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CAUCASE. Nom de montagne. Caucasus, On dit, le Caucase, & le mont Caucase. Ce sont des montagnes de l’Asie septentrionale, qui, selon la Géographie ancienne, divisoient l’Inde de la Scythie. Le Caucase est une branche du mont Taurus, qui s’étend dans toute la Géorgie, & dans la Circassie ; & souvent il a été confondu avec le mont Taurus. Ces montagnes sont extrêmement hautes, escarpées, & toujours couvertes de neiges : ce qui n’empêche pas que les vallées ne soient très-cultivées & fertiles même en bons vins. Les Poëtes disent que c’est sur le mont Caucase que Prométhée fut lié pour avoir le foie déchiré par un aigle ou par un vautour.

Le mont Caucase a différens noms. On le nomme mont d’Elbours ou de Circassie ; Thevet, Adazar : d’autres Albsor. L’Arménien Hayton dit qu’il s’appelle Cocas ou Cocheas ; d’où apparemment s’est formé Caucasus, Caucase. Bochart le tire de la première langue, c’est-à-dire, de l’hébreu, Phaleg. L. III, C. 13. Selon lui, la terre de Gog & Magog étoit une partie de la Scythie le long du mont Caucase, que les habitans de là Colchide & les Arméniens, dont, le Dialecte étoit un demi-Chaldéen, appeloient גוג חסן, Gog hasan, c’est-à-dire, Gogi munimentum, fort ou fortification de Gog ; de-là les Grecs, adoucissant la prononciation, firent Καύϰασος (Kaukasos). Pline, L. VI, C. 17, prétend que Caucasus, s’est dit pour Crocasus ou Crocasis, qui est le nom que les Scythes donnoient à cette montagne toujours couverte de neige, parce que ce nom dans leur langue signifie blanc de neige ; & pour confirmer cette étymologie, Hoffman remarque qu’encore aujourd’hui les Allemands, qui sont Scythes d’origine, disent grau pour signifier blanc.

Aristote, Meteor, L. H. C. 61, dit que l’on voit le Caucase du lieu appelé Profunda maris, qui, selon Ptolémée, est sous le même parallèle que le Caucase, & en est éloigné en longitude de 11 degrés. La latitude de l’un & de l’autre est à peu près 87° d′. Le lieu appelé Profunda ponti ou maris est la partie du Pont-Euxin qui touche au Bosphore Cimmérien. De-là, M. Scarfo, Serm. Géogr. I, conclut que le mont Caucase est plus haut que le Pont-Euxin de 65000 pas.

Saumaise sur Solin, p. 788 & suiv. traite fort au long de cette montagne, & distingue deux Caucases ; l’un dans la Colchide, & l’autre dans l’Inde ; mais je ne vois pas que ce sentiment ait été suivi. Le Chevalier Chardin, dans son Voyage de Perse, parle aussi du mont Caucase & de ses habitans, qui sont Chrétiens du rit géorgien. Il dit que le mont Caucase est la cime la plus élevée du mont Taurus, & le décrit, p. 18 & suiv.

☞ CAUCAUBARDITES. Voyez Contobardites.

CAUCHEMAR. s. m. Il y en a qui écrivent canchemare, d’autres chaussemare, d’autres cochemar, & d’autres cochemare. Tout cela est, je crois, fort indifférent, si ce n’est que chaussemare est le moins bon, cochemar ou cauchemar le meilleur. ☞ Nom qu’on donne à une certaine maladie qui attaque ordinairement les personnes qui sont couchées sur le dos, qui ont l’estomac chargé d’alimens lourds & difficiles à digérer. C’est une espèce d’oppression qui survient pendant le sommeil ; en sorte qu’on croit avoir l’estomac chargé d’un poids considérable dont on est délivré, quand on est éveillé. Ephialtes, incubus. Cette maladie ne vient pas, comme on le prétendoit autrefois, de vapeurs grossières qui remplissent les ventricules du cerveau : il y a plus d’apparence qu’elle est causée par une trop grande réplétion de l’estomac, qui empêche le mouvement du diaphragme, & par conséquent, la dilatation de la poitrine ; & c’est pour cette raison aussi qu’on y est plus sujet, après qu’on a trop mangé, & qu’on est couché sur le dos. Plusieurs croient avec fondement qu’elle est encore produite par la convulsion des muscles de la respiration. On l’appelle en grec, ἐφιάλτης (ephialtês), chez les Latins, incubus.

On dit d’un homme ennuyeux & incommode, que c’est un homme qui donne le cauchemar. Acad. Fr.

CAUCHOIS, OISE. s. m. & f. Qui est du pays de Caux. Caletensis, Caletus. On disoit anciennement Caucheis, ou Chauceis ; & il n’y a pas encore longtemps qu’on disoit aussi Caillot & Caillette. Voyez la Descrip. Geogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 2. On appelle à Rouen la porte Cauchoise, celle par où l’on sort pour aller au pays de Caux ; & à Paris des moutons Cauchois, ceux qui viennent de Normandie, du pays de Caux. Le breuvage des Cauchois est le cidre, & en quelques lieux la bière ; leur trafic est le lin, le fil, la toile, les blés & les cidres. Du Moulin, Hist. de Norm.

Cauchois, (pigeons) ce sont de gros pigeons, ainsi nommés des pigeons de Caux en Normandie, qui sont plus gros que ceux des autres lieux. Voyez Pigeon.

CAUCIAGE. s. m. Vieux terme de Coutumes. C’est un droit seigneurial, qui est dû pour les chaussées.

CAUCOBARTITE. Voyez Contobartite.

CAUDATAIRE. s. m. Celui qui porte la queue de la robe du Pape, d’un Cardinal, d’un Prélat. Syrmatis, gerulus, minister ab trabeæ caudâ.

CAUDE, EE. adj. Terme de Blâson, qui se dit des comètes & des étoiles qui ont une queue. Caudatus. Il porte d’azur à une étoile caudée d’or.

CAUDEBEC. Ville de France en Normandie sur la Seine à sept lieues au-dessous de Rouen. Calidobeccum. Caudebec est capitale du pays de Caux. Caudebec a été célèbre par ses manufactures de chapeaux ; aujourd’hui elles sont tombées.

Du Chesne & M. Corneille disent que cette ville prend le nom du pays de Caux ; cependant comme les noms latins sont fort différens ; que le pays de Caux s’appelle Caletensis ager, & Caudebec, Calidobeccum ; que Caux peut très-bien s’être formé de Calidus ; que dans le nord de la France on dit caud pour chaud, Calidus, il semble qu’il ne faut point recourir au nom du pays ; que Caudebec est la même chose que Calidobeccum ou calidum beccum, qui est la même chose que calidus rivus ; car bec en gaulois, comme bach en allemand, signifie rivière ; & qu’ainsi Cau dans Caudebec ne vient point de Caletensis, & n’est point le nom du pays de Caux. Sur cette ville, & sur l’origine de son nom, Voyez la Description Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 8.

Caudebec. s. m. signifioit autrefois un chapeau fabriqué à Caudebec, & en ce sens il a un pluriel. Petasus Calidobecci stipatus. Pileus Calidobeccensis. Les Caudebecs font fort estimés, parce qu’ils résistent à la pluie. Corn. Aujourd’ui Caudebec ne se dit plus que d’un chapeau de feutre.

☞ CAUDESCOTES. Petite ville de France, dans l’Armagnac, deux lieues au dessus d’Agen.

CAUDICAIRE. s. m. Caudicarius. On appeloit à Rome Caudicaires, les Batteliers, les Nautonniers, du nom de certains bâtimens qu’on appeloit caudicariæ naves. Quelques-uns écrivent codicariæ ; suivant cette ortographe, il faudra écrire codicarius & codicaire. Voyez Festus Pomp. Non. Marcell. Varron, de la vie du peuple Rom. L. III ; Séneque, de la brièveté de la vie.

☞ CAUDIEZ. Petite ville de France, dans le haut Languedoc, au pié des Pyrénées, à sept lieues d’Alet.

CAUDIOT. s. m. Le peuple de basse-Normandie, appelle ainsi un feu de joie. Il vient d’ignis de gaudio, feu de joie. M. Huet.

☞ CAUDROT ou COUDROT. Petite ville de France, en Guienne, dans le Bazadois, entre la Réole & Saint-Macaire.

CAVE. s. f. Lieu voûté, ou partie d’un bâtiment qui est au-dessous du rez-de-chaussée. Cavus, cavum,