Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
CAP — CAQ

la Semaine Sainte, qu’il s’étoit vendu pour deux mille cens de cordes à faire des disciplines.

CAPUCINE. s. f. Nom de Religieuse. Capucina Monialis. Les Capucines s’appellent Filles de la Passion. Les Capucines sont des Religieuses du second Ordre de S. François, qui suivent encore aujourd’hui à la lettre la Règle de Ste Claire, bien plus austère que celle des Capucins. Ce fut à Naples que se fit le premier établissement des Capucines, l’an. 1538, par la vénérable mere Marie Laurence Longa, d’une famille noble de Catalogne, & veuve d’un Seigneur Napolitain, conseiller du Conseil collatéral. Cette Dame embrassa d’abord la troisième règle de S. François, avec dix-neuf filles qu’elle assembla. Les Théatins eurent d’abord la direction de ces Religieuses ; mais en 1538, le Pape la donna aux Capucins par un Bref. Ce fut alors que ces Religieuses, à la persuasion de leur Fondatrice, quittèrent la troisième Règle de S. François, pour embrasser la première & la plus rigoureuse Règle de Ste Claire, dont l’austérité leur fit donner le nom de Filles de la Passion, & celui de Capucines, par rapport à l’habit qu’elles portent, qui étoit celui des Capucins. En France on ne les connoît que sous le nom de Capucines. Elles y furent établies en 1606, par la Duchesse de Mercœur, qui en cela ne fit qu’exécuter la volonté du Prince Philippe Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercœur, que la mort empêcha de l’exécuter lui-même, ou plutôt la volonté de la Reine Louise de Lorraine, veuve d’Henri III, qui en avoit eu le dessein, qui en avoit écrit à Clément VIII, & qui mourant en 1601, ordonna au Duc de Mercœur son frère, d’achever cet établissement. Il fut consommé en 1606, par le Provincial des Capucins, & le P. Ange de Joyeuse alors Gardien. P. Hélyot, T. VII, c. 27.

Capucine : (A la) phrase adv. à la manière des Capucins. Cette expression entre souvent dans le discours familier. On dit, il prêche à la Capucine, il chante à la Capucine. On dit aussi d’une chambre mal meublée, qui n’a qu’un mauvais lit, une table & deux chaises de paille, qu’elle est meublée à la Capucine.

Capucine. s. f. Cardamindum, Nasturtium Indicum. Plante qui nous a été apportée des Indes, & qu’on a nommée en François capucine, à cause que le calice de sa fleur est terminé à sa partie postérieure par un éperon creux, qui a la figure d’un capuchon. Sa racine est fibreuse, chevelue, rampante, oblique, épaisse de quelques lignes ; d’où partent plusieurs tiges minces qui grimpent & s’entortillent aux arbres & aux plantes qui les environnent. On leur met pour cela des échalas pour les soutenir. Elles sont garnies de feuilles alternes, arrondies d’un vert clair en dessus, & lisses, plus pâles en dessous, un peu velues, & chargées de quelques nervures qui naissent de la queue, placées presque au centre de cette feuille, & forment autant de rayons, qui vont se terminer jusqu’à leur marge ; les queues sont longues de plusieurs pouces, entortillées de même que les tiges. Des mêmes nœuds que partent les feuilles, sortent aussi des pédicules qui soutiennent des fleurs composées de cinq pétales arrondies, jaunes & rouges à leur naissance en dedans, étroites d’abord, & barbues en cet endroit, & disposées dans les échancrures d’un calice d’un jaune verdâtre, découpé en cinq parties oblongues, étroites, & terminées à leur partie postérieure d’un éperon creux, long de deux tiers d’un pouce, jaune & rayé de quelques lignes de pourpre. Quelques étamines rougeâtres, & chargées de sommets de même couleur, naissent du centre de la fleur, & environnent un pistil dont la base devient un fruit à trois semences, couvertes d’une écorce verte & ridée ; on confit les boutons des fleurs de la capucine dans du vinaigre, & on les mange en salade. La capucine est piquante au goût comme le cresson ; aussi ses feuilles & ses fleurs sont recommandées pour le scorbut. On cultive encore dans les jardins une espèce de capucine qui est plus grande que celle-ci, dans toutes ses parties, & on la nomme grande Capucine, Cardamindum majus.

Capucine se prend quelquefois pour le bouton de la fleur. On dit, confire des capucines.

CAPUDANREIS. s. m. Terme de Relation. Pilote Royal chez les Turcs. Regius navis gubernator.

☞ CAPUK ou CAPAS-PUSSAR. Arbre des Indes Orientales, espèce de Cocotier. Le fruit est une gousse fort épaisse, de la longueur de la main, de laquelle les Indiens tirent le Capuk ou capoc, ce qui est une espèce de coton, dont on garnit les oreillers & les matelats des lits, au lieu de plumes.

☞ CAPULE. s. m. Capulus. C’étoit chez les Romains une bière à porter en terre les corps des defunts : c’est delà qu’on appelle les vieillards qui sont sur le bord de leur fosse, capulares senes, & capulares rei, des criminels condamnés à mort. Antiq. Rom.

☞ CAPUT MORTUUM. Terme de Chimie. Voyez Tête morte, Résidu.

CAPUUPEBA. s. m. C’est une sorte de gazon qui vient dans le Brésil, à la hauteur de deux ou trois pieds, qui consiste en une tige ronde & polie, qui a des nœuds de place en place, à chacun desquels s’élève une feuille de plus d’un demi pied de long. La tige à sa sommité se partage en vingt ou vingt-quatre, & quelquefois trente branches plus petites, dont chacune à sa sommité est terminée en ombelle couleur d’argent, large de trois ou quatre doigts, contenant la semence. Les tiges sont d’une belle couleur rougeâtre. Les naturels dû pays en boivent la racine dans quelque liqueur convenable, comme un préservatif ou remède contre le poison. Ray, cité par James.

CAQ.

CAQUAGE, mieux que CACAGE. s. m. Façon que l’on donne au hareng en vracq, lorsqu’on veut le saler. Le caquage se fait ordinairement la nuit.

CAQUE. s. f. Petit baril qui tient le quart d’un muid, où particulièrement l’on enferme du hareng lorsqu’il a été aprèté & salé. Doliolum, cadus. On dit aussi à la guerre des caques de poudre ; pour dire de petits barils où l’on enferme la poudre à canon. Quelques-uns disent que caque est masculin, & ; que ceux qui parlent bien le font toujours de ce genre : ainsi selon eux on doit dire un caque qui n’est pas bien lié. Dans l’usage il est féminin.

Les Anglois disent cade pour caque, du Latin cadus. Et c’est chez eux une mesure de certaines espèces de poisson sec ou salé, qui en comprend une certaine quantité déterminée. Le cade, ou la caque de hareng, en contient 500, & le cade ou la caque de sardines, en contient 1000. Harris.

On dit proverbialement, la caque sent toujours le hareng ; pour dire, qu’on se sent toujours de la bassesse de sa naissance, quelque fortune qu’on ait faite. On le dit aussi pour exprimer, qu’on ne sauroit se défaire des mauvaises impressions qu’on nous a données dans la jeunesse par une mauvaise éducation. On dit des gens qui sont placés en quelque lieu fort étroit, ou qui sont incommodés par la foule, qu’ils font pressés comme des harengs dans une caque.

On nomme aussi caque, en termes de Cirier, le fourneau sur lequel on place la bassine ou poële lorsqu’on veut travailler à la cuiller. Ce fourneau est de tôle fortifié de bandes de fer.

CAQUER. v. ad. Terme de Commerce de saline. Mettre le hareng en caque. Haleces evisceratas doliolo ingerere.

CAQUEROLE, ou CAQUEROLLIER. s. f. Petit pot de cuivre à trois pieds, qui a une longue queue pour l’approcher du feu, & pour secouer