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CAL

☞ CALMANDE. s. f. Etoffe de laine lustrée d’un côté, comme le Satin. Il y a des Calmandes rayées ou unies, & des Calmandes à fleurs. On fait entrer dans ces dernières, de la soie ou du poil de çhèvre.

CALMANT. s. & adj. Terme de Médecine. Mitigans, sedans. ☞ On appelle calmans en Médecine les remèdes narcotiques ou soporatifs, tels que le laudanum.

☞ On le dit en général de tous les remèdes qui adoucissent les douleurs causées par des humeurs acres, ou par distention trop violente des parties, &c. Il faut donner des calmans à ce malade : il est substantif dans cette phrase. La jusquiame est un remède calmant ; le voici adjectif. M. Hecquet a fait un Livre intitulé : Réflexions sur l’usage de l’opium, des calmans, &c. des narcotiques pour la guérison des maladies. Les calmans sont les syrops de pavot blanc, de pavot rouge, le laudanum sec ou liquide, le philonium magnum, &c. Bouillet.

☞ CALMAR. Ville de Suède, dans la Province de Smaland, avec un Port de mer, sur la côte de la mer Baltique. Elle fut brûlée en 1647. On l’a depuis considérablement augmentée. Elle donne son nom, au détroit de Calmarsund, qui est entre cette Ville & l’île de Gotland.

Calmar. (Quelques-uns écrivent Calemar.) s. m. Étui, canon d’une écritoire portative, qui sert d’étui pour y mettre des plumes & un canif. Calamorumtheca. Ce mot n’est guère en usage qu’au Collège. Il vient de calamus, plume ; ou de calamarium, qui signifioit écritoire.

☞ Les Encyclopédistes définissent le Calmar, un vase de plomb ou de verre plein d’encre qu’on a placé au milieu d’une éponge mouillée, dans un plateau de fayance ou de bois. On donne encore, disent-ils, le nom de Calmar à un vaisseau de cristal, à peu près de la forme d’un alambic, excepté que le bec de celui-ci tend en bas, & celui-là en haut. On l’appelle communément cornet à lampe. Il semble pourtant que Calmar est un vieux mot qui a toujours signifié un étui où l’on met des plumes à écrire, & non un vase où l’on met l’encre.

CALMARE ou CORNET. s. m. Loligo, Poisson qui ressemble à la Sêçhe, ou qui en est une espèce, mais dont la chair est plus molle. Il a dans le ventre deux réservoirs ou canaux remplis d’une liqueur fort noire, dont on pourroit se servir au lieu d’encre. Ce Poisson se trouve ordinairement en pleine mer. Il vit de petits poissons, d’écrevisses, de langoustes de mer. Il est bon à manger. Il est stomacal, & propre à chasser les vents. Il répand autour de lui une liqueur si noire, qu’elle trouble toute l’eau, & qu’il se dérobe aux pêcheurs, ce qui lui a fait donner le nom Latin de Loligo, du Grec ὀλὸς, noir. On nomme encore ce poisson Tante.

☞ On distingue deux sortes de Calmars, le grand & le petit, qui est appelé Casseron. Il diffère de l’autre, en ce qu’il est plus petit, & que l’extrémité de son corp est plus pointue,

CALME. s. m. Cessation entière du vent, bonace. Tranquillitas maris. Ce que les Mariniers craignent le plus en pleine mer, c’est d’être pris du calme. Ils appellent calme, quand il n’y a point du tout de vent ; quand on ne sent pas la moindre haleine de vent ; en sorte que le vaisseau ne va plus qu’au gré de la mer. Malacia. Le calme est avantageux aux galères, & dangereux aux vaisseaux voiliers, Être pris du calme, c’est demeurer sans aucun vent, en sorte qu’on ne va plus qu’au gré du courant de la mer. Tomber dans le calme, c’est la même chose. Le calme succède à l’orage.

Ce mot selon Covarruvias, vient du grec, καῦμα, calor, chaleur. Quand il ne souffle point de vent, la chaleur est beaucoup plus grande.

Calme, pris dans un sens figuré & appliqué à l’ame, à l’Etat ou à quelque Société particulière, exprime une situation exempte de trouble & d’agitation, qui succède à une situation agitée, ou qui la précède.

☞ Le naot tranquillité, dit M, l’Abbé Girard, ne regarde précisément que la situation en elle-même, & dans le temps présent, indépendamment de toute relation : celui de paix regarde cette situation, par rapport aux dehors & aux ennemis qui pourroient y causer de l’altération : celui de calme la regarde, par rapport à l’événement, soit passé, soit futur.

☞ On a la tranquillité en soi-même, la paix avec les autres ; & le calme après l’agitation.

☞ Les gens inquiets n’ont point de tranquillité dans leur Domestique. Les Querelleurs ne sont guère en paix avec leurs voisins. Plus la passion a été orageuse, plus on goûte le calme. Le calme règne dans un esprit qui a une fois dompté les passions. La modération des personnes heureuses vient du calme que la bonne fortune a donné à leur humeur. Rochef. Un Solitaire qui ne connoît d’autres vicissitudes que le changement des saisons, jouit d’un calme profond que rien ne sauroit troubler. M. Scud. La vigueur de l’esprit se relâche, si la vertu s’endort dans le calme. Flech.

Peut-on s’accoutumer à ne sentir plus rien ?
Et pour les cœurs enfin le calme est-il un bien ?

Des Houl.

La discorde à l’aspect d’un çalme qui l’offense,
Fait sifler les serpens. Boil.

Sous un calme trompeur le monde a mille écueils. Théop.

Calme, est aussi adjectif, & a les mêmes significations au propre & au figuré. La mer est calme, quand il ne souffle aucun vent. L’été est une saison plus calme que l’automne. L’esprit est calme, quand il est dans une situation exempte de trouble & d’agitation, qu’aucun événement n’altère. La sédition est appaisée, tout est calme dans l’Etat. On dit dans le même sens, qu’un malade est calme ; pour dire, qu’il est sans agitation, sans douleur, après une crise, un accès de fièvre,

CALMER. v. a. Rendre calme, appaiser, modérer. Sedare, placare, tranquillare. Il se dit tant au propre qu’au figuré. Neptune calma les flots. Le Prince a calmé son Etat, il en a appaisé tous les troubles, il a trouvé le moyen de calmer les esprits. Ce Prince étoit en colère, mais il s’est calmé à la fin.

La haine entre les grands se calme rarement. Corn.

On dit neutralement sur la mer, il calme, pour exprimer que le vent s’abbaisse. Tranquillari, sedari, placari.

CALMÉ, ÉE. part.

CALMI. s. m. Sorte de toile peinte, qui se fabrique dans les Etats du Grand Mogol ; le négoce en est interdit en France.

CALMOUCKS ou CALMOUCS. Nom de peuple. Les Calmoucs sont des Tartares qui occupent le pays qui est entre le Mongul & le Volga jusqu’à Àstracan. Les Calmoucs n’ont point de villes ni d’habitations fixes ; ils ont des tentes de feutre fort propres & fort commodes, & sont toujours en course. Ils sont divisés en une infinité de hordes, qui ont chacune leur Kam particulier. Le P. Avril Jésuite en parle au IIIe Liv. de son Voyage de la Chine. On joint souvent le mot Tartare à celui de Calmouc, & l’on dit les Tartares Calmoucs, au lieu de dire les Calmoucs tout court. Les Calmoucs sont des monstres de nature. Quand on les regarde en face, on ne sait de quelle couleur est leur visage, ni où sont leurs yeux & leur nez. Mém. des Miss. du Lev. où l’on écrit une fois Kalmoucs, & plusieurs fois Kalmoues. Les Calmoucs sont robustes, bons soldats, mais les hommes les plus laids & les plus difformes qui doient sous le ciel : ils ont le visage plat & large, les yeux fort éloignés l’un de l’autre ; le peu qu’ils ont de nez