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les vergues de pactis. Funis antennarum erectivus. C’est aussi un petit palan dont on se sert pour rider le grand étai.

☞ CALECHAUBON. Cordage qui appuie les mâts des hunes & des perroquets sur lesquels il est capelé. Il est fixé par un bout sur les capmoutons par des rides ou cordes.

CALEBASSE. s. f. Terme de Botanique. Cucurbita lagenaria. Prononcez Calbace, plante cucurbitacée, dont la racine est blanche, branchue, & périt toutes les années. Elle jette plusieurs tiges tendres, grosses comme le petit doigt, anguleuses, longues de plusieurs brasses, couchées par terre lorsqu’elles ne trouvent point de corps voisins auxquels elles puissent s’entortiller & s’attacher par le moyen de leurs vrilles. Les feuilles sont alternes, arrondies, d’un demi-pied environ de diamètre, velues, mollasses, d’une odeur puante & tenant du musc, & soutenues par deux queues longues de cinq à six pouces. Ses fleurs sont blanches, grandes, d’une seule pièce, découpées profondément sur leurs branches en cinq parties. Ces fleurs sont ou stériles, ou fertiles : celles-ci ont à leur partie postérieure un embryon, qui leur sert de calice : il devient par la suite un fruit charnu fait en forme de bouteille ancienne, c’est-à-dire, formée par deux espèces de panse, dont l’inférieure est plus grosse que la supérieure, l’une grande, l’autre petite. La chair de ces fruits est blanchâtre, & contient six ordres de semences, oblongues, étroites, obtuses par un de leurs bouts. Ces semences sont du nombre de celles qu’on nomme semences froides. Il y a quelques Provinces où on appelle ces fruits des courles bouteilles ; mais ce mot n’est pas François. On appelle la calebasse une gourde.

☞ De la calebasse des îles d’Amérique, quand elle est dans sa maturité, on extrait une liqueur qu’on regarde comme spécifique contre les maux de poitrine. C’est ce qu’on appelle syrop de calebasse. On s’en sert aussi, comme de limonade, pour se rafraîchir. Voyez Calebassier.

Calebasse se prend le plus souvent pour le fruit qui est de différente grosseur, & qui étant bien desséché & vidé de ses semences, peut contenir du vin ou d’autres liqueurs, & servir aux voyageurs. Les Pélerins sont dépeints avec une calebasse attachée à leur bourdon, ou à leur côté. Il marchoit le bourdon à la main & la calebasse au côté. Bouhours. Les Pélerins, les soldats, se servent de calebasses pour porter du vin. Les calebasses servent pour apprendre à nager. Ce mot selon quelques-uns est Arabe.

On dit proverbialement, frauder la calebasse, illudere, fallere, pour dire, tromper son compagnon, boire ce qui est dans la calebasse en son absence.

Calebasse, en termes de jardinage, est une prune qui au lieu de grossir, & de conserver son vert, devient large & blanchâtre, & enfin tombe sans venir à maturité. La Quint. & Liger. Les Jardiniers disent, voilà des prunes qui viennent toutes en calebasse ; & on se sert de ce terme, à cause que pour lors elles en ont la figure. Liger.

CALEBASSIER. s. m. Cucurbitifera arbor Americana. Arbre qui croît à la hauteur de nos pommiers, & à-peu-près de la même grosseur ; son tronc est tortueux, couvert d’une écorce grise & raboteuse, divisé en plusieurs branches composées d’autres plus petites, chargées de feuilles pointues, longues d’un demi-pied sur un pouce de largeur, plus larges dans le milieu que par l’une ou l’autre de leurs extrémités, lisses, glabres, d’un vert clair en dessous, & plus obscur en dessus, & qui naissent comme par bouquets. Ses fleurs, qui sortent du tronc ou des branches, sont d’une seule pièce, blanchâtres, en forme de cloche, irrégulières, longues d’un pouce & demi sur un pouce de largeur, pointillées sur leur surface, & d’une odeur désagréable. Ses étamines sont blanches, & le calice de la fleur est verdâtre, à deux feuilles arrondies, du milieu desquelles s’élève un pistil qui devient un fruit semblable aux calebasses & au potiron, de différente figure & grosseur, composé d’une écorce dure & épaisse, d’une couleur blahchâtre, & de semences pareilles à celles du concombre, mais brunes. On nomme communément ce fruit couit ou calebasse. C’est de ce fruit qu’on extrait le syrop de calebasse. Il y a plusieurs espèces de callebassiers dans nos Iles d’Amérique. Maigr. Du Tertre, Rochefort, Plumier.

Cet Arbre fournit la plus grande partie des petits meubles du ménage des Indiens, & des habitans étrangers, qui font leur demeure en ces Iles. Les Chasseurs des Iles se servent de son fruit pour étancher leur soif, au besoin, & ils disent qu’il a le goût du vin cuit ; mais qu’il resserre trop le ventre. Les Indiens polissent l’écorce & leémaillens si agréablement avec du roucou, de l’indigo & plusieurs autres belles couleurs, que les délicats peuvent manger & boire sans dégoût dans les vaisseaux qu’ils en forment. Il y a aussi des curieux qui ne les estiment pas indignes de tenir place entre les rareté de leurs cabinets.

CALEBOTIN ou CALBOTIN. s. m. Espèce de petit panier sans anse, en forme de picottin ; ou un cul de chapeau où les Cordonniers mettent le fil & les alênes. Quafillus sutorius.

CALÈCHE. s. f. Petit carrosse coupé, qui a d’ordinaire plusieurs ornemens. Rheda minor, pilentum. Il sert aux jeunes hommes qui veulent marcher en parade. Ainsi Molière a dit dans les Fâcheux :

Marquis, allons au cours faire voir ma calèche.
Elle est bien entendue, & c.

On appelle aussi calèche, une sorte de carrosse léger, entouré de mantelets, & dont on se sert pour se promener dans les jardins.

CALEÇON. Quelques-uns disent Calçon, d’autres Caneçon, mais ces derniers parlent mal. C’est un vêtement qui couvre les cuisses, qu’on attache à la ceinture, & qu’on met sur la chair nue, enfermant néanmoins dedans le bas de la chemise. Interiora seminalia, interius subligar, subligaculum. Il est ordinairement de toile mais on en fait aussi de chamois, de taffetas, &c. Il se faut garder des femmes qui portent le caleçon ; c’est à-dire, qui dominent leurs maris.

On dit aussi des caleçons au pluriel, quoiqu’il n’y ait qu’un simple caleçon.

Ce mot est tiré du Latin calceare.

CALEÇONIER. s. m. Ouvrier qui fait des caleçons. On le dit plus particulièrement de celui qui fait des caleçons de chamois. Les maîtres Boursiers prennent cette qualité dans leurs Statuts.

CALÉDONIEN, ENNE. s. Calédonius, a. Les Historiens Romains Dion-Cassius & Hérodien, divisent les Ecossois en deux nations principales, à la première desquelles ils donnent le nom de Méates, & à la seconde celui de Calédoniens. Quelques Modernes croient que ce sont les mêmes que les Historiens du pays nomment Pictes. Les Calédoniens habitoient la partie Septentrionale de l’Ecosse. Il y avoit une vaste forêt appellée Caledonia silva, fameuse par la grandeur des ours qu’elle nourrissoit.

Cambden dérive ce mot de Kaled, ancien nom Breton, qui signifie dur, & qui vient de & גלד, galad, qui signifie s’endurcir, en Hébreu, en Syriaque, & en Arabe. Lloyd approuve cette étymologie. Les Calédoniens étoient des gens durs, grossiers, barbares ; & leur pays, qu’on appeloit Caledonia, est tout hérissé de montagnes. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui les Provinces de Brai, d’Albain, d’Athol & de Perth. Ils s’étenditent ensuite au-delà du Tay, & donnerent aussi le nom de Calédonie à ces nouvelles terres qu’ils occupèrent.