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CAP

conséquent dans la possession incontestable d’une noblesse, qui n’a point eu d’égale dans aucune nation, ni dans aucun siècle. Le même Auteur montre que la couronne des Lombards étoit héréditaire & successive dès le temps de Justinien.

☞ CAPEYER. Terme de Marine. C’est mettre un vaisseau à la cape, en attendant que le vent contraire devienne’favorable.

CAPAHAR. s. m. Droit que les Turcs font payer aux Marchands Chrétiens, qui conduisent ou envoient des marchandises d’Alep à Jérusalem, & autres lieux de la Syrie.

CAPHARNAUM. Nom d’une ville de la Terre-Sainte. Capharnaum. Capharnaum étoit une ville de la tribu de Nephtali, dans la Décapole, dont elle étoit capitale. Elle étoit située sur la mer de Tibériade, ou de Galilée, à l’endroit où elle reçoit le Jourdain. Jésus-Christ après son baptême fit son séjour ordinaire à Capharnaum. Et quittant le séjour de la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaum, qui est proche de la mer sur les confins de Zabulon & de Nephtali. Port-R. en saint Matth. IV, 13. Il descendit ensuite à Capharnaum, ville de Galilée, & il y enseignoit le peuple les jours de Sabbat. Bouh.

☞ CAPHENG. Ville de l’Inde au de-là du Gange, au Royaume de Siam, avec une province de même nom.

CAPHTORIM. s. m. & plur. Caphtorim, Caphtoræi. Peuples anciens dont il est parlé dans l’Ecriture, Gen. X, 14. Mitsraïm fut pere des Ludim, des Ananim, des Laabim, des Nephtim, des Phétrusim, & des Chasluim, desquels sortirent les Philistins, & les Caphtorim. Quelques Auteurs disent que les Caphtorim & les Philistins sont les mêmes peuples ; mais on voit par les paroles que je viens de rapporter que Moïse les distingue. Zieglerus, dans son Arabie, au mot Hauvim, réfute ceux qui prétendent que ce sont les peuples de Cappadoce ; & il les place dans l’Arabie heureuse, entre le détroit arabique & le détroit persique. Bochard les met dans la partie de la Cappadoce qui confinoit la Colchide, & leur donne les Casluim pour voisins. Sa raison est que tous les anciens ont dit que les Caphtorim sont les peuples de Cappadoce. Pour le confirmer, il ajoute que caphtor en hébreu signifie malum punicum, une grenade, & que σίδη side, signifie la même chose en grec ; & qu’il y avoit en ces quartiers-là une ville de ce nom d’où toute la contrée étoit appelée Sidene. C’est au c. 32 du IVe Livre de son Phaleg que Bochard traite de ces peuples.

D’autres Savans ne jugent pas que ce sentiment soit soutenable, parce que la Cappadoce, comme les autres Provinces septentrionales de l’Asie, fut d’abord occupée par les enfans de Japhet, & nullement par ceux de Cham, qui habitoient les pays méridionaux ; & que d’ailleurs l’Ecriture appelle leur pays une Île. Amos IX, 6, Jer. XLVII, 47, ce qui a fait dire à quelques Interprètes qu’ils habitoient l’Île de Chypre, & à d’autres, celle de Crète. Mais quelle apparence que du temps d’Abraham, Deut II, 23, que les Provinces voisines de la Mésopotamie commençoient à peine à se peupler, il y eût déjà dans l’Île de Crète, ou même dans celle de Chypre, des Colonies nombreuses d’Egyptiens. Quelques autres donc disent que les Caphtorim, peuple originairement Egyptien, descendant de Mitsraïm, comme il paroît par la Genèfe X, 14, habitoient premierement la côte occidentale de la mer Rouge ; qu’ils quitterent ensuite ce lieu pour aller se loger ailleurs ; que, selon les plus doctes Commentateurs, le mot hébreu אי, qu’on a traduit en grec par Νῆσος, & en latin par Insula, signifie non seulement une Ile, mais toute sorte de pays situé le long de la mer, soit qu’il fut tout environné d’eau, soit qu’il ne fût arrosé de la mer que d’un côté ; qu’ainsi la côte de la mer Méditerranée, qu’habitoient les Philistins, est appelée אי, Ile, Isaïe XX, 6, & qu’il a encore le même sens. Gen. X, 5 Is. XLI, 1 & XLIX, 1.

CAPI-AGA ou CAPI-AGASSI. s. m. Nom d’un Officier Turc. Præfectus palatii apud Turcas. Quatre principaux Eunuques, qui portent tous la qualité d’Aga, sont toujours auprès du Grand Seigneur. Le premier d’entr’eux est nommé Capi-Aga, qui a l’intendance générale du Serrail, & il faut qu’il ait vieilli dedans, pour avoir toute la confiance & la pratique nécessaire à sa charge. Le Grand Seigneur n’a point d’affaires importantes, qu’il ne lui communique, & nous dirions en France proprement qu’il a le secret du cabinet. Il commande les cinq chambres des Pages qui font dans le Serrail. Il a soin de leur faire apprendre l’exercice des Lettres & des armes. Tous les Eunuques du Serrail, soit les Blancs, soit les Nègres, sont sous sa charge. Ceux même de la Sultane favorite, qu’ils appellent Hha Seki Sultan, c’est-à-dire, Sultane privée, ne font rien sans son ordre ; & quand cette femme Reine & Esclave tout ensemble désire quelque chose d’eux, ils en donent avis au Capi-Aga, & elle ne le peut avoir que par son moyen. Du Loir, p. 89, & 90. Le Capi-Aga est le Gouverneur des portes du Serrail, ou le Grand Maître du Serrail. C’est la première dignité des Eunuques blancs. Le Capi-Aga est toujours auprès du Grand Seigneur. Il introduit les Ambassadeurs à l’audience. Personne n’entre ou ne sort de l’appartement du Grand Seigneur sans son ministere. Le Grand Visir lui-même, doit être présenté par le Capi-Aga, quand il veut parler au Prince. Sa charge lui donne le privilège de porter le Turban dans le Serrail, & d’aller par-tout à cheval. Il accompagne le Grand Seigneur jusqu’au quartier des Sultanes, mais il demeure à la porte, & n’y entre point : ses appointemens sont fort modiques ; le Grand Seigneur fait les frais de sa table, & lui donne dix sultanins par jour. Chaque sultanin vaut six francs de notre monnoie, ce qui ne fait que 60 livres par jour, & 21900 livres par an ; mais sa charge lui attire un très-grand nombre de présens, parce que tout le monde a besoin de lui, & qu’aucune affaire de conséquence ne vient à la connoissance de l’Empereur, qu’elle n’ait passé par ses mains. Le Capi-Agassi ne peut être Bâcha quand il quitte sa charge. On peut voir sur cet Officier la Relation du Serrail de M. Tavernier, & l’Etat de l’Empire Ottoman par M. de la Croix. Voyez aussi ci-dessus Aga.

CAPIBARA. s. m. Poisson qui se trouve dans le Parana, rivière de l’Amérique méridionale. Capibara. Le Capibara ressemble assez à un porc. Hist. Parag. v. 3.

☞ CAPI-CAG-TINGA. Espèce d’Acorus qui croît aux Indes orientales, assez semblable au nôtre, mais plus petit.

CAPIER. s. m. Plante qui s’étend en rond, qui a des épines crochues, & des feuilles rondes : son fruit s’appelle cape. Capparis, cappar folio minore rotundo. On l’appelle autrement caprier, & c’en est le véritable nom.

☞ CAPIER. v. a. Dans les manufactures en soie, fil, laine, &c. c’est arrêter le bout par lequel un écheveau a commencé, & celui par lequel il a fini, de façon qu’au dévidage on puisse toujours trouver & prendre le dernier. Ce qui facilite le dévidage & empêche l’écheveau de se mêler. Encyc.

CAPIGI. s. m. Du Loir écrit Capidgi. Terme de relation, Portier du Serrail. Janitor palatii Turcici. Il y a dans le Serrail, ou Maison du Grand Seigneur, quatre à cinq cens Capigis, ou Portiers partagés en deux troupes ; l’une de trois cens sous un Chef appelé Capigibassi, qui a de provision deux à trois ducats par jour ; & l’autre de deux cens appelés Cucciapigi, & leur Chef Cucciapibassi, qui en a deux. Les Capigis ont depuis sept jusqu’à quinze aspres, l’un plus, l’autre moins.

Vigenere,