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CAU

lâcher quelque parole qui fait découvrir un secret. Garrire, loqui temerè, inconsultè. Ne dites rien devant cet homme-là, c’est un homme qui cause, qui est sujet à causer. Les femmes n’ont pas la force de se taire : elles ont une furieuse démangeaison de causer. Bouh.

Causer, signifie aussi, médire, parler avec malignité. Maledicere, conviciari. Cette femme à une réputation douteuse ; on en cause.

Causer, en termes de Fauconnerie, exprime le son des perroquets & des pies. Loqui. On dit causer des perroquets & des pies. Fault.

On dit proverbialement qu’une personne cause comme une pie borgne ; qu’elle cause quand elle a les pieds chauds ; pour dire qu’elle parle trop.

Causé, ée. Part.

CAUSERIE. s. f. L’action de causer. Ceci entre nous deux & Madame de Coulanges ; car vous jugez bien que cette causerie seroit entièrement ridicule avec d’autres. Mme Sevigné. Il n’est que familier.

Brantome, qui a dédié ses Dames Galantes au Duc d’Alençon, frère d’Henri III, Roi de France, parle dans son Epître, des causeries dont ce Seigneur l’avoit honoré. Ce mot le trouve aussi dans le Dictionnaire de Bayle, remarq. C. de l’article de Catherine de Bore, femme de Martin Luther. Voici le passage : Il y a toutes les apparences du monde que l’on parloit mal de lui & d’elle, à cause, sans-doute qu’il la voyoit familièrement. Il l’aimoit, & il l’appeloit sa Catherine. M. Seckendorf conjecture que ces causeries furent une des raisons qui la portèrent à déclarer qu’elle ne vouloit pas épouser le Docteur Glacius, mais que volontiers elle le marieroit ou avec Luther ou avec Amsdorf.

☞ CAUSEUR, EUSE. Loquax. Il est aussi causeur qu’une femme. Femme causeuse. Humeur causeuse. Il y a des passions causeuses.

☞ On le dit aussi substantivement. C’est un causeur, une causeuse. Saumaise étant à Paris, n’aimoit pas à se rencontrer en compagnie avec Blondel, parce que celui-ci étoit un grand causeur. Colombier.

Causeur se dit aussi dans le discours familier pour, indiscret dans ses propos, qui ne sait pas garder un secret. Ne vous fiez pas à lui, c’est un causeur. Ce n’est qu’un causeur,

Efforçons-nous de vivre avec toute innocence,
Et laissons aux causeurs une pleine licence. Mol.

CAUSSADE. Petite ville de France en Guienne, dans le Bas-Quercy, près de l’Avéiron.

☞ CAUSTICITÉ. s. f. Terme didactique & de Chymie. Qualité d’une substance caustique, qui a la propriété de brûler, de corroder. Vis caustica. Caustique. Voyez La causticité de certains sels, de certaines préparations métalliques qui entament la peau, qui brûlent & consument les chairs.

Causticité, dans le sens moral, se dit, dans la signification de malignité, pour inclination à dire ou à faire des choses mordantes & satyriques. Mordacitas. Sa causticité l’a rendu odieux. M. le Franc dit que la fameuse Eglogue du pauvre Ménage, intitulée Christine, se trouve réduite aux points & aux virgules, par la causticité d’un mauvais plaisant qui avoit de la mémoire. Observ. sur les Ecrits mod. T. 14, p.5.

CAUSTIQUE. adj. de t. g. Qui a la propriété de brûler, qui est corrosif. Le suc de tithymale est fort caustique. Caustions, acturens. L’arsenic n’est poison, que parce qu’il est caustique, qu’il corrode & perce les parties où il s’attache. Il y a des remèdes caustiques & corrosifs, qu’on appelle aussi pyrotiques, qui par leur substance âcre, mordante & terrestre, corrodent, brûlent & détruisent la peau & la chair pour pénétrer au-dedans des corps durs & calleux, & fondent & liquéfient les humeurs ; comme alun brûlé, éponges, cantharides, & autres vésicatoires. Les caustiques qui font escarre, sont appelés ruptoires ou cautères. Les cristaux de lune & pierre infernale, qu’on fait avec l’argent & l’esprit de nitre, sont caustiques, par cette union. On met aussi au rang des caustiques l’orpiment, la chaux vive, le vitriol, la cendre de figuier & de frêne, la cendre de lie de vin, le sel de lessive dont on fait le savon, le mercure sublimé, &c. Ce mot vient du grec ϰατϛιϰὸς (katsikos), urens, qui vient de ϰαίω (kaiô), uro.

☞ On appelle sel caustique, un sel alcali. Voyez Alcali.

☞ Ce mot est aussi emploié substantivement ; comme dans l’article précédent. Faire usage des caustiques, La pierre infernale est un puissant caustique.

Caustique perpétuel. Causticum perpetuum. On donne ce nom à la pierre infernale.

Caustique se dit dans le sens figuré, d’un homme mordant & satyrique, qui parle avec malignité. Mordax, qui iniquo mordet dente. C’est un homme très-caustique ; il a l’humeur caustique.

☞ On le dit aussi substantivement pour causticité. Les satyres de Juvénal n’approchent pas de la mordacité & du caustique de la plume de Pogge dans ses ouvrages appelés invectives. Journ. des Sav, 1720.

Caustique est aussi substantif féminin, comme terme de dioptrique & de catoptrique. On appelle caustique, la courbe sur laquelle se rassemblent les rayons réfléchis ou rompus par une surface. Caustica. Un rayon soit réfléchi, soit rompu par une courbe quelconque, doit être coupé en quelqu’un de ses points par un autre rayon semblable, & infiniment proche de lui ; de même ce second rayon doit être coupé par un troisième, & ainsi à l’infini. La suite de tous ces points d’intersection forme une ligne courbes que M. Tschirnhaus a appelée caustique ou brûlante, parce qu’il est visible que les rayons ne sont en aucun autre endroit si ferrés & si capables de brûler, que sur la circonférence de cette courbe, où ils se coupent. Si les rayons sont réfléchis, la courbe s’appelle caustique, par réflexion ; & s’ils sont rompus, caustique par réfraction. Une caustique peut se réduire toute en un point. Ainsi, si des rayons parallèles à l’axe d’une parabole tombent sur sa concavité,& s’y réfléchissent, ils vont tous se réunir au foyer de cette courbe, & ce point seul est toute la caustique. Dans un demi-cercle dont la concavité réfléchit des rayons perpendiculaires à son diamètre, & parallèles entr’eux, ou venus du soleil que l'on suppose infiniment éloigné, la caustique est une courbe assez étendue, qui coupe précisément par le milieu un rayon perpendiculaire au diamètre. C’est dans ce point, qui est par conséquent un quart du diamètre d’une sphère, ou d’un miroir concave, que l’on établit communément son foyer ; mais il ne faut pas croire que ce foyer, ou la caustique, soit alors ce seul point.

Toutes les courbes qui sont couvertes du côté du point lumineux, au lieu de rassembler les rayons réfléchis, les écartent & les rendent divergens, & alors on voir que leur caustique est du côté opposé à celui où se fait la réflexion, que celle d’une demi-sphère convexe, par exemple, est du côté de sa concavité, que par conséquent, les rayons se réfléchissent sur la convexité, comme s’ils étoient partis de cette caustique, située du côte convexe, c’est-à-dire, en un mot, qu’ils s’écartent après la réflexion. Il y a des cas où les courbes ont aussi les rayons réfléchis sur leur concavité, mais cela dépend de la situation du point lumineux à leur égard, & alors la caustique ne manque pas de passer du côté de la convexité. Un des plus grands avantages de la méthode des caustiques, c’est qu’elle donne la rectification ou la longueur des courbes, toutes les fois que celles qui les produisent font géométriques. Ainsi l’on voit que la caustique par réflexion formée dans un demi-cercle, qui a reçu, comme on vient de le dire, des rayons perpendiculaires aux rayons du diamètre qui la termine, est au diamètre de ce demi-cercle comme trois à deux. De même la cau-