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CAR

Anciens mettoient le siége de l’assoupilssement dans ces artères, d’où vient qu’ils leur ont donne ce nom ; καρο, étant un mot grec qui signifie assoupissement. Par la même raison on les a appelées léthargiques & apoplectiques.

☞ CAROTIQUE. s. m. Terme d’Anatomie. Trou de l’os temporal qui donne passage à l’artère carotide. Acad. Fr.

Carotique. s. & adj. Caroticus, caro affectus. Terme de Chirurgie. Dégori s’est servi de ce mot pour signifier ceux qui ont le carus, quand il dit, on a beau piquer les carotiques, ils ne s’éveillent point, & ils ne répondent point. De la manière que ce mot est formé, il paraît qu’on pouroit le dire de tout ce qui a rapport au carus ; par exemple, affection carotique, symptôme carotique, &c. Mais ce mot n’est point usité.

CAROTTE. s. f. Daucus sativus. Pastinaca sativa, tenui folio. Carota. Plante ombellifère, dont la racine est un pivot long d’un pied, rarement branchu, qui donne peu de fibres ; cassant, charnu, succulent, doux & aromatique au goût ; tantôt rouge, tantôt d’une couleur de pourpre foncé, tantôt jaune, & tantôt blanc ; épais à son collet d’environ un pouce & demi, d’où sortent plusieurs feuilles disposées en rond, longues de huit à neuf pouces, découpées en plusieurs segmens qui sont encore subdivisés en une infinité d’autres étroits & longs. Elles sont vertes, velues, & d’une odeur aromatique. La tige, qui s’élève du milieu de ses feuilles, est haute de quatre à cinq pieds, branchue, & garnie de feuilles alternes, pareilles à celles du bas, mais plus petites. Elle est creuse, cannelée, velue, & terminée, aussi-bien que ses branches, par des ombelles, garnies à leurs naissances de plusieurs brins de feuilles découpées en lanières longues & étroites. Ces ombelles sont composées de fleurs à cinq pétales, blanches, inégales, échancrées, & disposées en fleur-de-lis de France, Le calice qui soutient la fleur, devient un fruit gros comme le grain d’anis, fermé par deux semences aplaties par l’endroit qu’elles se touchent, presque ovales, arrondies sur leurs dos, cannelées, & garnies de poils courts & blanchâtres, rangés en manière de fils. On mange les racines de carotte. On les fait cuire dans l’eau, & ensuite on les apprête avec le beurre, le poivre, le sel & un peu de vinaigre. On les met aussi dans la soupe. Ses semences sont diurétiques. On appelle dans quelques provinces du Royaume carotte la betérave ; & pour la carotte on la nomme Pastenade.

Carotte se prend souvent pour la racine de la plante de carotte.

☞ On seme les graines de carottes au mois d’Avril ou de Mai sur planches. On les éclaircit s’il est nécessaire. Pour les avancer, on coupe les montans à la mi-aout, à un demi-pied de terre.

On dit proverbialement de ceux qui font mauvaise chère, qu’ils ne mangent que des carottes.

On appelle une carotte de tabac ou du tabac en carotte, celui qui est configuré comme la racine de la plante qui porte ce nom. Pour faire du tabac en carotte, on assemble 50, 60, 80, ou cent feuilles de tabac, selon que l’on veut les carottes grosses ou menues, dont on fait une botte que l’on presse avec une corde, depuis un bout jusqu’à l’autre, mais en commençant par le milieu. Comme les feuilles sont beaucoup plus larges par le milieu que par les deux bouts, le milieu de cette botte se tient toujours plus gros, & va toujours en diminuant du côté des bouts. Quand cela a séjourné quelque temps, on en ôte la corde, & l’on couvre cette figure de navette de papier ordinairement marbré, que l’on colle dessus, de peur que le tabac ne s’éfeuille à la poche ; & en coupant ce tabac par le milieu, chaque bout produit une carotte de tabac, parce qu’il est fait comme la racine de la carotte.

CAROTTER. v. n. Terme de jeu. Jouer mesquinement, ne hazarder que peu. C’est à-peu-près la même chose que Carabiner.

CAROTTIER, IERE. s. m. & f. C’est ainsi qu’on appelle au jeu un homme ou une femme qui joue timidement, & qui risque peu à la fois.

☞ CAROU. Province d’Afrique dans la Nigritie, au royaume de Folgia. Les Carous se sont ensuite emparés du royaume de Quoja.

☞ CAROUBE. s. m. Fruit du Caroubier. Voyez l’article suivant.

CAROUBIER. s. m. Siliqua, Ceratia, Ceratonia. Arbre d’une moyenne grandeur, branchu, & garni de feuilles arrondies, d’un pouce ou deux de diamètre, épaisses, fermes, lisses, glabres, d’un vert foncé en-dessus, plus pâle en-dessous ; portées sur des queues très-courtes, & rangées sur une côte. Ses fleurs font de petites grappes rouges, chargées d’étamines jaunâtres. Ses fruits sont des gousses plates, longues depuis demi-pied jusqu’à quatorze pouces sur un pouce & demi de largeur. Elles sont brunes en-dessous, courbées quelquefois, composées de deux cosses, qui sont séparées par des membranes en plusieurs loges, où sont contenues des semences plates, approchantes de celles de la casse. Ces cosses sont remplies dans leur substance d’un suc mielleux, douçâtre, qui ne s’éloigne pas beaucoup de celui de la moëlle de casse. Cette moëlle lâche le ventre de même que la casse. On les mange en Provence, où on les apporte des environs de Nice. Le Caroubier est commun en Italie, sur-tout près de Naples.

CAROUGE. s. m. Siliqua. Il se prend ordinairement pour le fruit du caroubier. On disoit autrefois carobe ; on dit encore caroube en Languedoc.

☞ CARPA. Ville de l’Inde de de-là le Gange, au royaume de Brama, sur la rivière de Pegu.

CARPÂSE. Le mont Carpâse. Montagne des Alpes, à quatre lieues environ de Suze. Carpasius mons. Il est voisin du mont Epicare.

CARPASUM. s. m. Plante dont le jus endort, & étouffe incontinent celui qui en boit. Carpasus. Les remèdes contre cette sorte de poison sont semblables à ceux dont on se sert contre la ciguë. Dioscoride n’en dit pas autre chose, de sorte qu’on ne sait aujourd’hui de qu’elle plante il a voulu parler.

CARPE. s. f. Poisson d’eau douce fort commun, qui a des écailles assez larges & jaunes, le ventre blanchâtre, & le dos brun ; qui vit d’herbe ou de limon. La carpe aime les eaux bourbeuses, & en trois ans devient grande d’un pied entre œil & fourche, ou entre œil & bat. Willougbi dans son Histoire des Poissons, fait mention d’une carpe qui a vécu cent ans. La carpe laitée est le male, & l’œuvée la femelle. ☞ Les œufs de carpe forment deux paquets, un de chaque côté de l’abdomen. Ils sont adhérens les uns aux autres, revêtus d’une membrane très-fine & transparente. M. Petit a trouvé qu’une carpe de 18 pouces de longueur, compris la tête & la queue, avoit 342144 œufs.

☞ La laite, qu’on nomme aussi laitance, est une partie, dans les carpes mâles, composée de deux corps blancs très-irréguliers. Ce sont les testicules dans lesquels se filtre la semence.

☞ M. Morand fit voir à l’académie des sciences en 1737 les parties intérieures d’une grosse carpe où l’on voyoit distinctement d’un côté les œufs, & de l’autre la laite. Elle étoit donc hermaphrodite. On observe quelquefois la même chose dans le brochet, & souvent dans le merlan.

☞ La vésicule que l’on trouve dans la carpe & dans la plupart des autres poissons, vesicula pneumatica ou utricalus natatorius, selon qu’elle est plus ou mois remplie d’air, rend le poisson plus ou moins pesant, & plus propre à s’élever plus ou moins facilement vers la superficie de l’eau, ou à s’enfoncer plus ou moins dans l’eau. La langue de carpe est la chair qui forme son palais, qu’on nomme

ainsi