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CAP

CAPUCE. (Freres du) Nom d’une Réforme de l’Ordre de S. François, établie en Espagne par le B. Jean de Guadaloupe, sous le Pontificat d’Alexandre VI. Outre beaucoup d’austérités qu’il ordonna, il fit quelque changement dans l’habit, car outre qu’il en prit un fort étroit & rapiécé, il accommoda le capuce à la façon de celui que S. François avoit porté, lui donnant une forme carrée, & le rendant pointu ; ce qui fit donner aux Religieux de sa Réforme, le nom de Freres du Capuce, ou du S. Evangile. On les nomma ensuite Déchaussés, parce qu’ils quittèrent les toques ou sandales, pour marcher pieds nus. Alexandre VI, sous lequel cette Réforme s’établit, l’approuva. Voyez le P. Hélyot, T. VII, c. 17. Léon X, ayant convoqué à Rome un Chapitre généralissime, ordonna la réunion de toutes les Réformes, qu’elles quitteroient toutes leurs noms particuliers, pour prendre celui de Freres Mineurs de l’Observance régulière : les Freres du Capuce furent par ce moyen incorporés dans l’Observance, & prirent le nom de Réformés. Id.

CAPUCHON. s. m. Pièce d’étoffe taillée pour couvrir la tête, dont se servent les Moines. Les uns le portent en pointe, les autres arrondi. Quelques-uns l’appellent capuce. Cucullus. ☞ Il y eut autrefois une fameuse dispute entre les Cordeliers, au sujet du capuchon. Il étoit question de savoir si on le porteroit étroit ou large. Il fallut près d’un siècle, & l’autorité de quatre Papes, pour terminer une dispute de cette importance. En général capuchon est la partie de l’habit d’un Moine ou d’un Religieux qui lui couvre la tête ; mais cet habillement n’est pas tellement propre aux Moines, qu’il ne soit aussi celui de tous les Ecclésiastiques en général : le camail des Evêques, & celui que portent en hiver les Ecclésiastiques séculiers & les Chanoines, sont de véritables capuchons. Par le second Chapitre d’un Concile de Paris tenu en 1346, il est réglé que les aumusses des Clercs ne seront point doublées d’étoffes de soie ou de velours, qu’ils n’affecteront point de porter ni des capuchons courts & terminés en pointe sur le front, ni des manches longues, &c. L’assemblée d’Aix-la-Chapelle de l’an 817, 10 de Juillet, ordonna que le capuchon ou la cuculle de chaque Moine, seroit de la longueur du moins de deux coudées. Chor. Hist. de Dauph. L. X, p. 662.

Capuchon. Terme d’Anatomie. C’est un muscle qui sert au mouvement de l’épaule. On lui donne ce nom à cause qu’il ressemble à cette partie de l’habillement d’un Moine. On le nomme autrement trapèze.

CAPUCHONNÉ. adj. Qui porte un capuchon. M. Des Forges Maillart, sous le nom de Mlle de Malcrais de la Vigne, dans son Epitaphe du Frère Hilarion, Capucin, dit de ce fameux Quêteur :

Sans impudence, il fut badin ;
Sans être cafard, il fut sage :
Mérite assurément divin
Chez le capuchonné lignage.

CAPUCIAT, ATE. s. m. & f. Nom de Secte. Capuciatus. Ce nom signifie, enveloppé dans un capuchon, enfroqué, encapuchonné. On le donna dans le XIVe siècle en Anglettere à des disciples de Wiclef, qui en 1387, commencèrent à paroître, & furent ainsi nommés, parce qu’ils ne se découvroient point devant le S. Sacrement, & en approchoient sans quitter, comme les Catholiques, le chaperon, ou capuce, que l’on portoit alors. Sponde parle de ces Capuciates à l’an 1487.

CAPUCIN. s. m. Religieux de l’ordre de S. François de la plus étroite observance. Capucinus. Ils portent des capuchons pointus, & sont vêtus de brun ou de gris. Ils vont toujours nus pieds, & ne rasent jamais leur barbe. C’est une réforme de l’Ordre des Mineurs, dit communément Cordeliers. Elle fut faite au XVIe siècle, par Matthieu Baschi, Religieux Observantin du Couvent de Montefalconi, qui, averti plusieurs fois d’une manière miraculeuse de pratiquer la Règle de S. François à la lettre, & une pauvreté plus étroite, alla en 1525 à Rome ; c’étoit l’année du Jubilé. Clément VII l’y reçut bien, lui donna la permission de se retirer dans des solitudes, & non-seulement à lui, mais à tous ceux qui voudroient embrasser l’étroite Observance. Quelques-uns l’embrassèrent en effet. En 1528, ils obtinrent du Pape une Bulle : ils s’établirent d’abord à Camerino, où le Duc, & sur-tout la Duchesse Catherine Cibo les favorisoient ; & c’est cette année 1528, qu’ils regardent comme la première de leur Ordre. Louis de Fossombrone, qui s’étoit joint à Matthieu, fut celui qui contribua le plus à la réforme : il fallut le chasser ensuite à cause de son ambition. En 1529, l’Ordre prit une forme parfaite ; Matthieu fut élu Général, & le Chapitre fit des Constitutions. En 1536, Paul III confirma cette Congrégation nouvelle, & tous les privilèges des Capucins par une Bulle du 25 d’Août. Les Capucins furent reçus en France sous Charles IX, qui écrivit à Grégoire XIII, pour avoir des Capucins. C’est pourquoi ce Pape par une Bulle du 3e de Juin 1575, leva la défense que Paul III leur avoit faite de s’étendre hors d’Italie, & leur permit de s’établir par-tout. Ainsi c’est à la France qu’ils doivent en quelque sorte toutes les maisons qu’ils ont hors d’Italie. Le Cardinal de Lorraine les plaça à Meudon, où il leur bâtit un Couvent ; Henri III, leur fit construire celui de la rue S. Honoré à Paris. Ils ont dans le Royaume neuf Provinces, sans compter celles de Lorraine. Le P. Zacharie de Boverio, a écrit en Latin les Annales des Capucins en trois volumes in-fol. depuis 1524, jusqu’en 1634.

Ce nom leur a été donné à cause de leur grand capuchon ou capuce. Matthieu Baschi, Religieux de l’Ordre de S. François, d’une vertu fort austère, établit dans cet Ordre une réforme, & assembla des compagnons qui l’embrassèrent : on les appela Capucins, à cause du grand capuce ou capuchon qu’ils portent. Cette réforme fut approuvée par Clément VII en 1528. Matthieu Baschi, qui étoit auteur de la réforme des Capucins, mourut dans un Couvent des Observantins. Le premier Couvent que les Capucins aient eu, fut établi dans une petite Chapelle dédiée à S. Christophe. Le Pape ôta la prédication aux Capucins en 1543 ; mais elle leur sur rendue avec éloge en 1545. En 1578, il y avoit déjà eu dix-sept Chapitres généraux dans l’Ordre des Capucins. Voyez les Annales des Capucins. La vie de Henri, Comte du Bouchage, Duc de Joyeuse, Capucin, est renfermée en abrégé dans ces deux vers du quatrième chant de la Henriade.

Vicieux, Pénitent, Courtisan, Solitaire, Il prit, quitta, reprit la cuirasse & la haire.

On ne peut pas exprimer plus de choses en moins de paroles.

Capucin. Terme d’Anatomie. Muscle des yeux appelé autrement Humble, ou Abaisseur. Voyez ces mots.

CAPUCINADE. s. f. Sermon de Capucin. Pièce peu éloquente. L’Homélie de l’Archevêque de Grenade étoit un discours diffus, une rhétorique de Régent usé, une capucinade. Hist. de Gil-Blas. La règle n’est pas si générale, qu’elle n’ait ses exceptions. Témoin ce Capucin, dont parle Balzac, qui avant prêché un jour Rome, de l’obligation de la Résidcnce, fit tant de peur à trente ou quarante Evêques qui l’écoutoient, qu’ils s’enfuirent tous dès le lendemain en leurs Diocèses : une auste fois la conversion de toute une ville fut le succès d’un de ses Carêmes ; on crioit miséricorde par les rues à la sortie de l’Eglise ; & il fut compté