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& qui avoient l’air le plus martial & le plus propre à inspirer de la terreur, dit la Chronique d’Alexandrie. Les Protecteurs étoient un ordre mitoyen ; c’étoient proprement les Gardes-du-Corps. Henschenius, Act. SS. Fehr, tom, II, p. 18.

M. Fleury, Hist. Eccl, L. II, n. 17, prétend que les Gardes qui portoient ce nom, étoient ainsi nommés, à cause de l’habit blanc dont ils étoient vêtus. D’autres disent seulement, parce qu’ils portoient quelque chose de blanc sur eux, ou dans leur habit. C’est l’Empereur Gordien qui institua les Candidats, choisissant les plus grands & les mieux faits de ses Gardes, pour en faire une compagnie, qu’il appela les Candidats. Voyez Capitolin dans la vie de cet Empereur, ch. I & II, & les notes de Saumaise sur cet Historien.

Tertullien appelle ceux qui demandoient le baptême, Candidati Dei. On appeloit aussi Candidats de l’éternité, ceux dont les âmes n’étoient point encore dans le ciel. ☞ Dans le tems de la vacance de la couronne de Pologne, on appelle Candidats, les prétendans à la couronne.

On appelle aussi Candidats dans les Facultés de l’Université, ceux qui sont sur les bancs pour parvenir au Doctorat. Acad. Fr.

Ce nom se donne en Sorbonne à ceux qui aspirent au Baccalauréat ; même pendant le tems qu’ils soutiennent leur tentative, on ne les traite que de Candidats.

Quelle honte, bon Dieu ! Quel scandale au Parnasse,
De voir l’un de ses Candidats
Employer la plume d’Horace
A liquider un compte, & dresser des états ! Royaum.

CANDIDE. adj. m. & f. Qui a de la candeur. Candidus. Un honnête homme doit être candide, avoir l’ame candide. Il est bon d’y ajouter quelque autre mot, qui en explique & en détermine la signification. Il est moins usité que le substantif candeur. Le P. d’Orléans a dit : ses mœurs innocentes, douces, candides & pacifiques.

Candide. s. m. Nom d’homme. Candidus. Candide étoit un Auteur Ecclésiastique du IIe siècle, qui avoit écrit sur l’ouvrage des six jours.

CANDIE. Nom moderne d’une Île de la mer Méditerranée, qui dans l’antiquité s’est nommée Crète. Creta, Candia. Cette île ne s’appelle Candie que depuis la fondation de la ville de Candie sa capitale, dont elle a pris le nom ; c’est-à-dire, depuis le IXe siècle. Elle est située à l’entrée de l’Archipel, sous le 34d de lat. & peut avoir 75 lieues d’orient en occident, & 20 dans sa plus grande largeur. Elle fut soumise aux Sarrasins au IXe siècle ; Nicéphore Phocas la reprit au Xe en 362. En 1204, Boniface, Marquis de Montserrat, la vendit aux Vénitiens, qui n’y ont plus que les forretesses de Suba, & Spina-Longa. Les Turcs sont maîtres de tout le reste. L’Île de Candie est célèbre par le vin de Malvoisie qu’elle produit. L’air y est chaud, mais sain, & le terroir abondant en pâturages, en grains & en fruits. Pour ce qui concerne l’antiquité, voyez Crète. Quand il s’agit de l’antiquité je ne voudrois point dire Candie, mais Crète. Quelques-uns cependant le disent, comme Vigenère.

La mer de Candie, Creticum mare, est une partie de l’Archipel. Elle s’étend le long de la côte septentrionale de l’île de Candie.

Candie. Matium, Candia. Ville bâtie au commencement du IXe siècle par les Musulmans, dans l’île de Crète, dont ils s’emparèrent dans ce temps. Cette ville a pris son nom de celui du lieu où ils la bâtirent, qui se nommoit Candax, & qui leur fut montré par un Moine. Elle a depuis donné son nom à toute l’île. C’est le siège d’un Archevêque, & la capitale de l’Île de même nom. Après une guerre de 24 ans & un siège de trois ans, Candie fut rendue aux Infidèles en 1669, n’étant plus qu’un tas de ruines.

La différence des méridiens dont la ville de Candie est plus orientale que Paris, est de 1 h 31′ 5″, en dég. 22° 46′ 15″. P. Feuillée. Acad. 1702. Mem. p. 11. La hauteur du pôle de la ville de Candie est de 35° 18′ 45″, Idem.

La Nouvelle-Candie, Candia-Nova, est une forteresse que les Turcs avoient bâtie à une lieue de la ville de Candie, pour la resserrer ; mais depuis qu’ils sont maîtres de cette ville, cette forteresse leur est inutile, & ils la laissent tomber en ruine.

Le terriroire de Candie est le plus considérable des quatre parties de l’Île de Candie ; il occupe le milieu de l’Ile, & renferme la ville de Candie, capitale de l’île.

CANDIIL ou CANDILE. s. m. Mesure dont on se sert aux Indes, à Cambaye & à Bengale, pour vendre le riz & les autres grains : elle contient quatorze boisseaux.

Candiil. s. m. C’est aussi un poids dont on se sert à la Chine & à Galanga.

CANDIOT, OTE. s. m. & f. Cres, Creticus, Cretensis. Habitant ou Habitante de l’île de Candie. Les Candiots sont voluptueux & excessivement paresseux. Il ne faut point se servir de ce mot quand on parle des anciens habitans de cette Île ; il faut dire Crétois. Voyez ce mot. Les Candiots naturels sont presque tous Chrétiens du rit grec ; il y en a quelques-uns qui sont Mahométans,

CANDIOTE. s.f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui a les grandes feuilles d’un gris blanchâtre, sur le fond incarnat, sa peluche incarnat, bordée de feuilles mortes, verdâtres. Morin.

☞ CANDIR, se CANDIR, v. récip. se dit du sucre, qui après avoir été rendu liquide, prend une consistance de glace. On fait candir le sucre ; on le rend dur & transparent, en le clarifiant & le cristallisant à plusieurs reprises, jusqu’à six ou sept fois.

Se CANDIR. Terme de Confiseur, qui se dit des confitures dont le sucre s’épaissit & se glace sur la surface des vaisseaux. Albicare. Les confitures qui sont trop cuites, se candissent,

Candir, chez les apothicaires, est presque synonyme à confire, & se dit de certains médicamens qu’ils font bouillir dans le sucre pour les conserver par ce moyen en nature.

CANDI, IE. part. & adj. Albicans. Sucre candi, confitures candies. On appelle sucre candi, une préparation du sucre qui se cristallise : ce qui se fait en le fondant jusqu’à six ou sept fois. On ordonne pour le rhume du sucre candi.

Ce mot vient de canitum, qui a été fait de candidus, à cause que c’est du sucre blanchi & épuré. D’autres disent que ce nom vient de l’île de Candie. D’autres tiennent qu’il vient de elkendit, mot arabe, qui signifie du sucre en général Ménage.

CANDIS. s. m. Espèce de confitures séches, couvertes de sucre candi & brillant. Il en vient beaucoup de Gènes & d’Italie.

☞ CANDISCH. Voyez Candich.

CANDO, CANDI ou CONDI. f m. Mesure ou aune, dont on sert dans plusieurs Cantons des Indes, & particulièrement à Goa.

CANDOU. s. Arbre qui croît aux Maldives, qui a cette propriété, qu’en frotant deux morceaux l’un contre l’autre, il en sort du feu, quoiqu’il soit extrêmement mou, léger, & plus que le liége. On s’en sert comme d’un fusil. Il est gros comme un noyer, approchant de la feuille du tremble, & aussi blanc. Il ne porte aucun fruit, & n’est pas bon à bruler. Pyrard.

☞ CANDY. Royaume d’Asie, dans l’Île de Ceylan, de laquelle il occupe le milieu & la plus grande partie. La capitale porte le même nom. Quelques uns l’appellent cande.

☞ CANE. s. f. Espèce d’oiseau aquatique, qui est la femelle du canard. Anas. La coutume d’Estampes, art. 185°, défend de nourrir des canes dans la ville. la Mare. Traité de la Police, T. I, p. 539.

Ce mot selon Ménage, vient de ano ou anas,