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CAN

que du cancre, au-lieu de dire, le signe du Cancer, le tropique au Cancer. Acad. Fr.

Cancre se dit proverbialement d’un homme pauvre, qui n’est capable de faire ni bien ni mal. Cet homme est un gueux, un cancre, un pauvre cancre. Il se dit aussi d’un homme méprisable par son avarice. C’est un vilain cancre.

☞ CANCRIFORMIS. Espèce de pierre argilleuse, cendrée, de la forme d’un crabe. Elle a de plus les parties brillantes du plomb.

☞ CANCRITES ou Lapides cancri. Petites pierres blanches, tendres, creuses, qu’on appelle yeux d’écrevisses de rivière.

CANDAHAR. Ville d’Asie, capitale de la province du même nom dans les Indes. Ortospana.

CANDÉ. s. m. C’est en plusieurs endroits la même chose que confluent, Confluens. On dit conde en dautres endroits, & coignac en d’autres.

CANDE. Gros bourg de France, en Touraine, au confluent de la Loire, & de la Vienne. S. Martin y mourut le 11 Novembre 398. Il y a une Collégiale. Candate.

☞ CANDEA ou CANDE. Baudrand nomme ainsi en françois la ville & le Royaume de Candy. Voyez ce mot.

CANDELABRE. s. m. C’est un grand chandelier de salle ayant plusieurs branches, fait à l’antique. Candelabrum.

Candélabre, se dit aussi d’un grand chandelier à plusieurs branches, tel qu’on en voit en plusieurs églises.

Candélabre, terme d’architecture, est une espèce de vase fort élevé en forme de grand balustre qu’on met pour amortissement à l’entour d’un dôme. On voit de ces sortes de candélabres aux dômes de la Sorbonne & du Val-de-Grace à Paris.

CANDELETTE. s. f. Terme de marine. C’est une corde garnie d’un crampon de fer pour accrocher l’anneau de l’ancre quand on la veut mettre sur les bosseurs, lorsqu’elle est sortie de l’eau. Cantus harnatus.

☞ CANDELOR ou CANDALOR. Ville de la Turquie en Asie, près de la côte méridionale de la Natolie.

☞ CANDEUR. s. f. Pureté d’ame. Animi candor. C’est une des nuances de la vérité de caractère. La simplicité, qui prend sa source dans cette pureté de Mœurs, qui n’a rien à dissimuler ni à feindre, est ce qu’on appelle candeur. Voyez Franchise, Simplicité, Ingénuité. Candeur de l’ame. La candeur de ses mœurs. Procédés pleins de candeur. Il faut ôter au cœur humain le masque de vertu & de candeur, dont il se sert pour les raffinemens de fa dissimulation. Port-R. Les ames pleines de candeur, sont d’ordinaire plus simples dans le bien, que précautionnées contre le mal. Fénel. N’espérez plus de franchise, ni de candeur d’un homme qui s’est livré à la Cour, & qui secrétement veut faire fortune. La Bruy.

Je veux dans la satyre un esprit de candeur. Boil.


☞ CANDI. s. m.. Sorte de grand bateau qu’on voit en Normandie, sur la Seine, & qui a environ 27 toises entre chef & quille. On ne voit pas sur les rivières de France de plus grand bateau que le candi.

Candi (sucre) Voyez Candir.

☞ CANDICH. Nom d’une province d’Asie, dans l’Empire du Mogol, entre la province d’Agra, celles de Bérar & de Malva, & le Royaume de Guzurate. Brampour en est la capitale.

CANDIDAT. s. m. Celui qui brigue quelque charge, qui aspire à entrer dans quelque corps. Candidatus.

☞ Les Candidats ou aspirans aux charges de la République Romaine étoient ainsi nommés de la Robe-Blanche qu’ils étoient obligés de porter pendant les deux années qu’ils postuloient. Cette robe, dit Plutarque, devoit être simple, sans aucun autre vêtement, afin qu’on ne les soupçonnât pas d’avoir de l’argent caché pour acheter les suffrages ; & afin qu’ils pussent plus aisément faire voir au peuple les cicatrices des plaies qu’ils avoient reçues pour la défense de la République.

☞ La première année, ils demandoient au Magistrat la permission de haranguer le peuple ou de le faire haranguer par quelqu’un de leurs amis. Ils déclaroient à la fin de ces harangues qu’ils désiroient obtenir telle charge, sous son bon plaisir, le priant d’avoir égard au mérite de leurs ancêtres & à leurs services personnels. Cela s’appeloit profiteri nomen suum apud populum, & cette année annus professionis, qui étoit toute employée à se faire des amis parmi les grands & parmi les peuples.

☞ Au commencement de la seconde année les Candidats se présentoient au Magistrat, avec la recommendation du peuple, conçue en ces termes : Rationem illius habe, & le prioient d’écrire leurs noms sur la liste des prétendans : ce qui s’appeloit edere nomen apud Prætorem aut Consulem, ou profiteri apud Magistratum.

☞ Le Magistrat, après avoir vu la requête du Candidat, avec la recommendation du peuple, assembloit le Conseil ordinaire des Sénateurs, qui examinoient les raisons qu’avoit le Candidat de demander telle charge, & s’informoient de sa vie & de ses mœurs. Après cet examen, le Magistrat lui permettoit sa poursuite en ces termes : Rationem habeho, renuntiabo, ou s’il le rejettoit, il répondoit rationem non habebo, non renuntiabo.

☞ Les Tribuns s’opposoient quelquefois à cette permission que donnoit le Magistrat de poursuivre la brigue, lorsque celui-ci ne paroissoit pas assez instruit des défauts ou des raisons d’exclusion du postulant.

☞ Le tems de l’élection arrivé, le Magistrat indiquoit l’assemblée par trois jours de marché consécutifs que ceux de la campagne, comme des villes municipales & des colonies qui avoient droit de suffrage pussent descendre à la ville. Le jour venu, les Candidats vêtus de blanc, se rendoient de grand matin, assistés de leurs amis, au mont Quirinal ou sur la colline des jardins, qui avoient vue sur le champ de Mars, pour être plus facilement apperçus par le peuple. Le Président de l’assemblée, après avoir dit haut le nom des prétendans, & exposé les motifs des uns & des autres, appeloit les Tribus aux suffrages, & celui qui en avoit le plus, étoit déclaré Magistrat.

☞ Le nouveau Magistrat remercioit rassemblée sur le champ, & montoit au Capitole, pour y faire sa prière aux Dieux. Cet ordre changea un peu sous les Empereurs. César ne laissa au peuple que le droit de nommer les Magistrats inférieurs, & se réserva celui de nommer au Consulat. Encore gêna-t-il beaucoup le peuple, dans l’élection des charges qu’il lui avoit accordées. Tibère, successeur d’Auguste, ôta le droit d’élection au peuple pour le donner au Sénat. Néron le rendit au peuple ; le Sénat s’en désista pour toujours, & se contenta de proclamer dans le champ de Mars ceux que le peuple avoit élus pour conserver par-là quelque chose de l’antiquité des Elections. Voyez au mot Brigue les autres particularités.

On a appelé aussi du tems de l’Empereur Gordien, & longtems après, Candidati, les soldats de la Garde de l’Empereur qui étoient choisis de toutes les Légions, & qui étoient fort considérés à la Cour. S. Augustin, Ausone & Claudien, en parlent. Dans la vie de S. Hilarion, ch 17, il est parlé d’un Candidat de l’Empereur Constance qui étoit possédé du démon, & que le S. délivra de la possession. Ammien, L.XXV, & Victor Tunnunensis, dans sa Chronica, font aussi mention des Candidats. Voyez encore les fastes de Sicile, Cedrenus, Rosweid. Onom. Cedrenus dit que ce fut Gordien le jeune qui les institua, aussi-bien que les Protecteurs & les Scholares. Les Scholares étoient choisis dans les troupes : c’étoient ceux qui savoient le mieux le métier de la guerre : les Candidats étoient tirés des Scholares ; c’étoient ceux qui étoient les plus vigoureux,