Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
CAL

en France. M. Thiers, Hist. des perruques.

Calotte. Terme d’Armurier. C’est ainsi que les Armuriers ou Arquebusiers nomment une petite plaque convexe de fer poli, qu’ils mettent au bout de la poignée du pistolet. Galerus ferreus.

Calotte. Terme de boutonnier. C’est ainsi qu’on appelle la pièce de Métal qui forme la couverture d’un bouton. Chez les fourbisseurs, c’est la partie de la garde d’une épée sur laquelle on applique le bouton au dessus du pommeau.

Calotte. Ce terme est employé par quelques Botanistes dans la description des parties de certains fruits, & dans celle des calices de certaines fleurs, parce que la figure de ces parties ou de ces calices approche de celle d’une calotte. Galericulus.

Calotte, en termes d’Architecture, est une portion de voûte sphérique ou sphéroïque, qu’on fait au milieu des voutes & platfonds pour les élever en cet endroit. Frezier.

Calotte. Terme d’horlogerie. C’est une espèce de boîte qui renferme le mouvement d’une montre, pour le garantir de la poussière.

Calotte Céphalique. Espèce de sachet rempli de médicamens propres à guérir les maux de tête, dont on faisoit autrefois usage. Dans les maux de tpete, on l’appliquoit sur cette partie.

Calotte. C’est le nom de la Confrérie des Fous, qu’on appelle le Régiment de la Calotte ; & Calotin est un Soldat ou un Officier de ce Régiment. Un transport Calotin, est un transport de folie. M. de Boissy, Scène 3 de la Comédie de la Critique, s’est servi de cette expression. Le cinquième tome du théâtre de la Foire commence par une pièce d’un Acte, intitulée Le Régiment de la Calotte, à la tête de laquelle est un Avertissement, où l’on dit que pour mettre au fait du Régiment de la Calotte ceux qui n’y sont pas, ils sauront que c’est un Régiment métaphysique, inventé par quelques esprits badins, qui s’en font fait eux-mêmes les principaux Officiers. Ils y enrôlent tous les particuliers, nobles & roturiers qui se distinguent par quelque folie marquée, ou quelque trait ridicule. Cet enrôlement se fait par des brevets en prose ou en vers, qu’on a soin de distribuer dans le monde. De Calotin, est venu Calotiniser, enrôler dans le Régiment de la Calotte. C’est un verbe employé dans la troisième scène, où Momus dit à un Avocat ; mais qu’avez-vous fait pour mériter l’honneur d’être calotinisé ?

Il a paru en 1725 un livre in-8o intitulé Mémoires pour servir à l’histoire de la Calotte. On y a inséré un grand nombre de satyres calomnieuses contre des personnes respectables par leur naissance & par leur mérite. Les Chefs du Régiment n’ayant jamais eu en vue qu’une critique badine des ridicules, qui ne porte ni sur les conditions, ni sur les mœurs, ont cru pour l’honneur du corps devoir s’élever contre un pareil attentat, & ont rendu un arrêt contre cette fausse édition des brevets & autres réglemens supposés. Cet arrêt, qui est en vers, a, de même que ce qui vient d’être dit, été imprimé dans le mercure d’Octobre 1726.

CALOTTIER. s. m. Marchand de calottes. Celui qui a le droit de faire & de vendre des calottes. Galericulorum opifex, propulo.

Calottier, se prend aussi pour un homme qui porte calotte. Tels ont été dépeints trois des principaux ligueurs dans l’exemple suivant : « Il se trouva aux Etats, de notables & signalés Officiers, qui ne cédoient rien en grandeur de barbe & de corsage aux anciens Pairs de France : & y en avoit trois pour le moins de bonne connoissance qui portoient calotte à la catholique, & un qui portoit grand chapeau, & rarement se défubloit : ce que les politiques détorquoient en mauvais sens, & disoient que les trois calottiers étoient tigneux & le grand chapeau avoir la tête comme le Poëte Æschylus : tellement que leur commun dire étoit qu’auxdits Etats n’y avoit que trois tigneux & un pelé. » 'Satyre Ménippée, in-8o, pages 1 & 2.

Calottier. s. m. Noyer, arbre qui porte les noix. Nux. Ce mot ne se dit que dans les campagnes.

CALOYER ou CALOGER, ERE. s. m. & f. Moine, Religieux (ou Religieuse) Grec, qui suit la règle de Saint Basile. Les Caloyers habitent particulièrement le mont Athos ; mais ils desservent presque toutes les Eglises d’Orient, dont ils sont la gloire & l’ornement. Ils font des vœux comme les Moines en Occident. Il n’a jamais été fait de réforme chez eux ; car ils gardent exactement leur premier institut, & ont conservé leur ancien vêtement. Ils menent un genre de vie fort austère & fort retirée ; ils ne mangent jamais de viande, & outre cela ils ont quatre Carêmes, & observent plusieurs autres jeûnes de l’Eglise Grecque, avec une extrême régularité. Ils ne mangent du pain qu’après l’avoir gagné par le travail de leurs mains. Dans la dernière nécessité ils n’obtiennent pas même dispense de manger du beurre, du poisson, des œufs & de l’huile. Il y en a qui ne mangent qu’une fois en trois jours, & d’autres deux fois en sept, pendant leur sept semaines de Carême. Ils passent la plus grande partie de la nuit à pleurer, & à gémir pour leurs péchés, & pour ceux des autres : on ne peut pas porter plus loin les obligations de la vie Monastique. Tavernier. Le nom se donne particulièrement aux Religieux qui sont vénérables par leur âge, par leur retraite, & par l’austérité de leur vie. Il y a à Athènes trois Monastères de Calogeres. La Guill. Il est bon de remarquer ici que quoiqu’en France on comprenne tous les Moines Grecs sous le nom de Caloyers, il n’en est pas de même en Grèce. Il n’y a que les freres qui s’appellent ainsi ; car pour ceux qui sont Prêtres ils se nomment Jétomonaches. Lettr. Edif. et Cur, Tom. X, p. 346, 347. Les Turcs donnent aussi quelquefois le nom de Caloyers à leurs Dervis, ou Religieux Turcs. Ce mot Caloger (car c’est ainsi qu’il le faut écrire, mais il faut prononcer Caloyer, les Grecs eux-mêmes le prononcent ainsi, ayant adouci le son du γ Grec, ou du G, non-seulement dans ce nom, mais généralement dans routes les dictions où il se trouve ;) ce mot dis-je, Caloger, ou Caloyer, vient du mot grec καλόγερος, & il tire son origine de καλὸς, & γέρων ; c’est-à-dire, bon vieillard. Les Moines Grecs, dit le P. Goar, s’appellent les uns les autres Caloger, qui est la même chose que καλοὺς γέροντας, bons vieillards, comme viellissans dans la vertu, in virtute consenescentes. Voyez sur les Caloyers le P. Helyot, T. I, c. 19, 20.

On appelle aussi Calogeres chez les Grecs de certaines Religieuses qui vivent en communauté. Elles suivent la règle de S. Basile, & sont renfermées dans des Monastères, ayant à la tête de leur Communauté une des plus sages Religieuses qui leur tient lieu d’Abbesse. Cependant ces Monastères de femmes dépendent toujours de quelque Abbé. Ces Religieuses portent toutes un même habit, qui est noir, & un manteau de même couleur ; cet habit est de laine simple. Elles ont les bras & les mains couvertes jusqu’au bout des doigts. Elles ont de plus la tête rasée ; & chacune a une cellule séparée, où il y a de quoi se loger. Celles qui sont les plus riches ont des servantes, & elles nourrissent même quelquefois de jeunes filles pour les élever à la piété. Après qu’elles se sont acquittées de leur devoir ordinaire, elles font des ouvrages à l’aiguille. Les Turcs qui ont quelque respect pour ces Religieuses viennent jusque dans le leurs Monastères pour acheter des ceintures de leur façon. Les Abbesses ouvrent volontiers les portes de leur Couvent aux Turcs qui viennent acheter le travail de ces bonnes filles, & retournent à leur appartement aussi-tôt qu’elles ont vendu leur