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CAR

χ, comme caractère. Mais d’autre, retiennent cette lettre, & écrivent Charisties.

☞ CARISTO. Nom d’une ville de Grèce, dans la partie orientale de l’Ile de Négrepont. Les François l’appellent Château-Roux, C’est le siége d’un Evêché Grec, sous l’Archevêque de Négrepont dont il est suffragant.

CARITATIF. Voyez Charitatif.

CARIVE. s. m. C’est un des treize noms que l’on donne au poivre de Guinée, ou corail des Jardins, vulgairement connu en France sous celui de Piment.

CARIUS. s. m. Terme de Mythologie. Nom d’un Dieu de l’antiquité, fils de Jupiter & de Thorrébie. Carius. Carius se promenant sur les bords du lac Thorrébie entendit le chant des Nymphes, & apprit d’elles la musique, qu’il enseigna ensuite aux Lydiens. En récompense de ce bienfait ils lui décernèrent les honneurs divins, & lui bpatirent un Temple magnifique sur une montagne, qui prit, dit-on, le nom de ce nouveau Dieu.

Carius étoit aussi une épithète de Jupiter chez les Mylassiens. Hérodote.

CARLA s. m. Toile des Indes orientales, ainsi nommée du village où elle se fabrique

☞ CARLADEZ. (le) Petit pays de France, dans la haute Auvergne, sur les confins du Rouergue. Il prend son nom de la petite ville de Carlat. C’est ce que dit Longue Rue. Mais Piganiol de la Force ne connoît point cette ville de Carlat, & met Vie sur la Cère, pour chef-lieu du Carladez.

☞ CARLAT ou CARLAT. Petite ville de France, au Comté de Foix. Baudrand dit Carlac, entre Pammiers & Rieux. C’est la patrie de Bayle qui y naquit en 1648, & mourut a Roterdam le 28 Décembre 1706.

CARLET. Voyez Carrelet.

CARLETTE. s. f. C’est une des sortes d’ardoises qui se taillent sur les ardoisières d’Anjou & du pays du Maine.

☞ CARLIEN, ENNE, pour CARLOVINGIEN, ENNE, adj. & S. Maison Carlienne. Les Carliens. Traité des Maisons Mérovingienne & Carlienne. M. de S. Aubin. Plusieurs Auteurs célèbres ont soutenu que les Maisons Carlienne & Capétienne avoient une tige commune dans S. Arnoul, Evêque de Mets. Id. p.253. La femme de Childebrand étoit sortie du sang Carlien, puisqu’elle étoit fille de Pépin de Herstal. Id. p. 408. Il est certainement établi que le sang Carlien a été transmis à la Maison régnante (la Capétienne) par des alliances continuelles, & de génération en génération pendant neuf cens ans. Id. p. 409.

Le P. Le Cointe est d’avis que les récits fabuleux de la naissance de Mérovée ont été insérés dans les Exemplaires de Frédégaire, sous les premiers règnes des Carliens & qu’ils firent partie des artifices dont on se servit alors pour décrier la Maison Mérovingienne. Mais on conserve à la Bibliothèque du Collège de Louis le Grand un exemplaire de Fredégaire, écrit avant la fin de la première race, où ces mêmes passages se lisent en entier. De S. Aubin, Antiq. de la Nat. & de la Mon. Franç. p. 502.

CARLILE. Carleolum, autrefois Luguvallum, Ville des Brigantes. C’est une petite ville d’Angleterre, capitale du Comté de Cumberland, située sur la rivière d’Eden, vers les frontières d’Ecosse. L’Évêque de Carlile est suffragant de l’Archevêque d’York. On voit à Carlile les restes de la fameuse muraille d’Adrien.

☞ CARLINGFORD, petite ville maritime d’Irlande dans la province d’Ulster, au Comté de Louth.

CARLIN ou CAROLIN. s. m. Carlinus, Carolinus minimus. Monnoie de Naples qui y avoit cours au XVe siècle, comme il paroît par les actes de S. François de Paule, Act. SS. April. T.I, p. 183, c. C’étoit apparemment la monnoie qu’y fit battre Charles d’Anjou Roi de Naples, frère de S. Louis.

☞ Il y a aussi le carlin de Sicile, qui vaut quatre sols deux deniers ; & celui de Malte, qui, vaut quatre deniers de notre monnoie.

CARLINE ou CAROLINE. s. f. Carlina. Plante qu’on dit avoir été indiquée par un Ange à Charlemagne, pour guérir son armée de la peste ; on croit aussi que par cette raison elle porte le nom de cet Empereur. Carlina, quasi Carolina. Elle est vivace, & a des racines longues, très-profonds en terre, grosses comme le pouce, quelquefois plus, d’autres fois moins, roussâtres en dehors, blanches en dedans, & d’une odeur aromatique. Son collet est divisé en plusieurs couches, d’où sortent des feuilles disposées en rond, couchées par terre, longues de demi-pied ordinairement, sur deux pouces de largeur, & découpées jusques vers la côte qui parcourt toute leur longueur, ondées sur leurs bord qui sont armés de piquans assez aigus, & cotoneuses d’abord, un peu pus verdâtres dans la suite. De leur milieu naît une tête pareille à peu près à celle d’un artichaut, presqu’aussi grosse, mais un peu plus aplatie, & composée d’écailles plus minces & en plus grand nombre que dans le côté d’en-haut ; ces écailles sont pointues, piquantes, & un peu longuettes. Cette tête renferme un amas considérable de fleurons d’un pourpre pâle, & environnés de pétales blancs ou argentins, longs d’un pouce & demi sur deux lignes de largeur, & qui tiennent lieu de demi-fleurons ou de couronne. Les embryons, sur lesquels portent les fleurons, deviennent autant de semences oblongues, velues & chargées d’une brosse de poil en manière d’aigrette. Cette Carline se nomme la grande Carline. Carlina acaulos magno flore. C.B. Il y en a une autre espèce différente de celle-ci, non seulement parce qu’elle a des tiges branchues, mais encore par ses feuilles, qui sont plus étroites & beaucoup plus vertes, & par ses têtes, qui sont presques d’une moitié plus petites. Carlina polycephalos, &c. La racine de la Carline est recommandée dans les maladies pestilentielles ; elle est sudorifique et diurétique.

CARLINGUE ou ESCARLINGUE. s. f. Terme de Marine. C’est une pièce de bois qui règne presque le long du vaisseau, directement au-dessus de la quille, pour faire liaison ensemble ; c’est pourquoi plusieurs l’appellent contrequille. Ces deux pièces servent de fondement à tout le corps du vaisseau, parce que les varangues & les autres membres dé charpenterie y sont assemblés. C’est aussi sur la carlingue, que l’on pose le grand mât. C’est pourquoi on, appelle encore carlingue, une pièce de mât qu’on met au pied de chaque mât. La grande carlingue est la carlingue du grand mât. On dit carlingue de cabestan, carlingue de bittes.

Carlingue. s. m. Quelques anciens Auteurs disent Carlingue pour Carlovingien, postérité de Charles Martel, IIe race des Rois de France. Carlovingus. Les Carlingues, ainsi nomme-t-on la postérité de Charles Martel, n’étoient pas François naturels, ni de la Germanie de-là le Rhin ; ainsi étoient Barbançons. Coquille.

CARLOEK s. m. Espèce de colle de poisson qu’on tire d’Archangel. Elle est faite avec la vessie de l’esturgeon. Son principal usage est pour éclaircir le vin. On s’en sert aussi pour la teinture : la meilleure vient d’Astracan, ville Moscovite à l’embouchure du Volga, où il se pêche quantité d’esturgeons.

CARLOSTAD ou CARLSTAD. Nom de plusieurs villes différentes. Carolostadium. Carlostad, ville de Suède, est dans la Westrogothie, c’est-à-dire, dans la Gothie occidentale. Carlostad ou Carlowitz, ville du Royaume de Hongrie & Capitale de la Croatie. Carlstad, ville du Cercle de Franconie, est située sur le Mein dans l’Evêché de Wirtsbourg. Le nom de Carlostad ou Carlstat, est aussi la même chose que Carelstat, & ils viennent tous du nom Carolus, Charles, & du mot Allemand stat, qui signifie Etat, ville. Status, civitas. Toutes ces villes ont reçu ce nom de quelque Prince nommé Charles.