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CAS

quefois quatre ou cinq. ☞ Lorsqu’on n’en voit qu’un, on le nomme proprement helme : quand on en voit deux, Castor & Pollux, Voyez Feu s. elme.

En Astronomie on appelle le signe des Gémeaux Castor & Pollux. C’étoient deux frères jumeaux, fils de Jupiter transformé en cigne, & de Leda femme de Tyndare, & frere de la fameuse Hélène & de Clytemnestre. Ils naquirent de deux œufs, Pollux & Hélène enfans de Jupiter, dans un, Castor & Clytemnestre dans l’autre. Ils étoient de l’expédition de la Toison d’Or avec les autres Argonautes. On les appeloit aussi Tyndarides, c’est à-dire, fils de Tyndare ; & Dioscures, qui signifie fils de Jupiter. C’est le nom qu’avoit le vaisseau qui porta saint Paul de Malte à Syracuse, puisqu’il en avoit l’enseigne. Act. XXVIII, II. On les nommoit aussi les Castors au pluriel. Les Poëtes disent que Jupiter avoit donné l’immortalité & la divinité à Pollux son fils ; mais qu’il la partagea avec son frère Castor, en sorte qu’ils montoient au ciel, & descendoient aux enfers alternativement l’un après l’autre. Cela est fondé sur ce que les étoiles des Gémeaux ne se voient jamais toutes deux ensemble, & que, si l’on en croit Servius, sur Virgile, Enéïde, Liv. VI, v. 121, l’une se couche toujours lorsque l’autre se lève. Tacite, De moribus Germ. cap. 45, dit que les Naharvales, peuples de Germanie, adoroient Castor & Pollux. Voyez sur ces Dieux, Vossius, de Idolol. Lib. III, c. 10 & 19.

Les étoiles de Castor & de Pollux, avec ce mot Cum luce salutem, est une devise du Lucarini pour un Sénateur de Milan. A l’entrée du Cardinal Ferdinand d’Espagne à Milan, le P. Velli fit pour ce Cardinal & pour le Roi Philippe son frère cette devise ; les mêmes étoiles, avec ce mot de Claudien, Ipsis domantibus auras.

CASTOREUM. s. m. Terme de Pharmacie. C’est une matière enfermée dans les poches que le castor a vers ses aines, & qu’on a pris faussement pour ses testicules, comme on l’a dit ci-dessus au mot Castor. Elle s’épaissit & se dessèche, de sorte qu’on peut la réduire en poudre : elle est huileuse, d’une odeur forte désagréable, d’un goût piquant & amer. Le castoreum est propre pour fortifier la tête, & toutes les parties nerveuses : il excite les esprits languissans, résiste aux venins, & provoque les mois des femmes. On s’en sert dans la léthargie, apoplexie, vestige, tremblemens, suffocations des femmes, & dans plusieurs autres occasions. On dit que le castoreum a la propriété singulière & chimérique de pousser à fond quand il est répandu dans l’eau. Les pêcheurs de Danemark s’en servent pour écarter de leurs barques certaines baleines qui les incommodent ; ils le jettent dans la mer, dont il trouble l’eau en s’y mêlant. Bartholin rapporte qu’un fameux Plongeur qui étoit sur un vaisseau qui fit naufrage, fut le seul du vaisseau qui périt, quoiqu’il sût fort bien nager, & qu’il y a lieu de croire que le castoreum qu’il avoit sur lui, fut cause de sa mort. Le fait peut-être vrai, sans que le castoreum y soit pour quelque chose.

Le mot castoreum vient du mot castor, qui est le nom de l’animal qui le donne.

CASTOS. On nomme ainsi au Japon les droits d’entrée & de sortie, que l’on paye pour les marchandises qu’on y porte, ou qu’on en tire.

CASTRAMETATION. s. f. Art de bien placer un camp, l’art de marquer le camp & d’en déterminer toutes les différentes proportions. Castrametatio, Castrorum metatio. Un Maréchal de Camp doit bien savoir la castramétation. On ne se sert guere de ce mot pour les campemens modernes. Il est plutôt latin que françois. Castramétation des Grecs, des Romains.

CASTRATION. s. f. Terme de Chirurgie. Castratio. Action, opération par laquelle on châtre un homme ou un animal, & on le met hors d’état d’engendrer. La castration est fort en usage en Asie, & sur-tout chez les Turcs, qui la pratiquent pour empêcher leurs femmes d’avoir commerce avec les esclaves qui les gardent. Les Turcs, dans la castration, font une amputation générale des testicules & de la verge. Chez les Italiens, la castration est fort fréquente. Dionis. C’est l’amour de la Musique qui a introduit en Italie l’usage de la castration, afin de conserver par ce moyen la voix aux enfans qui ont de la disposition à bien chanter.

Nous appelons poulardes, des poulettes chatrées, qu’on engraisse avec du grain dans un lieu obscur. Il est à croire que les Anciens n’ont point connu cette castration : il est constant qu’ils n’ont point connu celle des poules d’Inde, que j’ai vu pratiquer dans l’Anjou par une Dindonniere du Maréchal de Brezé. Les Anciens ont pourtant connu la castration des femmes. Athénée, L. 12, c. 3, attribue cette invention à un Roi de Lydie, nomme Andramyte, ou, selon Casaubon, Adramyte. Ces femmes lui servoient d’Eunuques, & c’étoit afin qu’elles parussent toujours jeunes & fraîches à ses yeux, qu’il s’étoit avisé de cette castration, laquelle, si l’on en croit Daléchamp, ne consistoit qu’à boucler ces femmes. Ménagiana, T. 3, p. 174, 175, 176. L’Amant de la Rose nous dit, v, 22316, & nous devons l’en croire, que

Pour cinq cens fois cent mille livres,

il n’auroit pas voulu souffrir une opération semblable à celle que le Chanoine Fulbert fit éprouver au mari d’Eloïse. On trouve peu de personnes qui entendent raillerie sur cet article. Sup. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Grant péchié, &c.

☞ CASTRATS. Castrati. s. m. Nom purement italien qu’on donne à ceux qu’on a faits Eunuques dans leur enfance pour leur procurer une voix plus nette & plus aiguë. Comment la castrasion produit-elle cet effet là ? Comment y trouve-t-on des hommes assez barbares pour faire subir cette cruelle opération à d’autres hommes uniquement pour la perfection d’un vain talent ?

CASTRENSE. adj. m. & f. Terme d’Antiquité. Castrensis, e. Qui a rapport à un camp d’armée. Ce terme ne se dit guère qu’en parlant de la couronne castrense. C’étoit celle que les anciens Romains donnoient à un soldat qui avoit le premier pénétré dans le camp de l’ennemi que l’on attaquoit. Corona castrensis. Elle étoit dans les commencemens, d’une branche d’arbre. Voy. Pline, Hist. Nat. L. XVI, c. 4. Ensuite elle fut d’or ; & pour la distinguer des autres couronnes, par exemple, de la murale, de l’obsidionale, &c. elle étoit bordée de figures de pieux, de palissades, qui faisoient comme autant de rayons. Lisez Aulu-Gelle, L. V, c. 6. Paschalius, dans son Traité des Couronnes, L. VII, c. 3.

☞ On appeloit aussi castrenfis triumphus, le triomphe accordé à celui qui enlevoit un camp ennemi, ou qui s’en rendoit le maître.

CASTRES. Ville du haut Languedoc en France, dans le petit pays nommé Albigeois ; d’où vient que, selon Du Chesne, dans ses Antiq. des Villes de Fr., Castres est surnommé d’Albigeois. Castrum, Castrum Albigentium. Castres est situé sur la rivière d’Agoût. Acutum. Castres fut érigé en Comté par le Roi Jean, & en Evêché en 1317, par Jean XXII, qui se fit suffragant de Bourges. Il l’est maintenant d’Alby. Voy. sur cette ville Catel, Hist. de Languedoc, Liv. II, c. 23.

Sa différence du méridien de Paris est 0h 0′ 23″, ou 0d 5′ 40″, occid. Sa longitude est 19d 45′ 40″. Sa latitude 45d 36′ 40″, Cassini.

Ce mot vient du latin Castra ou Castrum. Les Romains avoient coutume de fortifier des camps dans les Provinces dont ils devenoient les maîtres, & d’y avoir des corps d’armées pour tenir les peuples dans la soumission. Nous voyons plusieurs de ces camps sur les médailles, avec ces inscriptions, Providentia Aug. ou Augg. virtus Augg. virtus Militum, &c. Ces camps dans la suite sont devenus des villes, qui en ont gardé le nom, Ca-