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CAM

dans la même signification. Denys d’Halycarnasse dit aussi, L. II, que les Etruriens & les Pélagiens appeloient Cadoles ceux que les Romains se son temps nommoient Camilles. Macrob, Liv. III, Saturn. c. 8. Festus, au mot Flaminius, Servius sur le 557e vers du Livre XI, de l’Eneide, Vossius Etymol. & De Idolol. Lib, II, ch. 57, p. 312, Vigenere sur Tite-Live, p. 974. Dans une médaille de Caligula en grand bronze, qui d’un côté représente la piété assise, qui tient de la main droite une patère, dont elle semble verser quelques chose, avec l’inscription. C. caesar aug. Germanicus pm. tr. pot. & au revers un sacrifice devant un Temple. Divo aug. la petite figure qui est à gauche derrière le Prêtre semble être le Camille du Sacrifice.

☞ CAMIN ou CAMMIN. Ville du cercle de la haute Saxe, en Allemagne, dans la Poméranie ultérieure, sur l’embouchure orientale de l’Oder.

☞ CAMINHA. Ville de Portugal, dans la province d’entre Duero & Monho, à l’embouchure de cette dernière.

CAMINI. s. m. En Espagnol, Kerva-Camini. C’est une herbe qui se recueille dans le Paraguay, Province de l’Amérique méridionale. Elle n’est différente de l’herbe qu’on appelle Paraguay, que parce qu’elle est mieux choisie. Voyez Paragay.

CAMINIEK. Voyez Kaminiek.

☞ CAMION. s. m. Terme d’Epinglier. C’est ainsi qu’on appelle une très-petite épingle, telle que celles dont on se sert pour attacher des toiles fines, des dentelles. Brevis ac tenuis acicula.

Camion, se dit aussi d’une espèce de petite charrette ou voiture qui est traînée par un cheval, ou par deux hommes, & qui sert à transporter des balots & marchandises. On s’en sert aussi pour traîner du vin & de la lie. Acetarii propolæ cisolium. Le mot de camion n’est guère connu à Paris, où on se sert plutôt du mot de haquet.

Camion. s. m. ou Rondelle. Nom que l’on donne à la plus petite bosse ou tête de ces chardons dont on se sert dans les Manufactures de lainerie.

CAMIRI. s. m. Fruit des Indes qui pèse environ une once, & diffère peu de la noisette, lorsqu’elle est dépouillée de sa coque verte extérieure : il est rude, plus large dans sa partie supérieure, & se terminant par en bas en une pointe émoussée. Sa coque est épaisse, & presque aussi dure qu’une pierre ; elle contient une amande blanche, qui a à peu près le goût d’une amande douce. Ray, cité par James.

☞ CAMIS. s. f. Idoles qu’adorent les Japonois & principalement les Bonzes ou Ministres de la secte de Xendus. Ces Idoles représentent les plus illustres Seigneurs du Japon, à qui les Bonzes font bâtir de magnifiques Temples, comme à des Dieux qu’ils invoquent, pour obtenir la santé du corps & la victoire sur leurs ennemis. Mor. qui cite Kirker.

CAMISA. s. m. C’est le nom qu’on donne à un morceau de toile de huit à dix pouces de large, sur quatre à cinq pouces de haut, dont les femmes Caraïbes cachent leur nudité, & qui est le seul vêtement qu’elles aient sur le corps, supposé même qu’on puisse donner ce nom au camisa. Les femmes brodent ordinairement leur camisa avec de petits grains de rassade de toutes couleurs, & elles ajoutent au bas une frange aussi de rassade d’envison trois pouce sde hauteur : ce qui rend le camisa carré. Les filles ne prennent le camisa qu’à l’âge de douze ans ou environ. Elles quittent pour lors une ceinture de grosse rassade qu’elles avoient portée jusques-là sur leurs reins, & y substituent le camisa : & dans ce temps-là on leur met au bas des jambes deux petits brodequins de coton ; qui y restent pendant toute leur vie. Quand les filles ont le camisa & les brodequins, on les sépare d’avec les garçons. Voyez le Pere Labat, Tom. II de ses Voyages.

CAMISADE. s. f. Terme de guerre. Attaque qu’on fait la nuit, ou vers la pointe du jour, pour surprendre l’ennemi. Nocturna, antelucana oppugnatio, irruptio. Ce mot de camisade n’est presque plus usité. Le Marquis de Pesciare, bien informé du nombre des troupes que Bayard avoit avec lui, résolut de lui donner une Camisade. Il sortit la nuit de Milan avec six à sept mille hommes de pied, & cinq cens gens-darmes, à qui il fit mettre une chemise pardessus leurs armes, afin que dans les ténèbres ils se reconnussent. C’est de cette manière de faire prendre aux soldats des chemises par-dessus leurs habits en de telles occasion, & qui étoit en ce temps assez à la mode, qu’est venu le nom de camisade. P. Daniel, dans François I. T. III. p. 147. On trouve dans des Auteurs anciens, dresser une camisade, une camisade heureuse, qui réussit bien.

CAMISARD, ARDE. s. m. & f. Calviniste rebelle des Cévennes ; Huguenot fanatique des Cévennes. Calvinianus è Cebennis, fanaticus ab rebellis. Les Calvinistes des Cévennes, qui trompés par les prétendues prophéties, ou plutôt par les impostures de Jurieu, & à ce que l’on a dit, par les artifices & les promesses du Prince d’Orange, s’imaginerent sottement, ou feignirent d’être Prophètes, & souleverent les Huguenots des Cévennes, formerent pendant la guerre de 1688, & des années suivantes une espèce de faction que l’on appela les Camisards. M. de Brueys & d’autres ont écrit la ridicule Histoire de ces Prophètes fanatiques, & de ces brigands, & les affreuses cruautés que les Camisards exercerent sur quelques Catholiques, principalement Prêtres & Religieux.

Un de nos Poëtes modernes comparé avec Pindare, est comme une sœur Camisarde comparée avec la Sibylle de Virgile : les convulsions, les grimaces à l’extérieur s’y trouvent, mais il n’y a rien de cette impulsion divine, qui élève l’esprit au-dessus de lui même, & lui fournit une éloquence plus qu’humaine. Spect.

Ce mot vient, ou de Camisade, attaque brusque & imprévue, parce que ces rebelles n’en faisoient que de cette sorte, en sortant subitement de leurs montagnes ; ou de camise, qui se fit dans ces Pays-là pour chemise ; & ils auroient été ainsi nommés, parce qu’ils manquoient de linge, & que c’étoit la chose qu’ils voloient plus volontiers ; ou bien parce qu’ils portoient des vestes de toile assez semblables à des chemises. Mais il paroît plus probable que ce nom vient de camis, qui signifie grands chemins, routes battues, que ces brigands infestoient. Ainsi Camisard signifie brigand, voleur de grand chemin.

CAMISOLE. s. f. C’est la même chose qu’une chemisette. Petit vêtement qu’on met la nuit, ou pendant le jour, entre la chemise & la veste, pour être plus chaudement. Il ne va d’ordinaire que jusqu’à la ceinture. Thorax interior. Il s’en fait de toile, de futaine, de coton, de ratine, de chamois, de soie, d’ouate, &c.

☞ CAMMNAH. Petite province de Guinée, sur la côte d’or.

☞ CAMMART. Ancienne ville d’Afrique, au Royaume de Tunis, à trois lieurs de Tunis, & assez près des ruines de l’ancienne Carthage.

CAMMARUM, Cammorum, ou Camarum. C’est une espèce de chevrette du genre des crabes. Dans l’Exegesis de Galien κάμμορον signifie un animal semblable à la chevrette, & un aconit qui a sa racine semblable à cet animal. Voyez le Dict. de James.

☞ CAMME. s. f. C’est ainsi qu’on appelle dans les grosses forges & dans plusieurs autres usines, des éminences pratiquées à la surface d’un arbre, qui tournant sur lui-même, par le moyen d’une grande roue & d’une chute d’eau, fait lever, ou des pilons ou des souflets auxquels on a pratiqué d’autres éminences que les Cammes rencontrent. Encyc.

CAMOIARD. s. m. Espèce d’étoffe faite de poil de chevre sauvage. Mén. Pannus è villo textus.

CAMOMILLE. s. f. Terme de Botanique. Chamæmelum. Plante ainsi appelée à cause que quelques-unes de ses espèces ont une odeur qui approche