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grise ou rousse, avec une croute raboteuse par-dessus. Il y en a qui étant cassées, représentent des figures informes, des têtes & des parties d’animaux.

☞ Le Silex qui est blanc & transparent, & de la nature de la corne, se nomme pyrimachus. S’il n’est propre qu’à faire du feu, c’est un pyrite. Quand il noircit en formant des veines argentées, il prend le nom d’argiromelanos.

☞ Les cailloux des vignes, ainsi que ceux qui frottés les uns contre les autres, ne font point de feu, ne sont presque d’aucune usage.

Il est rapporté dans les nouvelles Littéraires de la mer Baltique qu’il y avoit à Helmstad un homme qui avoit le secret d’amollir les cailloux les plus durs, & d’y imprimer comme sur la cire les figures qu’il vouloit ; qu’il s’étoit souvent servi de son secret en temps de guerre, pour enfermer son argent dans des pierres, auxquelles il rendoit ensuite leur première dureté.

Eau de Caillou. On appelle eau de Caillou, une certaine eau forte préparée, dont il est parié dans le Journal des Savans de 1677, & sur laquelle on voit végéter les métaux, comme un arbre qui croît à vue d’œeil,& s’étend en plusieurs branches dans toute la hauteur de l’eau. Rhodes Canasse, Chymiste Grec, est l’inventeur de ce secret.

CAILLOUTAGE. s. m. Scruporum acervus. Ouvrage de cailloux ramassés. Faire une grotte de cailloutage.

CAIAIACAM ou CAINACAN. s. m. Nom de dignité dans l’Empire Ottoman. Il y a deux Caimacans ; l’un qui est toujours proche la personne du grand Visir, & l’autre qui réside toujours à Constantinople, & qui en est comme le Gouverneur. Il n’y a d’ordinaire que trois Caimacans dans l’Empire ; il y en a quelquefois moins. Celui qui n’abandonne jamais Constantinople, examine toutes les affaires de Police, & les règle en partie. Il y en a un autre qui ne quitte jamais le Grand Seigneur, & si le Visir est éloigné, il y en a aussi un auprès de lui ; mais la fonction du dernier demeure suspendue quand le Visir est auprès du Sultan. Le Caimacam du Visir est comme son Secrétaire d’Etat, & le premier Ministre de son Conseil. La Guill.

Le Caïmacam fait la charge de premier Visir à Constantinople, durant l’absence du Grand Seigneur. Du Loir, p. 201. Il écrit Caymacan. Il faudroit écrire Caimmacam, selon l’étymologie ; car ce mot est composé de deux mots Arabes, qui sont Caim-macam ; celui qui tient la place d’un autre, qui s’acquitte de la fonction d’un autre.

CAIMACANIS. s. m. Sorte de toiles fines, dont il se fait un grand commerce à Smyrne : elles sont du nombre des Cambrasines de Bengale.

CAIMAN espèce de Crocodile. C’est aussi le nom d’une pierre qui se trouve dans l’estomac de ces animaux, que les Indiens & les Espagnols regardent comme un remède assuré contre la fièvre quarte, en l’appliquant à chaque tempe.

CAIMAND, ANDE. s. m. & f. Mendiant qui gueuse par fainéantise. Mendicus. Il est peu usité, si ce n’est parmi le peuple.

CAIMANDER. v. n. Gueuser, mendier. Mendicare. Cet homme n’a d’autre métier que de caimander. Ménage. Il se dit aussi en parlant de toutes les choses qu’on va demander de porte en porte, comme des sollicitations, des emplois, des repas, &c. Et alors il est actif. Caimander des recommandations, les suffrages ; dans cette acception il est figuré. Quelques-uns dérivent ce mot par métathèse de mendicare, signifiant la même chose. Il est du style familier, même bas.

CAIMANDEUR, EUSE. s. m. & f. signifie la même chose, que Caimand, & n’est pas plus noble.

CAIN-CAHA. Voyez Cahin-caha.

CAINITE. s. m. & f. Nom de secte. Cainita. Prononcez Caïnite en quatre syllabes. Voyez Caianien.

CAJOLER. Vieux v. n. qui signifioit proprement babiller, causer. Garrire. Il s’est dit originairement au propre des enfans qui apprennent à parler. Les peres prennent plaisir à entendre leurs enfans quand ils cajolent.

Ce mot vient apparemment de cage, qui est le lieu où on apprend a parler aux oiseaux.

Cajoler, v. a. Signifie maintenant, dire des douceurs, des paroles honnêtes & obligeantes, flater, louer, entretenir quelqu’un de choses qui lui plaisent & qui le touchent. Blandiri alicui, blando sermone delinire, lenociniis aliquem permulcere. Cajoler quelqu’un sur la science, sur le bel esprit, sur sa bravoure, sur ses belles actions. Elle aime qu’on la cajole sur sa beauté, sur ses ajustemens, sur sa bonne grace en tout ce qu’elle fait. Aimer à être cajolé par les louanges. Ablanc. Les hommes se cajolent mutuellement pour se faire rendre leurs éloges avec usure. Id.

Cajoler signifie aussi, caresser quelqu’un, afin d’attraper de lui quelque chose à force de flateries. Palpare ou palpari. Il a si bien cajolé ce vieillard, qu’il est devenu son héritier. On a beau cajoler un avare, on n’en peut rien arracher. Il faut beaucoup d’art & d’adresse d’esprit pour cajoler un riche, & pour gagner ses bonnes grâces. Ablanc. Ah ! que celui-là avoit d’esprit, qui a comparé le flateur à un Renard, qui cajole le corbeau, pour avoir son fromage ! Royaumont.

Cajoler se dit plus particulièrement à l’égard des femmes & des filles, qu’on tâche de séduire par de belles paroles ; & à force de leur dire des douceurs & des flateries. Procari. Le foible des femmes, c’est d’aimer qu’on les cajole.

Voir cajoler sa femme, & n’en témoigner rien
Se pratique aujourd’hui par force gens de bien. Mol.

Ce verbe dans toutes ces acceptions n’est que du style de conversation.

Cajoler un vaisseau, c’est en termes de Marine, le mener contre le vent dans le courant d’une rivière. Adverso vento prostuentem decurrere. On se sert aussi de ce terme pour dire faire de petites bordées, ou attendre sans voile, en faisant peu de route.

Cajoler, v. n. Terme de Fauconnerie, qui se dit du cri des geais. Faultrier. Quelques-uns écrivent Cageoler, mais cajoler vaut mieux.

CAJOLÉ, ÉE. part.

CAJOLERIE. s. f. Flateries pour gagner l’amitié de quelqu’un, & en obtenir ce qu’on désire. Blanditiæ. Il se dit particulièrement du langage flateur dont on se sert pour tâcher de séduire une femme ou une fille. Une fille doit craindre toutes les cajoleries des hommes.

☞ CAJOLEUR, EUSE. s. m. & f. Celui ou celle qui cajole ; celui qui donne des louanges où il y a quelque affectation, & qui sentent la flaterie, ou qui cherche à séduire une femme ou une fille par de belles paroles. Blandidicus, blandiloquus, blandulus. Vous n’êtes qu’un cajoleur.

Cajoler, Cajolerie. Cajoleur ne peuvent entrer que dans la conversation familière.

CAIOU. s. m. Espèce de noix qui vient du Brésil. On dit Acajou, & non pas cajou. Voyez Acajou.

☞ CAIPHE, ou CAIPHAS, surnommé Joseph, grand sacrificateur des Juifs qui condamna le Sauveur à mort. Lorsque les Juifs tinrent conseil pour faire mourir Jesus-Christ, Caiphe prophétisa qu’il étoit expédient qu’un homme mourût pour conserver la nation. Quelque temps après, sous l’empire de Tibère, Vitellius lui ôta sa dignité qu’il avoit conservée près de neuf ans. On prétend qu’il en mourut de chagrin.

CAIQUE. s. m. Terme de relation & de Marine. Esquif, petit bâtiment chez les Turcs. Cymba. C’est le Bostangi-Bachi qui gouverne le timon du Caïque du Grand Seigneur, quand il va sur mer. Du Loir. p. 96. 97. Voyez Caic.

CAIRE. s. f. Vieux mot, qui signifioit Visage. Quand