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marchandise. Le sieur de Moni, qui a fait cette description des Calogères, ou Religieuses Grecques, après Allatius, ajoute en même temps qu’il a lu une relation manuscrite de Constantinople, où il n’est pas parlé si avantageusement d’elles. Les Calogères de Constantinople, dit l’Auteur de cette relation manuscrite, sont des veuves, dont quelques-unes ont eu plusieurs maris, & elles n’embrassent cette profession, que lorsqu’elles sont avancées en âge. Elles ne font point de vœux : toute leur fainteté consiste à prendre un voile noir sur leur tête & à dire qu’elles ne veulent plus se marier. La plupart demeurent en leurs maisons, où elles prennent le soin de leur ménage, & même de leurs parens. Cet Auteurt avoue néanmoins qu’il y en a quelques-unes qui vivent en communauté mais que celles-ci sont plus misérables que les premières ; que les unes & les autres vont par-tout où il leur plaît, & qu’enfin elles ont plus de liberté sous cet habit de Religieuses, qu’elles n’en avoient auparavant ; on pourroit ajouter encore à cela, que les Evêques défendent à leurs Prêtres, sous peine d’interdit, d’entrer dans les Monastères des Calogères.

CALPÉ. s. f. Une des montagnes appelées les colonnes d’Hercule.

☞ CALPURNIA. Nom de loix romaines. La première avoit été faite contre le péculat. Calpurnia repetundarum ; la seconde de ambitu ; une troisième Calpurnia militaris. Elles tiroient leur nom de leurs Auteurs.

☞ La famille Calpurnia étoit plébéienne, mais consulaire. Elle a produit plusieurs grands personnages.

CALQUABLE. adj. Vieux mot, qui signifie difficile à passer ; on l’a dit en parlant des rivières.

CALQUAS. s. m. Pharetra. Vieux mot, qui veut dire carquois.

☞ CALQUE. s. m. Poids de la dixième partie d’une obole.

CALQUER. v. a. Contre-tirer un dessein, le copier trait pour trait. Terme de Peintres & de Graveurs, qui se dit lorsqu’ils ont un dessein dont le revers est marqué de couleur rouge ou noire, & qu’ils en marquent & tracent les traits sur une planche vernissée, sur une muraille ou autre matière ; ce qui se fait en passant légèrement avec une pointe sur chaque trait du dessein qui laisse l’impression de la couleur qui est au dos sur la planche, ou le mur, &. Lineamenta graphio describere.

☞ CALQUÉ, ÉE, part. Dessein calqué. Estampe calquée, c’est-à-dire, contre-tirée, en passant une pointe sur les traits, afin qu’ils s’impriment sur un papier ou sur autre chose.

☞ CALQUERON. s. m. Partie du métier des étoffes de soie. C’est un linteau de quatre pieds de long, sur un pouce de large & autant d’épaisseur. Il sert à attacher les cordes qui répondent aux aleyrons pour faire jouer les lisses suivant le besoin, pour la fabrication de l’étoffe : on attache encore au calqueron les cordes ou estrivières, qui le sont aussi aux masches, pour donner le mouvement aux lisses. Encyc.

CALQUIER. adj. mas. ou subdantif. Les Atlas calquiers font des satins des Indes. Il y a aussi des taffetas des Indes qui portent ce nom. Calquier des Indes.

☞ CALSERY. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, au Royaume de Jamba, auprès de la source de la rivière de Gemené.

CATRY. s. m. Nom d’homme. Caletricus, Calactericus. S. Caltry naquit l’an 529 de famille noble ; à 27 ans il fut choisi par les suffrages communs du clergé & du peuple de Chartres, pour succéder à S. Lubin leur Evêque. Il assista au IIIe concile de Paris, en 557, & en 566 au IIe de Tours, & mourut l’année suivante 567.

CALVAGI. s. m. Terme de relation. Officier du Grand-Seigneur, tels que sont les Fruitiers dans la Maison du Roi, qui font les compotes, confitures & autres semblables mets de dessert. Vigenere. Il y a dans le Serrail dix Calvagis.

CALVAIRE. s. m. Petite montagne de la Terre-Sainte. Calvariæ mons ou locus. Le Calvaire étoit une petite montagne près des murs de Jerusalem, au nord, ou selon d’autres, au nord-est de cette ville. C’étoit le lieu où l’on exécutait les criminels, & où Jesus-Christ voulut souffrir la mort pour nous sur une croix. Constantin le Grand fit enfermer ce lieu, & le sépulcre de J. C. de murailles, & y fit bâtir une église magnifique, appelée le Saint Sépulcre, qui subsiste encore. Et ils arrivèrent ainsi au lieu qu’on appelle Golgotha ; c’est-à-dire, Calvaire. Bouh. Il y en a qui croient certaine tradition qui porte qu’Adam fut enterré sur le Calvaire, & qu’Abraham y conduisit son fils pour l’immoler.

Ce mot calvaire s’est formé du latin calvaria, qui signifie un crâne. Elle s’appeloit en hébreu nouveau, ou en Chaldéen & en Syriaque גלגלתא, Gulgulta, d’où se fit Golgotha, qui signifie la même chose que Calvaire. Ce nom lui fut donné, selon quelques Auteurs, parce qu’elle avoit la forme de la tête ou du crâne de l’homme ; & selon d’autres, parce qu’on y voioit les crânes de ceux qui avoient été mis à mort pour leurs crimes.

☞ Quelques-uns dérivent ce nom de calvus, chauve, parce que, dit-on, cette éminence à Jerusalem étoit nue & sans verdure : & c’est en effet ce que signifie le mot hébreu Golgotha, que les Interprètes Latins ont rendu par calvariæ locus.

En termes de spiritualité, on dit, aller au calvaire, monter au calvaire, pour dire, embrasser des pénitences, des mortifications, des afflictions, les chercher ; demeurer au calvaire, les supporter patiemment, les continuer ; être dans l’état d’affliction, de mortification, de souffrance.

L’Ordre de Notre-Dame du calvaire. Voyez Calvairienne.

Calvaire. s. m. En termes d’architecture, c’est une chapelle élevée sur un tertre, en mémoire du lieu où Jésus-Christ fut crucifié proche de Jérusalem. Calvaria.

CALVAIRIENNE. s. f. Religieuse de l’Ordre de Notre-Dame du Calvaire. Calvariana, Monialis a monte Calvaria dicta. Les Religieuses de Notre-Dame du Calvaire se vantent d’avoir eu pour fondatrice Antoinette d’Orléans, fille de Léonor d’Orléans, Duc de Longueville & de Marie de Bourbon, Comtesse de Saint Paul. Antoinette d’Orléans fut d’abord Religieuse Feuillantine, & ensuite de Fontevrault, & coadjutrice de l’Abbesse Eléonore de Bourbon sa tante ; mais au vrai leur fondateur, fut le P. Joseph le Clerc de Tremblay, Capucin, si célèbre dans l’histoire du Cardinal de Richelieu. Ce Pere, dans le cours de ses missions & de ses prédications, eut occasion de connoître la mere Antoinette d’Orléans, à laquelle il servit beaucoup pour la réforme de l’Ordre de Fontevrault ; mais voyant que toutes les Religieuses de Fontevrault n’étoient pas dans la disposition d’embrasser une réforme aussi austère que celle que la mere d’Orléans & lui vouloient introduire, il obtint du Pape une Bulle, qui permit à la mere Antoinette d’Orléans & à toutes les Religieuses zélées qui voudroient la suivre, de sortir de l’Ordre de Fontevrault, & d’établir un nouveau Monastère. Il le bâtit à Poitiers en 1614. Le Pape leur permit d’y pratiquer la règle de S. Benoit dans toute sa pureté. La Reine-Mere se déclara Protectrice du nouveau Monastère ; ce qui leva toutes les difficultés qu’on y faisoit, & la mère Antoinette d’Orléans y arriva le 25 Avril 1618. Le P. Joseph dressa des constitutions. Il obtint de Grégoire XIII une bulle qui érigeoit les Monastères de Paris, de Poitiers, d’Angers, & tous les autres fondés & à fonder par les Religieuses de la mere Antoinette d’Orléans, en congrégation de l’Ordre de S. Benoit, sous le titre de Notre-Dame du Calvaire. Ce qui fut confirmé