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CAS — CAT

stra, ou Castrum. C’est de là qu’est venu Castres. Plusieurs de nos villes de France ont commencé par-là ; & quoiqu’en françois elles ne portent plus ce nom depuis plusieurs siècles, elles l’ont néanmoins porté, & l’on trouve, par exemple, dans les anciens titres, Castrum Cabillonense, Castrum Matisconense, Châlons, Mâcon, Castrum Juliense, Friuli, Castrum Melodunense, Castrum Meroliacense, Cameracense, &c.

CASTREZ. Nom d’une petite contrée du Languedoc, qui ne se dit point sans l’article. Castrensis ager. Le Castrez est la partie méridionale de l’Albigeois, qui s’étend d’orient en occident entre l’Albigeois propre, le Rouergue, le Lauraguais & le bas Languedoc. Il prend son nom de Castres la capitale, & le seul lieu considérable qu’il renferme.

CASTRO. Nom de lieu purement italien & espagnol, qui signifie la même chose que Castres en françois, c’est-à-dire, ce que les Romains appeloient Castra, Camp. Nous nous en servons en françois pour les lieux d’Italie & d’Espagne qui le portent. Castro petit pays d’Italie, qui a titre de Duché. Castrensis Ducatus. Il est situé entre la mer de Toscane, le Siennois, l’Orviétan & le Patrimoine de S. Pierre. Castro, ville du Royaume de Naples sur la bouche du Golfe de Venise. Castrum, ou Templum Minervæ. Castro de Urdiales, petite ville d’Espagne, sur la côte de Biscaye.

Castro. Ville Espagnole de l’Ile de Chiloë. Castrum, urbs Castrensis. La ville de Castro est petite. Elle est dans la pointe septentrionale de l’Ile. Drack la détruisit vers l’an 1600. A peine y resta-t-il trente habitans. Elle est à deux cens cinquante lieues de S. Jacques, ou San Iago, capitale du Chili. Del Técho, Hist. Parag. L. III, c. 18 & 19.

Castro, vient de Castrum, comme Castres.

☞ CASTROM, CASTROMAR ville de Russie, dans le Duché de Susdal, sur le Wolga.

CASTROMAIM. Petite ville de Portugal, à l’embouchure de la Guadiana.

CASTROMENA. Ville de la Turquie d’Asie, dans la Natolie, environ à dix lieues de Penderachi.

CASUALITÉ. s. m. Ce qui est fondé sur le cas fortuit, qui n’a rien de certain, ni d’assuré ; ou la qualité d’une telle chose. Cajus, fortuna. Tout le revenu de cette charge consiste en casualité. Casualité est un terme didactique.

☞ CASUEL, ELLE. adj. Epithète qui s’applique aux choses qui arrivent par cas fortuit, qui dépendent d’événemens incertains, qui peuvent arriver ou n’arriver pas. Fortuitus. Varron a dit casualis. Le gain qu’on fait dans des entreprises qui supposent des risques & du hasard, est casuel. Le profit qui vient d’un rapport habituel, soit du fonds, soit d’industrie, est plus sur & plus fixe. Tous les émolumens affectés aux charges & aux emplois, en tant que ce mot marque les revenans-bons, & non la finance réglée des appointemens, sont des émolumens casuels.

☞ On le dit en ce sens des revenus qui ne sont fondés que sur des cas fortuits, qui ne sont ni fixes ni réglés. Ce qu’on retire d’une terre, outre les revenus fixés par les baux, est casuel. Fortuitus, proventus, fructus. Les droits casuels sont certains profits de fief qui arrivent fortuitement, comme lods & ventes, quint & requint, déshérence, amendes, confiscations, &c.

Le Trésorier des parties casuelles reçoit la paulette, les prêts & les taxations au quatrième ou au huitième denier des Offices qui changent de titulaire. On appelle simplement Parties casuelles, les droits qui reviennent au Roi pour les charges de Judicature ou de Finance, quand elles changent de titulaire. On appelle encore Parties casuelles, le bureau établi pour le recouvrement de ces sortes de droits. Lever une charge aux Parties casuelles.

On dit qu’une charge vaque aux parties casuelles, pour dire qu’elle vaque au profit du Roi. Acad. Fr..

Casuel est aussi s. m. & en cette acception, il se dit du revenu des Curés, qui ne consiste ni en fords, ni en dîmes. Fortuitus. Ce Curé, outre sa portion congrue, a tout le casuel, le baise-main, le creux de l’Eglise.

☞ On le dit de même du revenu casuel d’une terre, des revenans-bon d’une charge, d’un emploi. Le casuel de cette sorte vaut mieux que le revenu fixe. Ce n’est pas toujours dans les places où il se trouve plus de casuel, que se trouve le plus d’honneur.

CASUEL, GASUEL, ou CASOAR. s. m. C’est le plus grand & le plus massif des oiseaux que l’on connoisse après l’autruche, qui n’est connu en Europe que depuis l’an 1597, où il fut apporté de Java par les Hollandois. On a fait à l’Académie des Sciences la dissection d’un Casuel, qui a été quatre ans à Versailles. En voici la description tirée des Mémoires de M. Perrault. Il avoit cinq pieds & demi de long depuis le bec jusqu’aux ongles ; la tête & le cou d’un pied & demi ; le plus grand des doigts de cinq pouces ; l’ongle seul du petit doigt de trois pouces & demi. Les plumes qui le couvroient ressembloient mieux au poil de l’ours ou du sanglier, qu’à des plumes ou à du duvet, tant les fibres en étoient grosses.

Ces plumes étoient toutes de même espèce. Il y en avoit de doubles, de longueur inégale, qui alloient jusqu’à quatorze pouces. Son cou étoit sans plumes comme celui d’un coq d’Inde. Ses aîles étoient si petites qu’elles ne paroissoient point, étant cachées sous les plumes du dos. Elles n’avoient pas trois pouces de long. Ses plumes jetoient chacune cinq gros tuyaux sans aucune barbe & croient de longueur différente comme des doigts. Le plus long avoit onze pouces, ayant trois lignes de diamètre vers la racine. L’autre extrémité, au lieu d’être pointue, paroissoit rompue ou rongée. Leur couleur étoit d’un noir fort luisant. Il n’avoit point de queue, mais un croupion extraordinairement gros, couvert de plumes comme le reste. Sa tête petite avoit une crête haute de trois pouces comme un casque, dont la circonférence croit formée en tranchant, luisante & polie comme de la corne. L’extrémité de son bec étoit fendue en trois comme le coq indien, marquetée de deux taches vertes, le reste étant gris brun. Il avoit une troisième paupière interne, & deux appendices charnues au bas du cou, semblables à ceux des poules. Ses jambes grosses, fortes & droites, avoient des écailles hexagones, pentagones & carrées. Ses ongles étoient noirs en dehors si blancs en dedans. Cet oiseau se nourrit de légumes & de pain, & il avale comme l’autruche tout ce qu’on lui présente, quoiqu’il n’ait point de gésier. Sa langue est dentelée, quoiqu’Aldrovandus dise qu’il n’a ni aîles ni langue. Ses aîles lui aident plutôt à fraper qu’à marcher, & Clusius dit qu’avec les pieds il brise des troncs d’arbres gros comme la cuisse. On l’appelle Ême dans les Indes.

CASUELLEMENT. adv. D’une manière casuelle, fortuite. Fortuitò. Il n’est guères d’usage.

☞ CASUISTE. s. m. Théologien, qui enseigne la Théologie morale & qui résout les cas de conscience. Moralis Theologus. Rien de plus important, rien de plus épineux que les fonctions d’un Casuiste. Le plus sûr de tous les Casuistes est la conscience d’un homme de bien. Un Casuiste a plus besoin de droiture & de bon sens, que de pénétration & de subtilité. S. Evr. M. le Févre appeloit Cicéron son Casuiste, par rapport aux Offices de Cicéron. Un Casuiste sévère, un Casuiste relâché, un Casuiste de morale sévère, de morale relâchée.

CAT.

☞ CAT ou CATH. Ville principale de la pro-