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CAS

☞ On appelle cassette chez les Tailleurs, une petite boîte divisée en quatre cases, où ils mettent leur fil & leur poil de chèvre devidés sur des pelotes.

Ce mot vient de capseta. Ménage & Saumaise. C’est un diminutif de capsa, où le p devant l’s s’est changé en s. On trouve de même dans la vie de sainte Françoise cassa pour capsa, Acta SS Mart. Tom. II, p. 111. C. & T. III, p. 162. & indifféremment capsa & cassa. On trouve aussi le diminutif Casseta. Voyez Acta SS. Jun. Tom. V, p. 16 & 64. F. Casse & cassette sont tirés du celtique Kass. Pezr.

CASSEUR. s. m. Qui est en usage dans cette phrase proverbiale, C’est un grand casseur de raquettes, pour dire, un homme vert & vigoureux ; ou dans un sens ironique, c’est un hâbleur, un fanfaron, qui se vante faussément d’avoir fait plusieurs choses dont il n’est pas capable. Thraso.

Ce mot vient de quassator.

CASSI. s. m. Nom propre d’homme. Cassius. S. Cassius, que nous appelons vulgairement S. Cassi, étoit, selon la tradition, un Prêtre de l’ordination de S. Austremoine, l’Apôtre d’Auvergne. Il fut couronné du martyre vers l’année 266. Il ne faut dire Cassi qu’en parlant de ce Saint ; hors de là il faut retenir le mot latin dans son entier. Brutus & Cassius après avoir tué César, se retirèrent en Grèce où ils levèrent une armée, & où ils furent vaincus dans les champs de Philippe en Macédoine.

CASSI-ASCHER. s. m. Officier de l’armée du Turc Grand Prévôt. Capitalis Turcarum Tribunus. Après la bataille que Selim remporta sur les Perses, il fit appeler le Cassi-Ascher, ou Grand Prévôt, pour lui demander ce qu’on devoit faire des femmes des Perses qu’ils tenoient captives. Art. Thomas, Contin. de l’Hist. des Perses, Liv. III.

CASSIA-LIGNEA. s. f. C’est l’écorce d’un arbre fort semblable à celui qui porte la cannelle : ils croissent l’un parmi l’autre dans l’île de Ceylan. Ces deux écorces sont cueillies & séchées de même manière : leur odeur & leur goût sont presque semblables ; elles sont également douces, piquantes & agréables : leur couleur, leur figure leur épaisseur ne diffèrent presque en rien. Mais la cassia-lignea est d’une substance grasse, mucilagineuse, & telle, qu’en la mâchant elle se dissout toute dans la bouche, sans y laisser aucune partie ligneuse ; au lieu que la partie ligneuse de la cannelle reste toujours dans la bouche, quoiqu’on l’ait bien mâchée. Il y a des Auteurs qui croient que l’arbre qui porte la cannelle est le même que celui qui porte la cassia lignea, & qu’ils ne diffèrent qu’en ce que le premier vient dans l’île de Ceylan, & l’autre sur la côte de Coromandel.

☞ CASSIDAIRE. s. m. Cassidarius. Celui qui avoit le soin & l’intendance des casques & des armures de tête dans les arsenaux à Rome. Antia. Grecq. & Rom.

CASSIDOINE. s. f. Pierre précieuse qui a des veines de plusieurs couleurs, dont on fait des vases qui ont été fort estimés dans l’antiquité, & qu’on a appelés Murrha. Cette pierre a un jour fort trouble, & semble polie & lissée plutôt que luisante. On fait cas de celles qui sont comme purpurines, tirant sur le blanc. On estime fort aussi celles qui ont une nuée approchant de l’arc-en-ciel, avec des veines grasses. Les blafardes sont les moindres de toutes, & celles qui ont quelque glace ou des porreaux & grains de mailles plates.

CASSIE. s. f. Accacia Indica. Arbre qui a été apporté des Indes, & qui ressemble par ses feuilles à l’Accacia du Levant, qu’on nomme Accacia vera, sive Egyptiaca. On cultive la cassie en Italie, & en Provence, à cause de l’odeur de ses fleurs, avec lesquelles on fait une pommade qui se tiroit autrefois de Grace en Provence. On en faisoit aussi une essence ; mais aujourd’hui on prépare bien moins d’essences & de pommades de Cassie. L’arbre de Cassie vient en Europe d’une moyenne grandeur & grosseur ; son tronc est tout au plus de quatre à cinq pouces de diamètre, haut comme nos orangers, branchu & garni de feuilles rangées sur une côte branchue, & dont les branches sont comme par paires, aussi-bien que ses feuilles, dont deux terminent chaque côté. Elles sont plus petites que celles de la lentille, mais un peu plus fermes, glabres & lisses, d’un vert gai qui brunit quelquefois. Elles s’approchent les unes des autres sur le soir ; c’est ce qu’on appelle se fermer. A la naissance de chacune de ces feuilles sortent à côté un ou deux piquans fort aigus, purpurins d’abord, mais ensuite blancs, longs d’un pouce environ. Ces piquans restent long-temps sur ces branches, & ne tombent guère. Il fleurit environ le mois de Juin en Italie, en Août en France & dans les Provinces un peu froides. Sa fleur est une petite boule ronde, velue, jaune, soutenue par un pédicule long d’un pouce, vert, & qui part des endroits où les vieilles feuilles des précédentes années avoient été placées. Elles naissent aussi des jeunes pousses de l’année ; mais ce n’est qu’au mois de Septembre qu’elles fleurissent. Elles ont une odeur fort douce. A l’aide de la coupe on découvre que cette fleur est un amas de petits cornets qui n’ont pas une ligne de longueur, évasés, remplis d’une quantité prodigieuse de petites étamines fort déliées, qui environnent un pistil. Elles sont ramassées en une boule qui est composée quelquefois de plus de cent de ces cornets qui sont autant de fleurs, dont, la plus grande partie avorte, & il n’y en aura qu’une, deux ou trois qui noueront ce fruit. Il est formé par le pistil qui devient une gousse brune, longue & grosse comme le doigt, courbée, composée de deux écorces, entre lesquelles il se rencontre une matière mucilagineuse & gluante. Cette gousse est divisée intérieurement par des cloisons spongieuses en plusieurs cellules qui renferment chacune une semence arrondie, dure, pâle, & qui étant mâchée, laiffe un goût d’ail à la bouche. Cet arbre donne dans les îles d’Amérique une goinme semblable à celle qu’on nomme arabique. Elle en a les mêmes usages, & se fond pareillement dans l’eau. L’écorce de ses gousses sert en place de noix de galle, pour faire de l’encre.

L’Accacia du Levant, comme espèce du même genre de la cassie, n’en diffère aussi que par ses gousses principalement, qui sont d’une structure différente. Chaque silique est longue de quatre à cinq pouces environ, & composée de plusieurs phalanges, rondes, lenticulaires, de demi-pouce au plus de diamètre, qui ne renferment dans leur cavité qu’une semence arrondie, & qui sont séparées les unes des autres par un étranglement fort considérable.

Ces gousses encore vertes sont exprimées pour en préparer un extrait qu’on nomme accacia vera, qui est fort astringent. La décoction des feuilles & des fleurs est estimée aussi astringente. La gomme arabique découle de l’accacia du Levant. La plus belle est blanche & vermiculée ; elle est fort adoucissante, & entre dans plusieurs compositions galéniques : on l’emploie encore pour former des trochisques. On employoit beaucoup de cette gomme autrefois, mais depuis que la gomme du Sénégal est devenue commune & à meilleur marché, il n’entre que très— peu de gomme arabique dans le Royaume. Il est vrai que la gomme du Sénégal n’est différente de l’arabique que parce qu’elle est moins blanche. Il y a lieu de croire que la gomme du Sénégal coule d’une espèce d’accacia ; on a donné ce nom à cette gomme, parce que la compagnie du Sénégal a été la première qui en ait apporté.

Il y a plusieurs autres espèces d’accacia, qui sont communes dans les îles d’Amérique. Le P. Plumier en a trouvé plusieurs espèces qui sont rapportées dans les Instituts Botaniques de M. de Tournefort.

CASSIEN. s. m. Cassianus. Nom d’une secte de Juris-