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CAP

d’une personne, qui sont réglées par la coutume, ou par les Loix Civiles & Ecclesiastiques, Facultas. Une donation est nulle, faute de capacité dans la personne du donataire ou du donateur. Le vice de la naissance ôte la capacité de tester, à un aubain, par exemple : Les dispositions qui forment la capacité, ne sont pas les mêmes partout : ainsi la majorité qui donne la capacité d’agir, commence en Normandie à 20 ans, & à 25 seulement dans les autres Provinces. Un enfant dans le sein de sa mère a la capacité de succéder à son père, quand sa succession est ouverte.

On appelle titres & capacités d’un Ecclésiastique, l’extrait baptistaire, les lettres de tonsure, la provision du bénéfice, la prise de possession, &c. & quelquefois les grades, indults, ou autres privilèges : ces choses étant ce qui donne la capacité pour les bénéfices.

Capacité, se dit figurément de l’étendue, de la portée de l’esprit. Captus, facultas. L’esprit de cet Auteur est d’une vaste étendue, il est d’une grande capacité. La. capacité de l’esprit s’étend & se reserre par l’accoutumance, & c’est à quoi servent les Mathématiques, & les autres sciences difficiles, qui donnent une certaine étendue à l’esprit, & l’exercent à s’appliquer davantage. Port-R. Il n’y a pas de plus notable folie au monde que de vouloir ramener les autres à la mesure de notre capacité & suffisance. Mont.

Il signifie aussi, habileté. Intelligentia. C’est un Avocat qui a toute la capacité qu’on peut avoir. Démosthène n’avoit pas un génie si heureux, ni une si vaste capacité que Ciceron. P. Rap. Les entreprises d’Alexandre ont quelque chose de plus étonnant que celles de César mais la conduite & la capacité ne paroissent y pas avoir eu la même part. S. Evr. Tant qu’on ne voit pas le fond & les bornes de la capacité d’un Ministre, sa profondeur inconnue le fait respecter. Amel. Il y a bien des gens à qui une mine froide a tenu lieu de prudence & de capacité. Mont.

☞ Le mot de capacité, dit M. l’Abbé Girard, a plus de rapport à la connoissance des préceptes ; l’habileté en a davantage à leur application ; l’une s’acquiert par l’étude, & l’autre par la pratique. Qui a de la capacité est propre à entreprendre. Qui a de l’habileté est propre à réussir. Il faut de la capacité pour commander en chef, & de l’habileté pour commander à propos.

CAPADE. s. f. Terme de Chapelier. Est une certaine quantité de laine ou de poil qu’on a formé par le moyen de l’arçon. Faire une capade.

Capade. s. m. Nom qu’on donne chez les Maures & ailleurs aux Eunuques noirs, auxquels l’on confie la garde des femmes.

CAPAGE. s. m. Terme de Coutume. C’est la même chose que capitation ; c’est-à-dire, tribut imposé sur les personnes & par têtes. Tributum viritim exigendum. Capage en Provence est un tribut imposé sur chaque maison, ou sur chaque famille. Voyez les Statuts de Provence. Ce mot est en usage au même sens que Capitation en plusieurs endroits du Dauphiné. Chorier, Hist. du Dauph. L. IV. p. 206.

CAPALANIER. s. m. Voyez Caplanier.

☞ CAPALITA. Ville de l’Amérique septentrionale, dans la Province de Guaxaca.

CAPANÉE. s. m. C’étoit un des sept Chefs de l’armée des Argiens dans la guerre de Thébes. Lorsque Thésée fit faire de magnifiques funérailles à ceux qui étoient morts au siége de cette ville, on ne voulut pas brûler le corps de Capanée avec les autres, parce qu’il avoir été frapé de la foudre, & qu’il étoit regardé comme un impie, qui par ses blasphèmes s’étoit attiré le courroux du ciel ; & on lui fit un bûcher séparé.

CAPARAÇON. s. m. Couverture qu’on met sur les chevaux. Circumfusum equo ac pendens stragulum ou stragulum seul, stratum. Les caparaçons ordinaires sont d’une simple toile, ou treillis. Ceux des chevaux de main sont de drap, ornés & chargés des armes ou des chiffres du Maître. Les caparaçons des anciens Gendarmes étoient de riches housses brodées, dont ils faisoient parade dans les montres, les tournois, & dans les pompes & cérémonies. Les caparaçons étoient autrefois une armure de fer, dont on couvroit le cheval de bataille. ☞ Les caparaçons de l’armée sont quelquefois d’une grande peau d’ours ou de quelqu’autre animal, de même que ceux des chevaux de carosse en hiver.

Ce mot est un mot espagnol augmentatif de cape, comme qui diroit grande cape.

Quelques-uns ont écrit Caparasson.

CAPARAÇONNER. v. a. Couvrir un cheval d’un caparaçon. Equum amplo ac demisso undique stragulo cooperire, equum sternere, stragulo cooperire, instruere.

Caparaçonné, ée. part.

CAPAX. s. m. Mot latin qui signifie capable On le donne dans l’Ordre de Malte, aux Chevaliers qui sont capables d’avoir une Commanderie, c’est-à-dire, qui ont fait cinq années de résidence à Malte, & quatre caravannes.

CAPDALAT. s. m. Terme de Coutumes. Titre sous lequel on possède une terre, un bien. Ceux à qui se Bourg de Buchs appartenoit à titre de capdalat, ou de Sirauté, sont appelés dans les anciens titres Capitales de Bogio, d’où l’on a fait captals, ou captaux de Buchs. De Laur. sur Ragueau.

☞ CAPDENAC. Petite ville de France, dans le Querci, sur un grand rocher escarpé de tous côtés. Quelques-uns la prennent pour l’Uxellodunum de César.

CAPE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois un gros manteau de campagne, dont la partie supérieure étoit taillée en sorte qu’on y pouvoir fourrer la tête, Bardocucullus, penula cucullum habens. C’est ce qu’on appelle encore cape de Béarn, dont usent les matelots. La cape se portoit autrefois tant par les Moines, que par les Laïques, tant hommes que femmes indifféremment. On l’appeloit en latin carnealla, vestis cilicina, & elle étoit faite de poil de chèvre. C’étoit aussi une espèce de surtout, ou de manteau long, qu’on portoit sur les autres habits ; & Isidore dit qu’on l’a appelée capa, quod totum capiat hominem.

Cape, se dit aussi d’une couverture de tête que les femmes portent pour se garantir de la pluie ou du mauvais temps. Muliebre capitis tegumentum adversus pluviam ; capitium, capidulum. Cape de taffetas, à dentelles. Cette femme va toujours à la Messe en cape, & ne s’habille que le soir. ☞ En Bretagne on appelle cape, non une couverture de tête simplement, mais une mante, un habillement qui couvre les femmes depuis la tête jusqu’aux pieds : c’est ce qu’on appelle ailleurs capote. Ménage après Vossius dérive ce mot de cape, Allemand, qu’il fait venir ensuite de caput. Il cite aussi le Pere Sirmond, qui le dérive de capis â capiendo, qui étoit une espèce de vase, d’où on a fait ensuite chapeau & capeline. D’autres plus simplement le dérivent du Latin cappa, aussi-bien que chappe. Adrien Schiek le dérive de Capa, חפה, qui veut dire en hébreu couvrir, & qui se dit des habits, aussi-bien que les autres choses.

Cape, en termes de Marine, est la grande voile qu’on met au grand mât, qu’on appelle autrement Pacsi, Velum summi mali maximum, ou velum maximum. On dit, mettre à la cape, pour dire, mettre la voile au lit du vent, en orientant les voiles, & en plaçant le gouvernail de façon que le vaisseau ne fasse que des élans & aille peu de l’avant.

Etre à la cape, c’est ne porter que la grande voile bordée, & amarrée tout arrière. On se tient à la cape par un gros vent contraire. On met aussi la cape avec la misaine & l’artimon.

Cape, se dit proverbialement en ces phrases ; rire