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BOU

Paroissiens ont boursillé pour achever le bâtiment de leur Eglise. Il est du style familier.

On le dit aussi de la première contribution que l’on fait avec d’autres pour faire quelque chose à frais communs, quand la contribution de chacun n’est pas grosse. Tous les écoliers de ce Collège ont boursillé pour plaider contre leur Principal. Tous les métiers bousillerent entr’eux pour faire chanter le Te Deum à la convalescence de Monseigneur, fils du Roi.

BOURSIN. s. m. Terme de Maçonnerie. C’est une espèce de croûte de terre attachée à la pierre de taille, qui n’est pas encore bien pétrifiée, & qu’il faut retrancher en la taillant, de même que l’aubier à l’égard du bois. Saxi recrementum, pars lapidis mollior. On dit aussi Bousin, qui est même plus usité.

BOURSON, ou BOURSERON. s. m. Petite poche attachée à la ceinture du haut-de-chausse, où on met son argent, ou sa bourse. Locellus.

BOURSOUFLER. v. a. Enfler de vent ou d’humidité. Tumescere. On peint les vents avec des visages qui sont boursouflés, qui ont les joues pleines & enflées. Les hydropiques paroissent gros, parce qu’ils sont boursouflés de mauvaises humeurs.

Boursoufler, se dit proprement de l’enflure qui survient à la peau, par quelque cause qu’elle soit produite.

Boursoufler, se dit aussi en parlant des Bouchers qui enflent les viandes en les soufflant, pour les faire paroître plus belles. Inflare.

Boursouflé, ée, part. ce mot s’employe aussi quelquefois dans le style bas & comique, pour marquer du mépris. C’est un gros boursouflé. C’est une grosse boursouflée. Ce qui se dit d’un homme gros & replet, qui a de grosses joues ; alors il est employé substantivement.

On le dit figurément du style & du discours. Inflatus. Un style enflé & bousrouflé déplaît infiniment aux gens de bon goût. S. Evr. Voyez Enflé, Enflure.

BOUSARD, ou BOUZARD. Terme de Chasse. Bouzard, ce sont fientes du cerf qui sont molles, en forme de bouzées de vache, dont elles ont pris ce nom, & qu’on nomme autrement fumées. Salnove.

BOUSE, ou BOUZE, s. f. Fiente des bœufs & des vaches. Stercus. On s’en sert contre les piqûres de mouches à miel, & pour résoudre les apostèmes.

Le P. Thomassin dérive le mot bouse de l’hébreu bouts, qui veut dire cœnum, lutum, limus, boue, limon ; mais le mot bouts, avant que de s’établir en France sous le nom de bouse, a passé en Saxe, en Angleterre, & dans les Pays-Bas ; & c’est de ces quartiers-là qu’il nous vient immédiatement ; car le même P. Thomassin dit que cœnum, lutum, boue, s’appelle en saxon Wase, en anglois oose, & Woose, en flamand Wase, d’où, sans doute, est venu le mot françois, vase, quand il signifie la boue qui est au fond d’un étang, d’un fosse. M. Huet dit que ce mot vient de βουστασία qui veut dire la même chose selon Eustathius. Fimus, bubulus.

Dans l’Inde on se sert de bouzes de vaches, comme on se sert en plusieurs endroits de tourbes au lieu de bois pour faire du feu. Cette coutume est fort ancienne dans l’Asie. Tite-live, Liv. XLVIII. chap. 18. dit que dans un pays d’Asie appelé Azyla, parce qu’il n’y avoit point de bois, on brûloit des bouzes, ou de la fient de bœuf.

En Anjou on dit, bouse & bouser, pour marquer excrementa hominum, & cacare.

Salnove, dans le Dictionnaire des Chasseurs, qu’il a mis à la fin de sa Vénerie Royale, dit Bouzées de vaches, comme on peut le voir ici au mot Bousard, mais l’usage est de dire bouze.

Bouse, en termes de Blâson, se dit d’une espèce de chanteplure qui sert à puiser l’eau en Angleterre, dont quelques Seigneurs Anglois ont chargé l’écu de leurs armes.

BOUSILLAGE. s. m. Construction faite avec de la terre & de la boue. Constructio lutea. Les cloisons des cabanes des paysans ne sont faites que de bousillage.

On dit figurément de tout ouvrage mal fait, que c’est du bousillage, que ce n’est que du bousillage. ☞ Il n’est pas noble.

Le mot bousillage, & le mot bousiller, bousilleur, selon le Pere Thomassin, ont la même origine que bouse.

BOUSILLER. v. a. Faire un mur, une maison avec de la terre détrempée, ou avec de la boue. Luto construere.

☞ Au figuré, bousiller un ouvrage, c’est le faire mal. Il a bousillé ce conte. C’est un ouvrage qu’on a bousillé. Il n’est que du style familier.

On dit aussi métaphoriquement, bousiller, pour gâter ; mais dans le style burlesque.

Sire Apollon dépité contre moi,
De ce qu’avoir fait écorne à sa gloire
En le quittant pour suivre une autre loi,
M’en joua d’une, & par malice noire
Durant la nuit de l’un à l’autre bout,
Gâta l’ouvrage, & le bousilla tout.

Bousillé, ée. part.

BOUSILLEUR. s. m. Maçon de campagne qui bâtit de terre & de boue. Structor luteus. On le dit figurément des mauvais ouvriers qui gâtent tout en toutes sortes d’ouvrages. Imperitus opifex. Cet ouvrier ne fait rien qui vaille, ce n’est qu’un bousilleur. Tout cela est familier.

BOUSIN. s. m. Terme de Maçonnerie. C’est la même chose que Boursin. Voyez ce mot.

BOUSQUIER. v. n. C’est un terme de Marine, dont on prononce fortement l’s. C’est la même chose que ce qu’on appelle sur terre Butiner, & il se dit de tout ce que le soldat gagne au pillage d’un vaisseau. On appelle même ainsi le plus souvent ce qu’on y vole, qu’on appelle bouliner dans les armées de terre.

BOUSSAC. Petite ville de France, en Berri, vers les frontières du Bourbonnois & de la Marche.

BOUSSOIR. s. m. Terme de Marine & de Charpenterie. Les boussoirs sont deux pièces de bois, dont une partie est posée & attachée au-dessus du château d’avant vers la proue, tant à stribord qu’à basbord, & le reste saillant hors du navire, sert à lever les ancres. Tignum tollendis anchoris aptum. Caron.

BOUSSOLE. s. f. Autrement compas, ou Cadran de mer. C’est une boîte où il y a une aiguille aimantée qui se tourne ordinairement vers les poles, à la réserve de quelque déclinaison qu’elle fait en divers endroits. Pixis nautica. Le cercle de carte que la boussole soutient est divisé d’avbord en 360 degrés, & au-dessous en 3é parties, qui marquent les 32 aires ou traits de vent, qu’on appelle aussi pointes. La boussole qui est en usage à terre a l’aiguille aimantée portée sur le pivot, & la rose des vents est tracée au fond de la boîte. Jean Gira, ou Goya, que quelques-uns nomment Flavio de Melphe, ou Flavio Gioia, Napolitain, l’inventa, dit-on, vers l’an 1302. & de-là vient que la terre de Principato, qui fait partie du Royaume de Naples, dont il étoit originaire, a pris pour ses armes une boussole. Quelques-uns croient que Marc Paul Vénitien, ayant voyagé à la Chine, en rapporta l’invention vers l’an 1260 ; & ce qui confirme cette conjecture, c’est qu’on s’en servoit au commencement de la même façon que font encore les Chinois qui la font flotter sur un petit morceau de liége. Ils disent que leur Empereur Chiningus, qui étoit un grand astrologue, en avoit la connoissance 1120 ans avant Jésus-Christ. Mais Fauchet rapporte des vers de Guyot de Provins qui vivoit en France vers l’an 1200, lequel