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rité, le Pape Gelase, dans un Concile tenu à Rome l’an 494, met le livre de ces Canons des Apôtres entre les apocryphes, & cela après le Pape Damase. Par cette raison, Isidore les condamne aussi dans le partage que Gratien rapporte de lui dans la XVIe distinction. Le Pape Léon IX, au contraire, excepte 50 Canons du nombre des apocryphes. Avant lui, Denys le Petit avoit commencé son Code des Canons Ecclésiastiques, par ces 50 Canons. Gratien dans la même distinction XVI, rapporte qu’Isidore ayant changé de sentiment, en se contredisant soi-même, met au-dessus des Conciles ces Canons des Apôtres, comme approuvés par la plupart des Pères, & reçus entre les constitutions Canoniques ; & ajoute que le pape Adrien I, a approuvé les Canons, et recevant le VIe Concile où ils sont inférés : mais on peut dire que Gratien se trompe, & qu’il prend le IIe Concile in Trullo, que les Grecs appellent souvent le VIe Concile, pour le Ie Concile in Trullo, qui est véritablement le VIe Concile Œcuménique ou général.

Quant à Isidore, le premier passage est d’Isidore de Seville, & le second est d’Isidore Mercator ou Peccator, selon la remarque d’Antoine Augustin, Archevêque de Tarragone, qui dit que pour concilier ces différentes opinions, il faut suivre le sentiment de Léon IX, qui est qu’il y a 50 Canons de ces Apôtres, qui ont été reçus, & que les autres n’ont aucune autorité dans l’Eglise Occidentale. Il est certain que ces Canons ne sont point des Apôtres ; mais ils paroissent fort anciens, & ont été cités par les anciens, sous le nom de Canons anciens, Canons des Peres, Canons Ecclésiastiques. S’ils sont quelquefois appelés & intitulés Canons Apostoliques, ce n’est pas à dire pour cela qu’ils soient des Apôtres : mais il suffit qu’il y en ait quelques-uns qui aient été faits par des Evêques qui vivoient peu de temps après les Apôtres, & que l’on appeloit hommes apostoliques. L’Auteur des Constitutions Apostoliques, est le premier qui attribue ces Canons aux Apôtres. Ils contiennent des réglemens qui conviennent à la discipline du second & du troisième siècle de l’Eglise. On ne sait pas en quel temps cette collection a été faite. Il se peut faire que ce soit en différens temps : non-seulement les 50 premiers, mais les 35 derniers sont fort anciens. On a vu le sort qu’ils ont éprouvé dans les différens temps. Depuis Isidore, qui mit les 50 premiers dans sa Collection, ils ont toujours fait partie du Droit Canon.

CANONS PÉNITENCIAUX. En terme d’Histoire & d’antiquité ecclésiastique, ce sont d’anciens réglemens, faits dans le Concile de Carthage, où Félicissime fut condamné. Canones pœnitentiales. Ces Canons règlent la conduite des Evêques, à l’égard des pécheurs pénitens, suivant les différens dégrés des péchés. Le Décret du premier Concile de S. Cyprien fut rédigé en plusieurs articles ou Canons, que l’on l’appelés depuis les Canons pénitenciaux. Fleury.

Canon est aussi un Catalogue des Livres Sacrés. Sacrorum Librorum Index. Un tel livre est apocryphe, il n’est pas dans le Canon. Le Canon, ou le Catalogue des Livres du vieux Testament a été fait par les Juifs. On l’attribue à Esdras ; l’ancienne Eglise a suivi le Canon des Juifs, qui, selon S. Jérôme, ne contenoit que 22 livres. Du Pin. Le dernier Canon des Livres saints, est celui qu’a fait le Concile de Trente ; il comprend tous les livres qui se trouvent dans les Bibles imprimées dans les Royaumes Catholiques depuis ce Concile. On doit, sous peine d’anathême, recevoir comme livres sacrés, comme écriture divine, tous les livres que contient ce Canon ; & c’est être hérétique que de rejeter quelque chose de ce que contient ce Canon. Ce Canon du Concile de Trente est tout semblable à celui du Concile d’Hyppone, tenu en 393, & à celui du Concile IIIe de Carthage, qui étoit de quarante-sept Evêques, du nombre desquels étoit Saint Augustin, & qui disent qu’ils ont reçu ce Canon de leurs Peres. Il est aussi semblable à celui d’Innocent I, dans sa Lettre à Exupere.

Les Canons des Evangiles sont une espèce de concordance faite par Eusèbe de Césarée, dont parle S. Jérôme, & que l’on voit souvent à la tête des manuscrits du Nouveau Testament & en quelques éditions.

Quelques Religieux appellent Canon, le livre qui contient leurs règles, leurs constitutions, &c.

On appelle encore Canon, le catalogue des Saints reconnus, & canonisés dans l’Eglise. Album SS. quos agnoscit Ecclesia.

Canon Paschal. Table des Fêtes mobiles, table où l’on marquoit pour une ou plusieurs années le jour auquel tomboit la fête de Pâque, & les autres fêtes qui dépendent du jour de Pâque. Canon Paschalis. Le Concile de Nicée ayant fixé la Pâque au Dimanche qui suivroit immédiatement la pleine lune la plus proche de l’Équinoxe du printemps, pour trouver plus aisément le premier jour de la lune, & ensuite le 14e, le Concile ordonna que l’on se serviroit de l’ennéadécaétéride ou cycle de 19 ans, parce qu’au bout de ce terme les nouvelles lunes reviennent à peu près aux mêmes points de l’année solaire. On croit que le Concile chargea de ce calcul Eusèbe de Césarée, & il est certain qu’il a composé un canon paschal de dix-neuf ans.

En termes de Palais, on appelle Canon emphytéotique, le revenu annuel que doit celui qui a pris un héritage à bail emphytéotique, c’est-à-dire, pour cent ans. Vectigal annuum ex fundo emphyteutico. Les emphytéotes, qui doivent le Canon emphytéotique, ont seulement la propriété emphytéotique du fief, & de la chose donnée à cens ou à emphytéose… Institution au Droit Fr. La rente ou redevance que l’emphytéote paye au bailleur en reconnoissance de la Seigneurie directe qu’il s’est réservée, s’appelle pension ou Canon emphytéotique. Ibid.

Canon, en termes de Guerre, est une pièce d’Artillerie, ou arme à feu, faite de fer, ou de fonte. Tormentum bellicum æneum. Elle est de figure cylindrique, & creuse par le milieu. On la charge de poudre & de boulets, ou de cartouches. Un gros Canon ordinaire, est long d’environ dix pieds. Son noyau est de neuf pieds. Son affût est long de quatorze, & son essieu de sept. Le diamètre de sa bouche est de six pouces & deux lignes ; l’évent de la balle de deux lignes. Le diamètre de la balle est de six pouces, & son poids de trente-trois livres un tiers. Le métal est épais au collet de deux pouces, & à la culasse de six. Son métal pese environ 5600 livres. La charge est de 18 à 20 livres. Il tire de point en blanc 600 pas, & tire dix coups par heure, & quelquefois quinze, & par jour 120. Son lit doit avoir quinze pieds de large, & vingt de long pour son recul. Il faut vingt chevaux pour le mener. Et pour servir un canon qui bat en ruine, dont le boulet est de 36 livres, il faut deux Canonniers, trois Chargeurs, & 30 Pionniers. Mais comme il est pesant & difficile à traîner, on l’emploie le plus souvent pour un assaut, en le chargeant à cartouche, afin de battre & de découvrir de loin, soit pour attaquer quand on fait les premières approches, soit pour se défendre en le plaçant sur un Cavalier. On ne fait guère à présent de canon que de 24 livres, qui ont cinq pouces & demi de calibre, & dix pieds de long. Les canons des vaisseaux portent depuis quatre jusqu’à 36 livres de balle. L’Amiral & le Vice-Amiral, sont tous montés fut quatre petites roues comme les affûts des mortiers. On dit que le canon est aux sabords, quand il est mis aux sabords, & qu’il est prêt à tirer. On dit qu’il est démarré, quand il a rompu les cordages dont il étoit amarré. On dit que le canon est détapé, quand il est débouché, & que la tape est hors du canon. On appelle canon de