre que les Prêtres, les Diacres, & les Soudiacres, ont toujours été en obligation de garder le célibat ; que dans l’Eglise Gallicane, aux temps de Saint Loup & du Ier Concile de Mâcon, on obligeoit les Acolythes & les Exorcistes à la continence comme les Ordres supérieurs. L’Historien Socrate, Liv. V, c. 22, dit qu’en Thessalie on excommunioit un Clerc s’il habitoit avec sa femme, quoiqu’il l’eût épousée avant son ordination, & que la même coutume s’observoit en Macédoine & en Grèce ; qu’en Orient tous observoient volontairement cette règle. Saint Jérôme, plus ancien que Socrate, dit que les Eglises d’Orient, d’Egypte, & du Saint Siège Apostolique, c’est-à-dire, les trois grands Patriarchats, & presque toutes les Eglises du monde qui leur étoient soumises, prenoient pour Clercs des vierges ou des continents ; ou que, s’ils avoient des femmes, ils cessoient d’être leurs maris. S. Epiphane avant Saint Jérôme, quoique du même siècle, dit qu’un homme qui a été marié, ne l’eût-il été qu’une fois, n’est point reçu pour être Diacre, Prêtre, Evêque, ou Soudiacre du vivant de sa femme, s’il ne s’en abstient ; que s’il se pratique quelque chose de contraire en quelques endroits, cela est contraire à la règle de l’Eglise, quoique toléré par condescendance pour la foiblesse humaine. Ce qui montre qu’il y avoit une ancienne règle ou Canon qui ordonnoit le célibat aux Clercs. Le Président Savaron, dans ses Origines de la ville de Clermont en Auvergne, p. 46, remarque que le célibat étoit gardé par les Evêques dans le IIIe siècle. Voyez le Traité de Rarramne contre les Grecs, Liv. IV, c. 6, où il répond aux accusations des Grecs par rapport au célibat des Clercs.,

☞ Quoique la loi du Célibat pour les Evêques, les Prêtres & les Diacres soit fort ancienne, il est pourtant vrai que le Célibat n’est pas attaché de droit divin aux ordres sacrés, c’est-à-dire, qu’il n’y a point de loi divine qui défende d’ordonner Prêtres des personnes mariées, ni aux Prêtres de se marier. Dans l’ancien Testament il étoit permis aux Prêtres de se marier, même après avoir été élevés à cette dignité. Dans le nouveau Testament Jésus-Christ n’a fait aucune défense sur cette matière ; & si l’Apôtre Saint Paul dans ses Epitres à Timothée & à Tite, veut que les Evêques soient chastes & continens, ce n’est pas un commandement divin ; & puis ces passages de Saint Paul ne s’entendent point du Célibat, puisque l’Apôtre défend seulement aux Evêques d’avoir plusieurs femmes en même temps, ou successivement. Oportet Episcopum esse unius uxoris virum. Voyez M. Morin & M. l’Abbé de Saint Pierre sur le Célibat.

Scaliger tire ce mot du grec ϰοιτὴ, qui signifie lit, & λείπω qui signifie linquo, celui qui abandonne le lit nuptial, ou qui n’en a jamais voulu. D’autres disent que le mot de célibat vient de Cœli beatitudo.

☞ CÉLIBATAIRE. s. m. Qui vit dans le Célibat, qui n’est point marié, quiqu’il soit d’âge à l’être. Cælebs. On doit se servir de ce mot, plutôt que de celui de garçon, qui a plusieurs autres significations, & et qui d’ailleurs n’est pas noble. Lycurgue porta des loix très-rigoureuses contre les célibataires, par lesquelles Ils étoient exclus de tous les emplois civil & militaires. Tous les ans les femmes de Lacédémone alloient prendre chez eux tous les célibataires, les conduisoient au Temple de Junon, en les accablant de plaisanteries, & leur donnoient le fouet aux pieds de la Statue.

CELICO. Bourg du Royaume de Naples, proche de proche de la ville de Cosenza. Ce bourg fut la patrie du célèbre Abbé Joachim, qui y naquit en l’an 1111.

CÉLICOLE. s. m. & f. Nom de Secte. Cœlicola. Les célicoles, ou adorateur du Ciel, professoient une hérésie qui tenoit, à ce que l’on croit, du Judaisme, & du Paganisme. Ils pervertissoient le Baptême, comme les Donatistes ; & il s’en trouvoit principalement en Afrique. Honorius fit ou confirma beaucoup de loix contre eux l’an 408, que l’on voit dans le Code Théodosien sous le titre des juifs, c’est ce qui fait croire qu’ils judaïsoient au moins en quelque chose. Quelques Auteurs en concluent que c’étoient des Apostats, qui de la Religion Chrétienne étoient passés dans le Judaïsme. Ils appeloient leurs Supérieurs Majeurs.

☞ Les Juifs avoient été aussi appelés Célicoles, parce que quelques-uns d’entr’eux étant tombes dans l’idolâtrie, du temps des Prophètes, ils adoroient les astres du Ciel, & les Anges. C’est pour cela que Saint Jérôme consulté par Algasie sur le passage de Saint Paul aux Colossiens, que personne ne vous seduise, en affectant de paroitre humble par un culte superstitieux des Anges, répond que l’Apôtre veut parler de cette erreur des Juifs, & prouve qu’elle étoit ancienne parmi eux, & que les Prophètes l’avoient condamnée. Clément d’Alexandrie reproche les mêmes erreurs aux Juifs, & Saint Epiphane dit que les Pharisiens croyoient que les cieux étoient animés, & les considéroient comme les corps des Anges. Mor.

CELIDÉE. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui porte de grandes feuilles blanches mêlées d’incarnat, sa peluche céladon, mêlé de couleur de rose. Morin.

CÉLIGNE. s. f. Nom de femme. Cœlinia ou Celinia. Célinie, que le peuple nomme Sainte Céligne, étoit de la ville de Meaux. Baillet. Elle croit contemporaine de Sainte Geneviève, sous la conduite de laquelle elle consacra à Dieu sa virginité. Il y a une autre Sainte Céligne veuve, honorée à Laon & à Reims.

CÉLIQUE. adj. m. & f. Qui se trouve dans nos vieux Auteurs pour céleste. Cœlestis, e ; cœlicus, a, um.

☞ CELLA. s. f. Terme d’antiquité. Dans les grands Temples des païens, c’étoit le Temple proprement dit, ou étoient les Dieux, les Autels, les Candélabres. La cella avoit trois parties principales, la Basilique qui répond à ce que nous appelons la nef dans nos Eglises, l’adytum qui répond à notre sanctuaire, & la tribune ou rond-point de nos Eglises, où étoit la Statue du Dieu dont le Temple portoit le nom. Lettre dans Les Mém. de Trév. Février, 1759.

CELLE, pronom fém. Voyez Celui.

CELLE en Provence, est un bourg près de Brignoles. L’Abbaye de Celle est une Abbaye de Bénédictines de la Reforme au Val-de-Grace : elle a été transféree dans la ville d’Aix. P. Hélyot, T. IV, p. 332.

Celle. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois une petite maison, chambre ou retraite d’un Moine, d’un Hermite. Cella, cellula. Il n’est plus en usage qu’en ses composés.

On l’a dit originairement de la maison où demeuroient des personnes de servile condition ou francs, ou bien des enfans qu’on y laissoit pour aller commodément à l’école.

Celle. En usage dans l’Ordre de Grandmont. Mona-