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laire. Son museau est camus & barbu par-dessous. Il n’a point de dents, mais à leur défaut, il a les lèvres rudes & le palais parsemé de petits os piquans. Son corps, du côté de la tête, est de figure octogone, & du côté de la queue, il ne paroît qu’hexagone. Il est couvert par-tout d’écaillés osseuses, au milieu desquelles est une éminence ou bossette dure. Sa queue est petite, ronde, noire. On le trouve vers l’Ile de Nortslande, où il se nourrit de petits poissons. Il est excellent à manger, pectoral & apéritif. Il n’a point d’autre nom que celui de Cataphracte, qui vient de κατάφρακτος (kataphraktos) qui signifie clos & couvert de toutes parts.

CATAPHRYGIENS. Nom d’anciens Hérétiques qui ont été ainsi appelés, parce qu’ils étoient Phrygiens. Cataphryges. Ils avoient, dit S. Epiphane, les mêmes sentimens que les Catholiques sur le mystère de la Trinité. Ils parloient du Père, du Fils & du S. Esprit, de la même manière que l’Eglise ; mais ils l’avoient abandonnée en reconnoissant Montan pour Prophète, & Priscilla & Maximilla pour de véritables Prophétesses, qu’il falloit consulter sur tout ce qui regardoit la Religion, comme si le S. Esprit avoit abandonné l’Eglise, & qu’elle n’eût plus aucuns dons célestes. Saint Epiphane a parlé fort au long des Cataphrygiens, hær. 48, où il rapporte en même temps quelques extraits des livres de Montan & de Maximilla. Il explique aussi en quoi consiste la véritable prophétie, & en quoi elle diffère de l’enthousiasme des visionnaires ou fanatiques. Eusèbe, L. IV de son Hist. Eccl. c. 27, fait aussi mention des Cataphrygiens, & des Livres qu’Apollinaire Evêque de Hiérapolis écrivoit contre eux. Godeau dit & écrit Cataphryges.

CATAPLASME, s. m. Terme de Pharmacie. Les uns prononcent l’s, les autres ne la prononcent pas, & quelques-uns ne l’écrivent pas ; mais il faut l’écrire & la prononcer. Cataplasma. C’est un médicament externe en forme de bouillie, de consistance molle, à peu-près semblable à celle des onguents, ou des cérats, recevant dans sa composition diverses liqueurs & différentes parties de plantes, d’animaux & de minéraux, les unes molles & les autres sèches, & même bien souvent des huiles, des onguents & d’autres compositions externes & internes, le tout suivant la diversité des maux, & les intentions particulières pour lesquelles on prépare cette sorte de remède. Les principaux effets des cataplasmes sont d’appaiser les douleurs, de ramollir, de résoudre, dissiper, ou mènera suppuration les matières amassées aux parties extérieures du corps. Le cataplasme le plus commun & le plus employé pour appaiser les douleurs, & pour résoudre & dissiper les tumeurs nouvelles, se fait avec la mie de pain blanc, le lait, quelques jaunes d’œufs, le safran & l’huile rosat.

On dit cataplasme émollient, digérant, fortifiant, suppuratif, &c.

On appelle populairement, cataplasme de Venise, un soufflet, un coup appliqué du plat ou du revers de la main sur le visage de quelqu’un, Alapa. Retire-toi d’ici, je te donnerai un cataplasme. Ce mot vient du grec ϰαταπλάσσω, c’est-à-dire, illino, oblino, j’enduis, j’applique par-dessus.

CATAPLEXIE. s. f. Terme de Médecine, qui signifie un engourdissement subit, ou une privation de sentiment dans quelqu’un des membres ou organes du corps ϰατάπλεξις, de πλάσσω, je rape. Dict. de James.

CATAPUCE. s. m. Nom qu’on donne à deux plantes bien différentes l’une de l’autre. Il y a la grande & la petite catapuce. La grande catapuce est appelée autrement ricin commun, ou palma Christi, ricinus vulgaris. Voyez Ricin, la catapuce est une espèce de Tithymale, qui a une tige haute d’une coudée & demie, ronde, solide, & de la grosseur du pouce, garnie de quantité de feuilles. Ces feuilles sont longues de trois doigts, semblables à celles du saule, d’une couleur bleue tirant sur le vert, & disposées en forme de croix. Sa fleur est composée de quatre petites feuilles. Son fruit est relevé de trois coins, & divisé en trois cellules remplies chacune d’une semence oblongue. On se sert de la semence qui purge violemment par haut & par bas. Tithymalus latifolius catapucia dictus. On l’appelle aussi en françois epurge, ab expurgandi facultate.

CATAPULTE, s. f. Machine de guerre dont se servoient les anciens pour lancer de grosses pierres & quelque fois des traits ou javelots longs de douze & quinze pieds sur les ennemis. Catapulta. On en voit la description dans Vegece, Juste Lipse, & autres. On croit que l’invention de la catapulte vient des Syriens. Voyez M. Perrault sur le premier livre de Vitruve. Quand les Romains prirent la nouvelle Carthage, aujourd’hui Carthagène, ils y trouvèrent un merveilleux attirail de guerre, environ six-vingts des plus grosses catapultes, deux cens quatre-vingt des moyennes, &c. Vigenere, Trad. de Tite-Live, L. XXVI. Marcellus fit porter à son Ovation les catapultes, les balistes, & tous les autres instrumens de guerre. Ibid.

Ce mot vient du grec ϰαταπέλτης (katapeltês).

CATARACTAIRE. s. m. Cataractarius. Terme d’histoire ancienne. Dans le martyre de sainte Félicité, c. 5, il est dit que les douleurs de l’enfantement lui ayant pris dans la prison, comme elle se plaignoit, un valet des cataractaires lui dit : Si tu souffres maintenant, que feras-tu quand tu seras exposée aux bêtes ? Sur quoi les Bollandistes remarquent que les cataractaires étoient les Géoliers, les Gardes des portes. En effet, Tite-Live prend cataracte pour ce que nous appelons une herse aux portes des villes de guerre, & dans les siècles postérieurs, on le trouve pour des barreaux de fer qui ferment une entrée, comme on le peut voir dans Du Cange & dans Hoffman.

CATARACTE, s. f. Terme de Médecine & de Chirurgie. Une taie ou petite peau, qui nage dans l’humeur aqueuse, & qui se mettant au-devant de la prunelle de l’œil, empêche que la lumière y puisse entrer. Oculi suffusio. Elle se forme par la condensation des parties les plus visqueuses de l’humeur aqueuse, entre la tunique uvée & le cristallin. Quelques-uns croient que cette pellicule se détache du cristallin qui n’est qu’un composé de plusieurs petites pellicules appliquées les unes sur les autres.

Il y a deux sortes de cataractes, la véritable, & la fausse : la véritable vient d’une humeur amassée dans l’œil, coagulée & fixée dans cette partie dont elle ôte l’usage ; la fausse vient des vapeurs qui sont portées aux yeux par quelque accident, comme par une fièvre. La véritable cataracte a différens noms. Dans le commencement les malades voient comme des nuages, des poils d’étoffe, de petits points répandus sur les objets qu’ils regardent : la cataracte en cet état s’appelle imaginaire, parce qu’on ne l’apperçoit point encore dans les yeux de ceux à qui elle vient. Quand la suffusion augmente, la prunelle paroît de couleur de vert de mer, ou de vert sale, ou comme l’air rempli de nuages : alors la cataracte s’appelle eau, ou descente d’eau. Quand le mal est arrivé à son plus haut période, & que la matière est suffisamment coagulée, le malade ne voit plus, la prunelle n’est plus transparente, mais blanche, ou de quelqu’autre couleur ; & c’est ce qu’on appelle proprement cataracte. Voyez Degori, Trésor de la Pratique de Médecine.

Pour la cure de la cataracte, on a recours à l’opération, qui se fait en perçant avec une aiguille emmanchée, la conjonctive & la cornée : on pousse ensuite cette aiguille au-dessus de la cataracte, & on tâche de l’abaisser doucement, la tenant un peu de temps sujette. Willougby observe dans son Ornithologie que le fiel de perdrix est bon pour les cataractes.