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tout le corps du Catéchisme, on choisit trois excellens hommes pour l’écrire en latin d’un style pur, élégant & intelligible. Ce fut Paul Manuce, Julius Poggianus, & Cornélius Amalthée, Médecin de profession ; de sorte que ce Catéchisme n’est pas seulement instructif par rapport à la Religion, mais il est encore un livre agréable à lire pour le style.

L’ouvrage fut ensuite revu & perfectionné, recensitum & perfectum ab illustrissimo Sirleto, qui Tridentino Concilio interfuerat unà cum Cardinale Sanctœ Crucis, cujus tunc erat domesticus, & Silvio Antonio Cardinale.

Le seul défaut est, qu’il y ait, comme on l’a dit, quelques sentimens d’une école particulière dans un livre, qui ne devoit précisement contenir que le dogme & la doctrine de l’Eglise. Voyez les Auteurs cités, & Vigneuil-Marville, T. I, p. 349.

Ce Catéchisme a été imprimé par ordre de S. Pie, Pape, & approuvé par un bref de Grégoire XIII en 1583 ; par S. Charles Borromée, dans cinq Synodes différens qu’il a tenus à Milan en 1565, 1569, 1576, 1577 & 1579 ; par le Clergé de France assemblé à Melun en 1579 ; par les Conciles de Rouen en 1581 ; de Bordeaux, en 1581, de Tours en 1585 ; de Toulouse, en 1590 ; & par sept autres Conciles Provinciaux, tenus chez les nations étrangères.

L’édition la plus recherchée de ce catéchisme est celle de Paul Manuce, in-fol. 1566.

Ce mot vient du grec ϰατήχησις, institutio, instructio. Au reste, il faut dans sa pronociation faire sonner l’s, & dire catéchisme, comme fait le peuple.

Catéchisme. Ce mot se prend quelquefois abusivement pour toutes sortes d’instructions & de préceptes, même profanes.

Abbé, c’est-là le catéchisme
Que les Muses m’ont enseigné,
Et voilà le vrai quiétisme
Que Rome n’a point condamné. R.

☞ CATÉCHISTE, s. m. Officier Ecclésiastique dont la fonction étoit d’enseigner aux Catéchumènes les premiers élémens de la Religion. Voyez Catéchèse. C’étoit une fonction très importante. Eusèbe, L. VI, C. 3, rapporte que Démetrius, Evêque d’Alexandrie avoir nommé Origène pour cette fonction, de laquelle Pantanus 6c Clément s’étoient acquittés avant lui.

☞ On appelle encore aujourd’hui Catéchiste celui qui enseigne le catéchisme aux enfans dans une Paroisse. Jean-Jerson, Chancelier de l’Université de Paris, se faisoit gloire, au milieu de ses grandes occupations, d’instruire les enfans & de les catéchiser, & répondoit à ceux qui lui confessoient de s’appliquer à des emplois considérables, qu’il ne croyoir pas qu’il y en eût de plus nécessaire & de plus glorieux que celui-là.

CATÉCHISTIQUE. adj. m. & f. Qui est par demandes & par réponses, en forme de catéchisme. Cette forme catéchistique ne laisse pas d’avoir son mérite & fon utilité. Desfontaines

CATÉCHUMÉNAT. s. m. État de Catéchumène, c’est-à-dire, d’un homme qui se fait instruire pour embrasser la Religion Chrétienne, & se disposer au baptême. Catechumenorum ordo, Catechumenatus, ûs. Victorin reçut les cérémonies du Catéchuménat, & donna son nom peu après pour être baptisé, au grand étonnement de Rome, & au grand dépit des Païens. Fleury. Le temps du catéchuménat n’étoit pas réglé ; il étoit plus ou moins long, selon les dispositions du Catéchumène. Quelquefois même on prolongeoit le Catéchuménat, après l’avoir fixé. Le Catéchuménat étoit comme le noviciat du Baptême, & de la profession qu’on faisoit en entrant dans la Religion Chrétienne. M. du Gué. Maxim, pour la Pénit. art. 16, pag. 26.

CATÉCHUMÈNE, s. m. L’h ne se prononce pas. Celui qui souhaite le baptême, & qui se prépare à le recevoir, en se faisant instruire des mystères de la foi, & des principaux préceptes de la Religion. Qui Christianœ fidei mysteriis imbuitur, eruditur. Catechumenus. Dans le Concile d’Elvire l’an 305. Can. 39 & 45, les Catéchumènes sont appelés Chrétiens.

Plusieurs distinguent trois sortes de Catéchumènes ; sçavoir, ceux qui étoient seulement auditeurs, qu’on nommoit Audientes ; ceux qui fléchissoient les genoux, Genuflectentes ; & ceux qui étoient assez instruits pour recevoir le Baptême, Competentes ; mais ceux qui étoient appelés Genuflectentes, ne faisoient point une classe distinguée de celle des Competentes, qui étoient aussi nommés Genuflectentes, parce qu’ils fléchissoient les genoux, lorsqu’on prononçoit les prières sur eux. Le Scholiaste Grec sur Harménopule ne reconnoît que deux ordres de Catéchumènes ; le premier qui est le plus parfait, est celui de ceux qui fléchissoient les genoux. Le second, qui est celui des Auditeurs, est le degré des imparfaits qui étoient seulement dans le rang des écoutans. Aristenus & Blastarès ne distinguent aussi que ces deux espèces de Catéchumènes. On appeloit imparfaits & ecoutans, ceux d’entre les Gentils qui se présentoient pour embrasser le Christianisme. On donnoit le nom de parfaits à ceux qui avoient été suffisamment instruits. Quelques-uns ajoutent une autre sorte de Catéchumènes, qu’on nommoit les Elus, parce qu’ils avoient été choisis & nommés pour recevoir le baptême. D’autres appellent ces trois Ordres les ecoutans ou les auditeurs, qui n’étoient encore admis qu’à entendre les catéchèses, ou instructions & explications de la doctrine chrétienne ; les élus ou choisis, qui avoient été suffisamment instruits, & qui étoient choisis & admis pour recevoir le Baptême, & les Compétens, qui étoient en état, & entièrement disposés à recevoir le baptême.

Les Catéchumènes n’étoient pas seulement distingués par le nom, ils l’étoient aussi par le lieu. Ils se plaçoient avec les pénitens dans le portique, qui étoit l’extrémité opposée au chœur ou au Sanctuaire. On ne leur permettoit pas non plus d’assister à la célébration de l’Eucharistie, après les prières & le sermon, un Diacre les faisoit retirer, en leur disant, ite, Catechumeni, Missa est. Allez Catéchumènes, c’est fait. On leur cachoit les sacrés mystères, parce qu’ils n’étoient pas capables de les comprendre, & qu’on les y vouloit conduire par degrés. On faisoit seulement part du pain consacré aux Catéchumènes, afin qu’ils eussent une espèce de communion avec les fidèles. Voyez sur les Catéchumènes le Thesaur. Eccl. de Suicer.

Ce mot Catéchumène est grec, Κατηχούμηνος, de Κατηχέομαι, Je suis instruit, de Κατηχέω, j’instruis de vive voix, de ϰατά, & ἦχος, voix, Ainsi Catéchumène est proprement celui qui est instruit de vive voix. Quelques-uns, comme M. Fleury, écrivent Catécumène sans h, contre l’origine de ce nom.

Catéchumène, s. f. Sorte de galerie. Voyez Catéchuménie.

CATÉCHUMÉNIE. s. f. Catechumenum ou Catechumemenium, Superior Templi ou Ecclesiœ porticus, Domus Catechumenis docendis destinata. Il y a deux sentimens sur les catéchuménies. Les uns, comme Baronius, Volsius & Meursius, disent que l’on appeloit catéchuménies, les galeries hautes des Églises, parce que c’étoit le lieu ou les Catéchumènes se tenoient, ou parce que c’étoit là qu’on les instruisoit. Du Cange au contraire croit qu’elles s’appeloient ainsi, parce que c’étoit dans ces galeries que les femmes assistoient aux divins offices. Domin. Macri dit qu’on appeloit aussi catéchuménie, la maison qui étoit destinée à assembler les Catéchumènes, pour entendre les catéchèses, ou recevoir les instructions des Catéchistes.

Ce mot a la même origine que catéchèse & catéchumène. On trouve en grec Κατηχούμενον, Κατηχούμενα (Katêchoumenon, Katêchoumena), & Κατηχουμένια (Katêchoumenia) ; & dans Codin Κατηχουμένεια (Katêchoumeneia)